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Tales of Symphonia for ever
23 mars 2008

Introduction - par Ange de Cristal

titre

(Précision par Ange-qui-a-accès-au-panneau-d'admin-du-blog XD : Ceci est ma première fic, commencée y'a un peu plus d'un an et reprise juste d'aujourd'hui, donc vous étonnez pas si le style d'écriture change entre les deux premiers chapitres et la suite ! ^^" Bref, soyez indulgents ! :p Illustrations by Moi XD)

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Cette histoire se passe 1000 ans après l'époque ToS que l'on connait. Les élus n'étaient plus que légende presque oubliée, mais ils ont dû revenir, suite à un nouveau déclin. Le monde n’est plus réunifié et tout recommence… Les Désians ont reprit leurs activités, encore plus terribles que jamais. Les fermes humaines se sont multipliées et le chaos recommence à régner. Seuls deux des héros de la légende sont encore en vie pour y assister, mais ils ne peuvent hélas plus faire grand chose suite à l'importante pénurie de Mana. Raine et Génis sont en effet de grands mages Demi Elfes, mais ils ne peuvent que compter sur les deux nouvelles élues de Sylvarant et Tesséha'lla.


Celle du premier monde, Ewina, est une jeune ninja du peuple de Mizuho, partie s'installer suite à la dernière régénération du monde à Sylvarant. Agée de 18 ans, elle a de longs cheveux noirs comme nuits et de beaux yeux violets. Ange, elle, est l'élue de Tesséha'lla. Elfe venant d'Heimdell, atteignant ses 19 ans, c'est une belle jeune fille dont les parents sont les meilleurs éleveurs de chevaux elfiques. Cheveux blonds comme le soleil avec deux mèches bleues comme le saphir, deux yeux couleur d'azure, cette magnifique créature est également entourée des plus grands mystères. En effet, pourquoi arrive t’elle à utiliser un pouvoir magique surpuissant alors que le Mana n'est même pas capable de fournir l'énergie nécessaire aux sorts de premier niveau ? Néanmoins, de grands pouvoirs impliquent souvent des choses en retour, bien moins agréables, telles un lourd fardeau que personne ne connaît...


Les deux élues sont amies depuis leur plus tendre enfance, et luttent du mieux qu'elles peuvent contre les Désians. Elles sont les seules à pouvoir puiser la source de Mana pour leur magie, et, on ignore toujours comment elles s'y prennent. Elles sont désormais le seul espoir de l'ancien monde de paix, plongeant peu à peu dans les ténèbres...

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24 février 2008

Chapitre 02: Le début du cauchemar - par Angel Mythria

Evangel resta dans les pommes pendant moment mais elle entendit tout ce qui se passé :
« Nous avons passé la porte sans encombre, mais elle s’est évanouie à ce moment là.
- Sa doit être à cause de mana. Elle n’a pas l’habitude. Dans son monde il y en a pas une seule goutte. Il vaut mieux la laisser se reposer. Un voyage entre deux mondes ce n’est pas tous les jours.
- Au faite c’est quoi le cosplay ?
- Je ne sais pas. Peut-être une tradition. »

Evangel se réveilla en sur saut. Tout autour d’elle lui était familier. Mais elle ne se rappelait pas elle chercha dans sa mémoire où elle bien put voir cette chambre. Elle chercha et finit par trouver :
« Je suis dans la base des Renégats!!! Mais comment … ?
- Tu es enfin réveiller, Evangel. Ne temps fait pas je ne vais pas te tuer. »

Elle dévisagea l’homme qui était devant elle. Il avait les cheveux bleus, et assez long, ces yeux étaient verts, il avait une cape de couleur bleue a l’extérieure et rouge à l’intérieure. Elle le reconnu mais ceux-ci ne pouvait être qu’un rêve :
« Yu… Yu… Yuan!!!
- Hum… Tu es bien celle qu’on cherchait. »
- Cherchait ? !
- Dans ton monde nous somme une création, mais je te promets que tu es belle et bien à Tésséha’lla.
- Sur quoi promettez-vous ceux-là ? ! ! »

Yuan regarda une bague. Qui se trouver sur sa main droite. Evangel compris tout de suite :
« C’est bon je vous crois…
- … ? , Yuan fut surpris qu’elle lui fasse aussi facilement confiance.
- La bague que vous portez à la main droite c’est la bague de fiançaille de Martel. Moi aussi j’aurais promis sur une chose aussi importante, elle disait ça la tête baiser sans regarder Yuan. Pourrais-je savoir pourquoi je suis ici ?
- Tu es bien la conteuse, dit Yuan à voix baisse. On raconte dans un des textes elfique que un humain d’un monde différent connaîtra notre histoire et bien plus…
- Et ma présence ici ?
- Que sais-tu sur Sylvarant et Tésséha’lla ?
- Ehh… que Sylvarant et Tésséha’lla faisait qu’un mais Mithos, Kratos et vous avez dû le séparer en deux après la mort de Martel. Et que le fils de Kratos, Lloyd, réunit les deux monde pour faire disparaître la dispute de mana et sauver Colette en quelque sorte…
- Ceux-ci est une fin bien heureuse… Mais Sylvarant et Tésséha’lla sont toujours séparer.
- C’est sûr. Si vous laissez pas Lloyd tranquille c’est normal que…
- Lloyd Irving est mort en tentant de battre Mithos, il disait ça sur un ton tellement grave que Evangel ne put croire.
- C’est… pas… vrai. Raine, Génis, Shenna, et les autres ils ne sont pas morts ! ! ! !
- Justement, si. Colette est morte quelques jours après que Martel pris possession de son corps. Préséa, Génis, Raine, Sheena sont mort en même temps que Lloyd.
- Kratos ne l’a pas vengé ! ?
- Non, il reste sous les ordres de Mithos. Mais son état m’inquiète.
- Alors Zélos aussi est mort, dit-elle d’un voix remplis de sanglot. »

Yuan ne répondit pas car un garde venait faire son rapport. Evangel était assise au bord du lit. Des larmes remplis ces yeux. Yuan fut inquiet, il donna des ordres d’une extrême violence :
« Comment on t-il pu savoir ça ? Vous alliez les ralentir pour couvrir notre fuite. »
Il s ‘approcha de Evangel en courant quand la porte explosa. Des désians entra dans la pièce et métrisa tous les Renégats présents. Evangel c’était relevé entre temps. Son regard avait changé d’expression, ces larmes avaient disparut. Yuan était devant elle. Il sorti son arme. Puis une silhouette d’homme apparut dans l’épaisse fumer. Il dit d’un ton amuser :
« Au final tu l’as trouvée Yuan. Pas mal mais Ygddrasil ne veux pas de bâton dans les roues.
- Cette voix c’est…, à l’écoute de cette voix Evangel fût surprise. 
- Tu pensais voir Pronyma ! ! ! Désoler mais comme elle s’occupe de chose plus importante, depuis qu’elle est montée en grade, il a envoyé son laquais préféré. N’es pas ? , s’adressa Yuan à la voix.
- Pauvre de moi, tu me traites de laquais. Mais c’est vrai Dame Pronyma à autre chose à faire. Et je crois que je suis le plus qualifié pour escorte les jolies demoiselles. »

Evangel était soulagé et en même temps triste. Elle pensa à se personnage de Tales of Symphonia. Elle passé son temps à en parlais sous le surnom de « l’enfant d’ange ». Beaucoup le voir comme un pervers et certain savent la véritable raison. C’était le personnage le plus mystérieux de ce jeu Zélos Wilder.

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11 février 2008

Chapitre 01: Prologue - par Angel Mythria

Note:
En gras figure le récit;
Entre *, figurent les pensées des personnages.

Vous connaissez l’histoire de Tales of Symphonia. Beaucoup la connaisse même certain raconte le passé et l’avenir de Lloyd et son groupe. Mais mon histoire est différente. Qu’es qui serais passé si la mission de Lloyd avait échouer ? Si Mithos avait gagne son combat ? C’est ce que je vais vous raconter.

Notre histoire commence sur cette planet que vous appelez Terre. Dans cet endroit que vous appelez Lycée. Dans une classe de 2°. Une jeune fille regardait le ciel. Elle le regardait le ciel tous les jours. Cette fille s’appelait Evangel. Ces parents aimés les noms d’origine étrangère. Elle avait les cheveux mi-long de couleur châtiants claire, les yeux marrons avec un peu de vert, elle avait un poids et une taille correct pour une fille de son âge, elle porté un collier qui avait une forme de rond couper en deux, c’était un symbole que votre monde connaît, le Yin et Yang. Elle regardait ce ciel en espérant voir quelque chose d’inhabituel. Mais comme chaque jours il n’y a rien d’étrange dans ce ciel. Ceci n’avait pas t’importante, perdu dans ces pensées elle rêve de Sylvarant et Tésséha’lla. Un monde qui ressemble au votre.

Le maître, si c’est comme ça que vous l’appelez, s’approcha d’elle est dit d’une voix énervée :

« Mademoiselle McDowel ! ! ! Arrêté de regarder le ciel et aller plutôt calculer c’était équation ! ! ! Tout de suite ! ! ! ! »

Evangel se leva et alla calculer l’opération posée par le maître. Elle pris l’a craie. Et réfléchi :

*Cette impertinente de McDowel va en prend pour son grade. Si elle se trompe sur se calcule, je vais…*

« J’ai fini monsieur Arakamoto.

- Bien retourner à votre… place… »

*Se calcule juste. Mais impossible qu’elle soit résolue en si peut de temps. C’est un calcule de niveau supérieur. Elle n’est quand 2°. *

En retourna à sa place elle lança la craie par-dessus son épaule qui tomba tout juste dans la boîte à craie.

Le maître surprit par la vitesse et l’exactitude de l’opération resta sans voix. La sonnerie retendit dans la classe. Les élèves rangeaient leur affaire et sorti de la classe en laissant le maître devant le tableau.

Rentrant chez elle, Evangel marchait la tête lever vers le ciel. Elle rentrait seul. Elle n’avait pas d’amis, car elle préférée ces rêves à la réalité. Pour elle ce monde n’avait plus espoirs. Les adolescents de son âge ne cherche pas savoir que signifie le véritable sens du mot amour. Ils rentraient dans le troupeau comme tout les autres. Mais Evangel veux s’éloigner de ce troupeau.

Sur son chemin elle vit deux personne vêtu d’une cape mais elle remarqua un vêtement qui lui était pas inconnu. Elle se mit devant les deux hommes et dit :

« Mardi gras est passé se n’est pas la peine de vous déguiser en Désians. Le cosplay est nul.  »

Elle parti et continua son chemin. Qu’elle fut assez loin les deux hommes parla à une montre très étrange :

«  Maître Yuan ! ! ! Nous l’avons trouvé.

- Bien vous pouvez le début de l’opération. Mais ramener là vivante. »

De son côté, Evangel vit un groupe de filles. Se groupe de filles était celle qu’elle détestait le plus au monde. Elle passa en attendant leur insulte habituelle. Mais rien se fit, étonner Evangel alla les voir et remarqua qu’elles étaient figées. Elle ne comprit pas sur le moment et regarda autour d’elle, un oiseau qui était suspendu dans le ciel, une cycliste n’avancer pas, une fleuriste donnais un pot de fleur, … . Le temps c’était figé, rien ne bouger et ne tomber, elle était seule à bouger. Elle se mis paniqué.

Les désians de tout à l’heure l’avaient rattrapé :

«  Qui êtes-vous ? »

Ils ne répondirent pas. Ils foncèrent sur elle et l’attrapa. Elle n’essaya de se débattre. Un désians fit apparaît un trou dimensionnel et ils passèrent tout trois dedans. Evangel tomba dans les pommes à ce moment là.

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11 février 2008

Chapitre 06: Le traître de Mizuho

Il faisait chaud sous le soleil du désert. Yuan marchait depuis des heures dans la vaste étendue de sable. Depuis qu’il avait quitté Meltokio, il avait parcouru beaucoup de chemins, notamment  dans la région de Sylvarant et comme il s’en était douté, celle-ci avait été plus touché que Tesseha’lla par les attaques imputées aux demi-elfes. Il avait rencontré à maintes reprises des soldats de la garde de la cité royale, venus prêter main forte. Cependant, il avait relevé un fait curieux : ceux-ci ne semblaient pas protéger les villes d’éventuels assauts. Leurs campements étaient en effet trop éloignés des habitations pour leur permettre d’intervenir en cas de danger immédiat.
Yuan, intrigué, s’était dit qu’une petite enquête s’imposait. Il voulait savoir ce qu’il y avait derrière tout ça. Pourquoi dépêcher toute une armée qui, au final, ne servait à rien ? Il avait justement aperçu un de ces campements en plein milieu du désert, assez loin de la ville de Triet. Pour être sûr de ne pas se faire repérer, il décida qu’il était plus sage d’attendre le crépuscule et surveilla de loin leurs étranges activités. Au fur et à mesure que les heures défilaient, des hommes, par groupe de trois ou quatre, revenaient par des directions différentes à leur camp. Ce que Yuan ne comprenait pas, c’était que les soldats étaient équipés de pelles. « Il y a plus performant comme armes » pensa-t-il avec une pointe d’humour.
Quand la nuit tomba enfin, il s’infiltra prudemment à proximité d’un groupe de soldats. Ceux-ci montaient la garde près d’une tente quand un de leur supérieur vint leur donner des ordres.
« Demain on plie le camp, il n’y a rien ici.
- Oui, chef ! »
L’homme partit et Yuan put entendre les soldats discuter entre eux.
- Tant mieux ! soupira l’un des soldats, j’en ai plus que marre de ratisser le coin pour trouver je ne sais quoi. J’ai pas signé pour creuser des trous dans le sable, moi !
Les autres approuvèrent.
« Je pensais qu’on allait capturer des demi-elfes, tu parles !
- Il faut dire que les prisons sont déjà pleines, fit un autre soldat fataliste. Bientôt on va être réquisitionné pour en construire d’autres ! »
Des prisons! Yuan était de plus en plus intrigué, mais il comprenait à présent pourquoi il n’avait pas croisé un seul demi-elfe depuis un moment. Ceux qui n’avaient pas été capturés devaient se cacher quelque part. Mais pourquoi le gouvernement avait tenu cette information secrète ? C’était plutôt insensé, le roi aurait dû la rendre publique afin de rassurer la population ! Pourtant ce n’était pas le cas.
Il quitta le campement tout en prenant garde de ne pas se faire remarquer, ce n’était vraiment pas le moment. Il devait informer Zélos et vite !
Sur le chemin du retour, Yuan essaya de mettre en relation les informations qu’ils avaient, mais rien ne semblait logique. Il savait que le roi avait l’ambition de soumettre Sylvarant à son autorité : il lui suffisait d’accuser les demi-elfes des attaques et d’en d’organiser quelques une dans sa région afin de ne pas éveiller les soupçons. Enfin, il portait secours à son voisin totalement démuni. Ainsi, il passait pour le grand sauveur et montrait que Sylvarant, moins avancé au niveau technologique et surtout militaire, ne pouvait se passer de lui. Mais alors pourquoi ces soldats étaient ici au lieu de secourir la population ? Et surtout, que recherchaient-ils ?
Il lui semblait plus que probable qu’une personne agissait dans l’ombre. Malgré ses défauts le roi n’aurait jamais mis un tel plan à exécution. Il n’aurait pas mis en danger la vie de ces concitoyens juste pour assouvir ces ambitions politiques. Quelqu’un l’y avait poussé ou forcé, et cette personne avait un tout autre but que le roi.
La nuit était noire, mais Yuan décida de continuer sa route pour arriver le plus rapidement possible à Triet afin d’y récupérer son ptéroplan. Il devait rejoindre Meltokio dans les plus bref délais et mettre Zélos au courant de ces nouvelles informations. Il n’aimait pas ce qu’il venait d’apprendre. Encore une fois les demi-elfes faisaient les frais de gens peu scrupuleux.
Alors qu’il approchait de la ville, une étrange lueur provenant de l’est attira son attention. Yuan hésita un instant, regardant cette nitescence qui embrasait l’horizon. Il ne savait pas exactement sur quoi il allait tomber là bas, mais sachant que des vies étaient peut-être en danger, il s’élança finalement en direction de cet incendie.
Quand il arriva, il n’y avait plus rien à faire. Il ne put que constater le spectacle de désolation qui s’étendait devant lui. Le village, totalement dévasté par les flammes, n’était plus que débris. Certaines maisons brûlaient encore laissant s’échapper une épaisse fumée noire. Quelques survivants s’étaient regroupés à l’écart du sinistre. Apparemment, d’après ce qu’il comprit, ils avaient été attaqué la veille, mais aucuns de ces gens ne voulut lui en dire plus. Ils se méfiaient de lui et il les comprenait. Voulant tout de même se rendre utile, il s’aventura alors dans ce qui restait de la petite ville à la recherche de potentiels blessés. Des corps jonchaient les rues, il semblait ne plus y avoir de survivants. C’est alors qu’il aperçut un homme allongé par terre. Celui-ci émettait de faibles gémissements de douleur. L’homme était à moitié mort au milieu des décombres encore brûlants. Comprenant qu’il ne pourrait rien pour le sauver, il s’agenouilla auprès de lui. Mourir seul, dans la souffrance était ce qu’un homme redoutait le plus. Yuan lui demanda ce qui était arrivé et ce que l’homme lui raconta, la voix faible, le médusa. Un homme, un seul homme, avait réussit à décimer presque tout un village.
- Cet homme…, lui dit-il, il est…vraiment…dangereux.
L’homme lui agrippa soudain le bras. Sa fin était proche.
- Il…un…ninja…souffla-t-il.
Il murmura autre chose avant de s’éteindre, mais Yuan ne le comprit pas. Il resta de longues minutes devant la dépouille de l’homme. Il réfléchissait, mais ne trouvait pas de cohérence avec ce qu’il savait déjà. Après avoir enterré le corps, il prit une décision. Sa prochaine étape serait le village de Mizuho.

A Meltokio, quelques heures plus tôt, Sheena, elle aussi avait pris une décision. Assise sous la douche, l’eau se mêlant à ses larmes, elle se remémorait les instants qu’elle avait passés avec ses amis. Elle ne voulait pas partir. Elle aurait aimé rester ici seulement elle ne pouvait pas. Cela lui déchirait le cœur.
Quand elle sortit de la douche, elle s’enroula dans un peignoir qu’elle noua autour de sa taille. D’une main, elle enleva la buée qui s’était fixée sur le miroir et regarda son reflet quelques instants. Ses yeux étaient gonflés et rougis par ses pleurs. Elle se sentait vraiment idiote comme ça, se lamenter n’allait pas changer la situation. Tout en peignant ses cheveux humides, elle réfléchissait à un plan d’action. La fenêtre de la salle de bain, située à l’étage, était ouverte. Bien sûr elle avait tiré les rideaux pour éviter que Zélos ne soit tenté de la déranger, et de dehors elle entendait les rires de ses amis qui avaient décidé de profiter du soleil. Ils étaient si insouciants ! Elle en était presque jalouse.
Elle savait ce qu’elle devait faire, attendre que Yuan revienne ne lui servait à rien. Cette nuit elle partirait ! Son village comptait sur elle. C’est alors qu’elle aperçut une ombre suspecte. « Je vais le tuer !! » pensa-t-elle croyant avoir affaire à Zélos, mais quand l’image de l’ombre se refléta dans le miroir elle se pétrifia.
C’était lui, l’homme qui avait trahit Mizuho ! Sheena sentit ses jambes trembler, elle avait la gorge sèche et le souffle court. L’homme vêtu comme un ninja s’approcha d’elle.
- Tu n’as pas l’air ravie de me voir, dit le ninja. Je ne t’ai pas manqué ?
Sheena fit un effort pour ne pas s’effondrer. Mais que lui voulait-il encore ? Pourquoi la torturait-il ainsi ? Elle lui tournait toujours le dos, elle n’avait pas le courage de l’affronter.
- Qu’est-ce que tu veux ? finit-elle par dire la voix étranglée.
Il lui passa un bras autour d’elle pour attraper son bras . Il regarda quelques instant le bracelet qu’elle portait. La jeune femme ravala les sanglots qui lui montaient à la gorge. Il la retourna brusquement face à lui.
- Ce que je veux ? répéta-t-il avec un sourire carnassier. Il me semble que tu le sais déjà, non ?
Il lui caressa le visage d’une main, l’autre serrant le cou de Sheena.
« J’avais espoir que tu ais changé d’avis ma chère Sheena, à nous deux nous pourrions être invincible !
- Tu n’es qu’un traître ! »
Il ria comme si cela avait été un compliment.
- N’oublie pas ! Que tu le veuilles ou non, c’est grâce à toi que je réussirai. Autant te faire à cette idée et de me rejoindre. Sinon…
Il se pencha vers Sheena qu’il tenait à présent fermement par les cheveux et lui murmura quelque mot à l’oreille. La jeune femme eut un regard horrifié.
- S’il te plaît, non ! le supplia-t-elle.
Il la relâcha et se dirigea vers la fenêtre. Il souleva légèrement un des rideaux et regarda quelques instants dehors. Sheena en profita pour se diriger vers la porte. Discrètement elle la déverrouilla. Il lui fallait une issue. Mais le ninja remarqua son manège et d’un bond fut près d’elle.
- Où crois-tu aller comme ça ? lui demanda-t-il d’un ton sombre.
Il l’éloigna brutalement de la porte.
- C’est une très mauvaise idée, l’avertit-il.
Il approcha son visage de celui de la ninja.
- Tu ne voudrais pas me vexer, n’est-ce pas? J’ai pris de gros risques pour venir te voir, alors j’attends de toi que tu sois sage et obéissante.
Il l’embrassa. Sheena essaya de se dégager mais il renforça son étreinte. Une fois que ses lèvres quittèrent celles de la jeune femme, il la serra contre lui et lui caressa les cheveux.
- Tu vois que tu peux être sage, murmura-t-il très satisfait de lui. Je ne te ferais jamais de mal tu le sais bien.
Non, elle ne le savait pas justement. À cause de lui, elle et son village avaient beaucoup soufferts.
- Cependant, continua-t-il en la libérant de ses bras, pour tes amis…
Sheena le vit de nouveau se diriger vers la fenêtre et sans qu’elle ne puisse réagir, il sortit un petit poignard ninja et le lança brusquement, avec un geste habile, en direction de ses amis.
- Non ! cria-t-elle.

Dans le patio, Lloyd s’était allongé dans l’herbe. Il était trop bien ! Il regarda Génis qui s’était assoupi à côté de lui.
- Lloyd ! Viens jouer avec nous ! lui proposa Colette en lui faisant signe.
Il déclina l’offre d’un geste. La jeune fille et Préséa s’amusaient comme de vraies gamines avec un chien que Colette avait absolument voulu recueillir lorsqu’elle l’avait aperçu en ville ce matin, errant d’un air malheureux.
Il entendit alors Raine soupirer pour la énième fois. Assise sur une chaise, un livre à la main dont elle n’avait pas tourné la moindre page depuis des heures, la jeune femme semblait être perdue dans ses pensées. Depuis quelques jours, elle passait ses journées à aller en ville, et à chaque fois elle revenait avec un air déçu et morose. Il n’osait pas lui demander ce qu’elle avait. Zélos l’avait charrié à ce sujet, en lui demandant si elle cherchait son amoureux. Raine s’était alors fâchée contre lui. Lloyd s’était donc dit qu’il ne valait mieux pas qu’il se mêle de ses affaires.
En repensant à la tête de Zélos lorsque Raine lui était tombée dessus, il le chercha du regard.
- Régal, il est où Zélos ? demanda-t-il.
Régal haussa les épaules et leva les yeux au ciel.
- Il est parti depuis dix minutes, il avait une chose « importante » à faire. Cette espèce de pervers est vraiment incorrigible !
Tous savaient qu’à ce moment là Sheena prenait une douche, c’était ce qu’elle faisait toujours après s’être entraînée.
- A mon avis, continua l’homme d’affaire, on va tarder d’entendre hurler Sheena !
Mais ce ne fut pas Sheena qui hurla. Lloyd eut l’impression que son sang s’était figé dans ses veines. Le hurlement de Colette retentissait encore dans ses oreilles quand il la vit s’effondrer.
- Colette !
Du sang, il y en avait beaucoup autour de la jeune fille. Tous s’étaient précipités vers elle. Colette, allongée sur le ventre, les yeux fermés, ne bougeait plus. En examinant son amie d’une pâleur inquiétante, Raine retira le projectile qu’elle avait reçu dans le dos.
- C’est une arme ninja!
Elle l’avait aussitôt reconnu, Sheena avait les mêmes. Elle leva alors les yeux en direction de la fenêtre de la salle de bain où elle aperçut la jeune femme qui disparut aussitôt derrière les rideaux.
- Mais pourquoi ?... Un ninja ?...
Lloyd ne comprenait pas qui aurait pu vouloir du mal à Colette. Il ne souhaitait qu’une chose : qu’elle se réveille, qu’elle lui parle, qu’elle lui sourit. Une sorte de rage monta en lui. Celui qui avait fait ça allait le payer !
Raine resta un moment à réagir et se fut la voix inquiète de Lloyd qui l’extirpa de son état.
- Raine ! Mais qu’est-ce que tu fais ? lui hurla Lloyd. Tu vas laisser Colette comme ça ?
La jeune femme se reprit. Il avait raison, il fallait qu’elle soigne la jeune fille, elle ne savait pas ce qu’il s’était passé dans sa tête. Un doute immense l’avait submergé, elle n’y croyait pas, mais pourtant …
Les mots que lui avait dit son bel inconnu résonnaient dans sa tête. Et si c’était vrai, et si Sheena les avait trahi ! Mais pourquoi vouloir tuer Colette, pourquoi maintenant ? Rien n’était logique ! Il fallait qu’elle ait confiance en la ninja, elle n’aurait jamais fait ça.
Raine chassa ses pensées noires d’un mouvement de tête, sa première priorité pour le moment, c’était la vie de Colette.

Zélos s’était éclipsé du patio, son esprit pervers lui ayant suggéré de rendre une petite visite à Sheena. Posté derrière la porte, il attendait qu’elle sorte de la douche. Au bout d’un moment, l’eau s’arrêta de couler. Il tourna alors la poignée de la porte le plus discrètement possible, malheureusement pour lui, elle était fermée à clef.
- ça aurait été trop beau ! soupira-t-il.
Il tenta de forcer la serrure, comme il l’avait déjà fait maintes fois , mais s’arrêta net lorsqu’il entendit une voix d’homme provenant de la pièce. Il resta près de la porte pour écouter, mais il ne comprenait qu’un mot sur deux. Il pensa alors que c’était un ninja qui faisait un rapport à Sheena. Il aurait pu choisir un autre endroit !
« Déranger une femme dans sa salle de bain ne se fait pas ! » pensa le plus grand pervers du monde !
Il entendit à un moment le loquet de la serrure s’ouvrir et ne comprit qu’après coup que s’était Sheena qui l’avait ouvert.
« C’est bien Sheena ! Bonne initiative !» pensa-t-il.
Il allait enfin pouvoir voir ce qu’il se tramait à l’intérieur. Il entrebâilla légèrement la porte et ce qu’il vit lui pinça le cœur. Un étrange sentiment qu’il ne connaissait pas l’envahit. Un homme dont il ne voyait pas le visage embrassait une Sheena à peine vêtue. Il détourna alors les yeux, ce n’était pas le spectacle qu’il imaginait voir. Il était prêt à repartir quand il entendit la jeune femme crier.
Il fit alors valdinguer brusquement la porte et eut tout juste le temps d’apercevoir l’homme qui se tenait sur le rebord de la fenêtre, que celui-ci s’évapora littéralement, comme par magie. Il vit Sheena courir à la fenêtre et regarder en bas. Elle porta une main devant sa bouche un air d’horreur sur le visage. Elle revint vers Zélos, totalement affolée.
- Colette est blessée, il l’a blessé…elle ne bouge plus !
Il ne comprenait pas. Mais qu’est-ce qui se passait ? Pourquoi Colette serait-elle blessée ? Et que venait-elle faire dans cette histoire ? Sheena le prit par le bras pour lui montrer ce qu’il n’avait pas encore vu. Colette était allongé à terre une marre de sang autour d’elle, Raine à ses côtés la soignait. Zélos devint livide.
- Pourquoi… ? fit-il tout simplement à Sheena qui doucement se laissa glisser sur le sol un air de profonde terreur dans les yeux.
Elle secoua la tête. Mais qu’on la laisse tranquille à la fin
- Sheena ! Qui était cet homme ?
Zélos ne plaisantait pas, sa voix était dure. Il était en colère après elle.
Comme elle ne répondait toujours pas, il la saisit par le col de son peignoir pour la remettre debout. Il voulait qu’elle parle. Mais Sheena lui assena un violent coup de poing à l’œil gauche. Il la lâcha sous l’effet la surprise et la douleur.
Zélos la regarda d’un air furieux. Comment osait-elle ?
- S’il te plaît, ne dit rien !
Elle s’avança vers lui, des larmes roulant sur ses joues. Elle posa son front contre la poitrine de Zélos tout en continuant de le supplier de ne rien raconter de ce qu’il avait vu. Il ne devait pas céder, il ne le voulait pas. Elle devait tout lui dire ! Mais elle avait l’air tellement fragile, si vulnérable.
Il sécha doucement les larmes de la jeune femme. Pourquoi ne pouvait-il pas résister aux femmes dès qu’elles pleuraient ? Cela lui aurait simplifié la vie. Il sortit de la pièce pour permettre à Sheena de s’habiller plus décemment. Cet homme, pour qui se prenait-il pour blesser Colette et embrasser Sheena ? Rien qu’en repensant à la scène Zélos sentit la colère monter en lui.
Quand ils descendirent, Raine lançait un sort de soin à la jeune fille blonde toujours inconsciente, qu’ils avaient installé sur un canapé du salon. Elle était très pâle. Lloyd lui tenait la main.
- Allez ! Colette, réveilles-toi ! la suppliait-il.
Raine se redressa avec un petit soupir. Tout le monde attendait son verdict avec impatience.
- Elle a perdu beaucoup de sang. J’ai pu guérir la blessure mais elle devra se reposer plusieurs jours.
Lloyd était très inquiet. Il ne quittait pas Colette des yeux.
- Allons discuter à côté, proposa Régal afin de ne pas déranger la jeune fille. Lloyd, ne t’inquiète pas, tout va s’arranger. Tu peux rester là si tu veux.
Dans une des pièces jouxtant le salon, l’arme qui avait causé la blessure de Colette était mise en évidence sur une table. Sheena en eut un frisson de dégoût.
- Qu’en penses-tu Sheena ? C’est un ninja qui a fait ça ?
Génis la regarda avec tristesse, il semblait presque gêné de sa question.
- Il s’est servi d’un de mes poignards…
Elle paraissait si atterrée que Raine regretta intérieurement de l’avoir soupçonné.
- Tu sais qui c’est ? demanda Régal.
Sheena hésita un instant avant d’acquiescer. Elle n’avait plus le choix, elle devait leur révéler une partie de ce qui s’était passé à Mizuho, mais une partie seulement, elle ne voulait surtout pas de leur pitié.
- Il y a un traître parmi les ninjas de Mizuho, répondit-elle en touchant son bracelet. Je suis à sa recherche. Sa trahison a coûté la vie de beaucoup de mes hommes. Alors, en tant que chef, c’est moi qui suis chargée de l’éliminer. Cependant, je ne pensais pas qu’il s’en prendrait aussi à Colette.
On lui posa beaucoup de questions sur ce ninja. Personne ne comprenait pourquoi il avait choisi Colette en particulier. Elle sentait sur elle le regard perçant de Zélos. Il fallait absolument qu’elle lui parle et le convainque de ne rien révéler. Une de ses amies avait été blessée et cela la rendait folle de colère. S’ils se mêlaient de ça, la prochaine fois les conséquences seraient bien plus graves.

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11 février 2008

Chapitre 05: La rencontre de Raine - par Yuen

Le lendemain matin à la demeure Wilder le réveil fut difficile. Zélos ne savait pas si c’était l’alcool de la veille ou ce qu’il avait appris qui lui donnait la migraine. Dans la salle à manger il regardait la jeune Préséa assise en face de lui qui le fixait de ses beaux yeux bleus.
« Tu vas bien Zélos ? s’inquiéta-t-elle en remarquant la mine sombre du jeune homme.
- Absolument ma très belle Préséa, répondit-il avec un sourire forcé. Tu es un amour de t’inquiéter pour moi. »
Elle ne répondit rien mais continuait de le regarder avec insistance, ce qui le mit mal à l’aise.
- Bonjour vous deux ! lança Raine d’une voix forte.
Zélos se prit la tête entre ses mains.
« Mais pourquoi elle crie !? » pensa-t-il.
- Tu as l’air de bonne humeur, remarqua Préséa.
Raine, surexcitée, leur expliqua qu’elle comptait se rendre en ville afin d’effectuer certaines recherches sur le talisman de Sheena.
- Vous voulez venir avec moi ?
Zélos et Préséa eurent un sourire crispé et trouvèrent chacun une excuse pour y échapper.
« Dommage ! soupira Raine.
- Tu veux que je te signe une autorisation pour aller dans la bibliothèque royale ? lui demanda le jeune homme.
- Non merci. Si c’est pour que des gardes me surveillent en permanence comme si j’étais une voleuse, ça ne m’enchante pas. Je préfère aller dans la librairie que j’ai repéré. »
Ses deux amis lui souhaitèrent bonne chance.

Raine quitta la maison et se dirigea d’un pas vif en direction de la librairie. En ces moments difficiles, elle était heureuse d’avoir une distraction qui l’intéressait, car l’étude d’objets anciens était une vraie passion pour elle. Génis la charriait beaucoup à ce sujet, mais elle s’en moquait. Apprendre, comprendre l’histoire était important. C’est ainsi qu’on évitait les erreurs du passé. Perdue dans ses pensées, elle déambulait dans les ruelles de Meltokio, inconsciente du danger qui la guettait.
- Attention ! cria une voix masculine derrière elle.
Raine n’eut pas le temps de se retourner qu’une personne la prit dans ses bras et l’emporta quelques mètres plus loin. Surprise, elle ne comprit pas ce qu’il venait de se passer. L’inconnu la serrait toujours contre lui.
- Vous n’avez rien ? lui demanda-t-il en la tenant par les épaules.
Raine tourna la tête vers l’endroit où elle se tenait quelques instant plus tôt et eut un haut le cœur en découvrant le bloc de pierre qui s’y était écrasé.
« Si j’avais été dessous, je serai…morte ! » se rendit-elle compte effrayée.
Ses jambes tremblaient, l’inconnu la fit asseoir.
- Mademoiselle ? Vous êtes sûre que tout va bien ?
Il semblait inquiet pour elle. Elle se rendit compte qu’elle ne l’avait pas encore remercié.
Quand elle regarda son sauveur, son cœur se mit à battre encore plus fort. Elle en avait le souffle court. Elle ne put que remarquer son regard d’un vert profond rempli d’inquiétude. Comme il était beau !
- Je…je…vous remercie ! bégaya-t-elle
Il eut alors un sourire qui la troubla beaucoup.
- C’est tout naturel, je n’allais pas laisser une aussi belle femme se faire blesser par cette pierre.
Malgré elle, Raine sentit ses joues s’empourprer. Elle était de plus en plus troublée. Aussi loin qu’elle pouvait se rappeler jamais un homme ne l’avait mise dans cet état. Elle avait toujours pensé être une femme avec les pieds sur terre et n’avait jamais voulu laisser un homme s’approcher d’elle depuis que… Lorsque Génis était encore jeune, elle avait vécu une histoire avec un archéologue dont elle était l’assistante, avant qu’elle ne s’installe à Isélia avec son frère. Elle avait vraiment cru être amoureuse. C’était lui qui lui avait tout appris. Mais leur histoire s’était terminé dans la douleur pour Raine qui avait eu du mal à sans remettre. C’était pourquoi plus jamais elle n’avait voulu revivre la même chose. De plus, avec Génis, c’était compliqué ! Ils devaient être prudents et prêts à fuir si on découvrait qu’ils étaient des demi-elfes.
Raine se releva avec l’aide du jeune homme. Il lui tenait toujours le bras et à ce moment là elle se dit qu’elle ne voulait pas qu’il la lâche. Elle se sentait si bien en sa présence, il la rassurait.
- Il me semble vous connaître, lui dit-il en la regardant avec encore plus d’intensité. Vous étiez à la soirée de fiançailles de la princesse Hilda, non ?
La jeune femme mit quelques secondes à répondre. Elle n’arrivait pas à se concentrer, elle, qui d’habitude était si posée. Cet homme, elle le connaissait à peine mais c’était comme si tout son être vibrait en sa présence.
- Oui, en effet.
Elle remarqua que sa voix tremblait encore sous le coup de l’émotion.
- Cela vous dirait de m’accompagner à l’auberge, lui proposa-t-il. Nous pourrions discuter autour d’un verre, vous avez l’air d’en avoir besoin.
En effet, elle en avait besoin, mais ce n’était pas plus à cause du choc que de ce regard dont elle ne pouvait se détacher. Il la prit par les épaules et ils marchèrent comme ça jusqu’à l’auberge. Ce sentiment de réconfort ne la quittait pas, un sentiment si fort. Elle avait l’impression d’être sans défense en sa présence et se dit alors qu’il fallait qu’elle se calme. Personne, et surtout pas elle, ne tombait amoureux comme ça ! Le choc, elle devait encore être sous le choc, c’était la seule explication possible, à moins que… était-ce cela un coup de foudre ? Non, c’était le choc qui la faisait délirer. Elle ne croyait pas en ce genre de chose.
L’auberge était à cette heure-ci encore peu fréquentée. Le jeune homme la fit s’installer à une table à l’écart des quelques regards indiscrets. Elle avait l’impression qu’ils étaient seuls au monde. Ils attendirent que l’aubergiste apporte leur commande pour entamer la discussion.
« Est-ce que vous vous sentez mieux ?
- Absolument. Tout ça grâce à vous. Dire que j’ai failli… Heureusement que vous étiez là ! »
Raine frissonna rien qu’en repensant à la scène. L’homme sourit.
« J’allais à la librairie, expliqua-t-il. Je suis à la recherche d’un livre particulier. J’étudie les anciennes ruines près de la région de Meltokio.
- Vraiment ? s’extasia Raine. Vous êtes archéologue ? »
L’homme fit signe que non.
- C’est juste un passe temps. Disons que je suis archéologue amateur.
La jeune femme se sentit pousser des ailes : ils avaient la même passion ! Elle n’en revenait pas, le destin était parfois merveilleux. Ils parlèrent ainsi plus d’une heure. Elle était littéralement passionnée par le récit de ses aventures. C’était vraiment un homme incroyable et courageux.
« Je vous ai trouvé vraiment incroyable hier soir, fit-il soudain. Vous n’avez pas flanché devant ces stupides nobles lorsque le fiancé de la princesse a annoncé que vous alliez représenter les demi-elfes. Ils n’ont vraiment pas compris le rôle majeur que vous allez jouer !
- Vous croyez ?
- Ils ne pensent qu’à eux. Ils croient tout ce que le roi peut dire, ils ne cherchent pas à savoir où est la vérité. Mais moi, je soutiens ce jeune Zélos, il a raison. Maintenant, j’espère pour lui que le peuple va l’écouter. Ce ne sera pas facile mais je suis sûr qu’il y arrivera.
- Alors vous pensez vous aussi que les demi-elfes sont victimes d’un complot ? »
L’homme se pencha vers elle en la regardant droit dans les yeux.
- J’en suis persuadé. C’est pourquoi vous pourrez compter sur mon soutien. J’ai juste une chose à vous dire, ne le prenez surtout pas mal, c’est assez délicat.
Raine le regarda avec étonnement. Il parla à voix basse.
« Une rumeur étrange court ces temps-ci, je ne peux pas vous dire si elle est vrai ou pas mais certaines personnes auraient vu des ninjas de Mizuho attaquer des villages.
- Comment ? s’écria-t-elle. Non, c’est impossible ! Je n’y crois pas une seconde ! »
L’homme lui sourit et lui fit signe de se calmer.
- Ce n’est qu’une rumeur, mais je préférais que vous le sachiez. Il faut savoir reconnaître ses ennemis de ses amis. Ne m’en veuillez pas s’il vous plaît.
Sheena était une amie, elle pouvait compter sur elle. Cette rumeur n’était que mensonge !
- Vous avez fait ce que vous croyiez être juste, je ne vous en veux pas.
Les yeux du jeune homme reflétaient un certain soulagement.
- Quel sera votre premier objectif en tant que nouvelle politicienne ?
Raine se le demandait aussi. Elle ne savait par quoi commencer. Elle savait par contre que le problème se situait ici, à Meltokio, où une personne tirait les ficelles.
- Je n’en sais encore rien, avoua-t-elle.
Il lui lança un sourire rassurant qui lui fit chaud au cœur.
- Vous trouverez quelque chose, c’est certain. Une femme aussi belle et intelligente que vous n’aura aucun mal à remplir son rôle.
La jeune femme se sentit rougir sous ses compliments.
- Je suis désolé, mais il est l’heure pour moi de vous quitter, un rendez-vous important au palais m’attend, dit-il soudain en regardant l’heure.
Elle se sentit vraiment déçue, elle aurait aimé rester avec lui encore longtemps. Ils sortirent ensemble de l’auberge.
- Nos chemins se quittent ici. Prenez soin de vous. Je suis sûr que nous nous reverrons.
Elle lui sourit et le regarda s’éloigner. Quel homme merveilleux ! Il avait quelque chose de spécial, une sorte de magnétisme qui l’attirait. Soudain il lui vint à l’esprit qu’elle ne lui avait pas demandé son nom. Elle se promit de le faire à leur prochaine rencontre, car elle en était sûre, ils se reverraient.

Quand il quitta l’auberge, Yohnis souriait. Il était plutôt satisfait de lui. Il ne savait pas si son plan marcherait, mais en tout cas il avait réussi à faire en sorte que la jeune femme tombe sous son charme.
« Tellement facile ! » pensa-t-il.
Il savait qu’il avait beaucoup de succès auprès des femmes et se servait beaucoup de ce don. C’était devenu comme un jeu pour lui. Une seule femme lui avait résisté. Pourtant il avait insisté, procédé de différentes manières, mais rien n’y avait fait. Il sourit en pensant à cela. Il avait dû changer ses plans et ne s’en plaignait pas, au contraire, il avait beaucoup apprécié cela. Yohnis aimait particulièrement manipuler les gens, c’était presque inné chez lui. Les humains étaient tellement prévisibles ! C’était ce qu’il avait appris, et ça lui rendait la tâche bien plus facile.
Il savait comment Raine réagirait après la révélation qu’il lui avait faite. Semer le doute au sein du groupe, c’était ce qu’il voulait. Cependant, il savait que leur amitié était forte, il ne pouvait négliger ce détail. Il avait charmé la demi-elfe dans le but de garder un contrôle sur elle et de la mener à faire ce qu’il voulait si le besoin s’en faisait ressentir. Il ne voulait surtout pas que ce groupe uni et fort, qui avait vaincu des ennemis puissants, se mette à interférer dans ses plans. Ainsi, les séparer lui permettrait d’avoir le champ libre. Il ne voulait pas courir le risque de sous-estimer leur force, des magiciens habiles, des guerriers expérimentés et une invocatrice. Il le savait, alliés ils pouvaient être redoutables !

Quand Raine retourna chez Zélos, elle monta directement dans la chambre pour y être seule et réfléchir. Tout le monde discutait dans le salon sauf Sheena qui s’entraînait dehors. Elle se sentait étrange, comme si elle était dans un état de manque. Depuis qu’elle avait rencontré cet homme, quelque chose s’était déclenchée en elle. Un sentiment profond l’avait envahit. Elle se posait beaucoup de questions, mais elle était incapable d’avoir les idées claires. Elle ne voulait qu’une chose, le revoir !
Au moment du déjeuné, Raine dû faire un effort incroyable pour rester concentrée sur la discussion. Malgré cela, Préséa remarqua son trouble.
- Raine, tu as l’air ailleurs. Tu as fait une découverte sur le talisman ?
Elle croisa le regard plein d’inquiétude de Sheena.
« En fait, non ! Ça m’est totalement sorti de l’esprit ! fit-elle avec un sourire nerveux.
- Mais…Tu as fais quoi pendant tout ce temps ? demanda Préséa un peu trop curieuse selon Raine.
En repensant au jeune homme qui l’avait sauvé, elle rougit, ce qui n’échappa pas à Zélos.
« Oh non! s’exclama-t-il la mine déçue. T’as un amoureux ?!
- Il serait temps ! » lança Lloyd avec un manque évident de tact.
Raine sourcilla, furieuse. Lloyd se fit tout petit.
« Mais vous allez arrêter de dire n’importe quoi ! s’écria-t-elle. Et c’est quoi ces réflexions Lloyd ? J’ai l’air d’une vieille ?!!
- Mais non, mais non, se rattrapa-t-il, je n’ai pas voulu dire ça ! »
Raine ferma les yeux et tourna la tête, vexée.
Afin d’éviter à la jeune femme d’être plus embarrassée qu’elle ne l’était déjà, Régal, en vrai gentleman, changea de sujet.

 Zélos soupira. Il ne savait plus quoi faire. Il n’avait rien dit des révélations de Sheena. Il ne voulait pas que ses amis s’inquiètent pour lui. Il regarda la ninja du coin de l’œil. Il avait été content qu’elle se confie enfin à lui. Pourtant, il était persuadé qu’elle lui cachait encore beaucoup de choses. Mais il lui laisserait le temps, elle avait sans doute de bonnes raisons pour ne rien dire. Il repensa alors au baiser qu’elle lui avait donné sur le front avant de retourner dans la chambre, sans dire un mot. Il s’était senti ému. Ce baiser valait tous les mots de réconfort du monde.

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29 décembre 2007

Chapitre 04: Un homme mystérieux - par Yuen

Quand elle entra dans la chambre des filles, Sheena essaya de faire bonne figure. Mais Raine vit bien qu’elle semblait nerveuse.
- J’espère que ce n’est pas Zélos qui t’as ennuyé ? demanda-t-elle.
Sheena lui fit un sourire rassurant, avec un geste de la main lui signifiant que ce n’était pas le cas. C’est alors que Raine eut un regard émerveillé. Elle venait juste de remarquer l’étrange bijou que son amie portait.
- Oh ! s’écria-t-elle les yeux brillants.
Elle faisait vraiment peur quand elle était dans cet état.
Elle saisit le poignet de Sheena et regarda dans tous les sens le bracelet et la bague.
- C’est incroyable, jubila-t-elle au bout d’un moment, c’est une vraie rareté ! C’est aussi très vieux, c’est une véritable antiquité !
Raine en avait les joues roses d’excitation.
« Ce motif ! Je l’ai déjà vu quelque part…
- Et si c’était le bijou d’une ancienne princesse au destin tragique? » imagina Colette en prenant un air rêveur.
Elle aimait ce genre d’histoire, Lloyd lui en inventait souvent lorsqu’ils étaient en voyage.
- C’est vrai qu’il est très beau, dit Préséa en le regardant de plus près. Mais d’un autre côté il fait peur. C’est vraiment étrange la manière dont il s’entortille à ton poignet. Où l’as-tu trouvé ?
- On me la donné », répondit la jeune ninja d’une voix terne.
Raine essaya alors d’enlever la bague de l’étrange bijou pour pouvoir l’examiner de plus près, mais Sheena retira sa main prise d’une affreuse douleur.
« Aïe !! s’écria-t-elle.
- Je…je suis désolé ! Mais je t’assure, j’ai à peine tiré dessus ! »
Raine était vraiment confuse et Sheena se tenait toujours la main.
- C’est de ma faute ! la rassura cette dernière. J’aurais dû te le dire, mais c’est en fait un talisman spécial qui fait parti d’un clan ninja depuis des siècles. Il est tellement précieux qu’un sort le protège ! C’est pourquoi seule la personne qui me l’a donné peut le retirer. Même moi je ne peux pas ! »
Et pourtant elle avait essayé ! Mais à chaque fois une douleur terrible la prenait. Ce maudit talisman ! C’était comme porter une menotte, être prisonnière à vie.
- Quelle est sa signification ? voulut savoir Raine. C’est ce que transmettent les chefs de ton village à leur successeur?
Sheena se raidit.
- C’est vraiment passionnant ! continua-t-la demi-elfe sans attendre de réponse. D’où vient-il ? Qui l’a fabriqué ? Il faut que je fasse des recherches immédiatement !!! »
Les filles regardaient leur amie d’un air perplexe.
- Et c’est reparti ! fit Préséa à voix basse.
Colette et Sheena sourirent.
Raine continuait de parler toute seule, évoquant les diverses possibilités sur la provenance du bijou.
- Raine ! Raine ! appela Préséa. Il serait temps d’aller dormir.
La jeune fille se frottait les yeux de fatigue.
Raine eut l’air déçue, mais obtempéra ! Quand elle ferma les yeux, elle plongea dans de beaux rêves remplis de ruines, d’objet anciens, et de tas d’autres choses dont elle s’évertuait à découvrir les secrets.

    De leur côté, les garçons dormaient comme des loirs. Dès qu’il avait touché son lit, Génis s’était endormi comme une souche et lui aussi faisait de beaux rêves dans lesquels il était aussi grand que Lloyd et partait à l’aventure avec Préséa. Régal et Lloyd non plus n’avaient pas tardé à sombrer.
Après l’étrange scène à laquelle ils avaient assisté, un silence de mort s’était installé. Evidemment, Yuan, comme à son habitude, avait joué le mystérieux et était parti sans expliquer ce qu’il s’était passé. Il avait juste dit qu’il avait des choses importantes à faire et qu’il ne pouvait rester plus longtemps.
Allongé sur son lit, les yeux fixant le plafond, Zélos repensait à la soirée. Faire semblant de rire, d’être heureux d’épouser Hilda, de garder le sourire en permanence, cela lui avait demandé un effort énorme, lui qui avait juste eut envie de s’isoler dans un coin et de ne plus penser à ce cauchemar !
Certes, ce n’était qu’un mariage, il n’allait pas sacrifier sa vie comme Colette était prête à le faire lors de son pèlerinage. Mais, plus il y pensait, plus cela le dégoûtait !
D’un bond, il se leva. Il avait besoin d’air frais ! Il s’habilla en vitesse et descendit dans le patio. Respirant profondément pour évacuer son angoisse, il se sentait bien, presque apaisé.
Soudain, il crut apercevoir une ombre rôder près des arbres entourant le patio. Il se mit aussitôt sur ses gardes.
- Qui est-là ?
Mais personne ne lui répondit. Lentement, il s’approcha de l’endroit où il avait vu l’ombre. Personne ! Zélos regarda autour de lui, mais rien n’était en vue. Il secoua la tête, se disant qu’il avait dû rêver. Il était sur les nerfs en ce moment et cela devait lui jouer des tours. Mais afin de ne pas prendre de risque, il préféra rentrer à l’intérieur.
Alors qu’il montait les escaliers il vit Sheena, qui avait revêtu sa tenue noire, venant à sa rencontre.
« Je t’ai cherché dans la chambre mais j’ai vu que tu n’y étais pas, lui dit-elle à voix basse pour ne réveiller personne.
- Vraiment ? Tu venais me faire une petite visite nocturne, et dire qu’on se méfiait de moi ! »
Elle lui sourit, ce qui le décontenança un peu. D’habitude elle l’aurait giflé en le traitant de tous les noms !
- Pas du tout, je venais t’annoncer quelque chose. C’est important. Yuan et moi avons…
Zélos eut un rire sarcastique.
- Oui, fit-il d’un ton qui ne plut pas à la jeune ninja, nous avons bien compris que tu préférais être avec Yuan qu’avec nous. Ca me dépasse ! Après tout ce que nous avons vécu ensemble, tu nous traites comme si on était des étrangers.
Ses remarques étaient justifiées et Sheena ne lui en tint pas rigueur. Son ami n’était pas du genre à tourner autour du pot. Sa franchise était toute à son honneur. Elle ferma les yeux tout en baissant la tête pour cacher les larmes de tristesse qui lui montaient aux yeux. Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ?
- Je venais juste t’annoncer que te marier était inutile, j’ai des soupçons en ce qui concerne l’implication de ta chère fiancée dans le complot. Il se peut qu’on t’ait tendu un piège pour te faire renoncer à tes idées de réconciliations avec les demi-elfes.
Elle avait dit ça d’un trait sans le regarder, quand elle leva enfin les yeux, elle vit que Zélos était devenu livide. Il s’assit sur l’escalier.
- Un piège ? répéta-t-il.
Il semblait totalement abasourdit. Sheena le laissa reprendre ses esprits.
- Peux-tu le prouver ? Je veux dire, est-ce que tu es sure de ça ?
Sheena prit place à côté de lui et décida de lui révéler ce que son village avait subit ainsi que les réflexions que Hilda lui avait faites, en évitant toutefois de lui dévoiler ce qu’elle savait réellement.
- Personne n’est au courant ! finit-elle par expliquer. Seules les personnes à l’origine de la mort de mes hommes peuvent l’être. Pour le bien de mon village, nous avons gardé le secret sur nos pertes. Alors le seul moyen pour Hilda de savoir, c’est qu’elle soit en contact avec ces meurtriers.
Zélos se prit la tête entre les mains, il n’y croyait pas ! C’était insensé, il s’était fait avoir et il n’avait rien vu. Il avait foncé tête baissée dans cette manigance. « Quel idiot, mais quel idiot ! » pensa-t-il.
- C’est trop tard ! fit-il d’une voix blanche.
Sheena ne comprit pas.
- Maintenant que c’est officiel, continua-t-il sur le même ton, si j’annule les fiançailles je serai  destitué de mon titre de noble. Le roi ne me pardonnera pas cet affront. Aussi, que je me marie ou pas je serais tout aussi impuissant dans les deux cas…
Le piège s’était refermé sur lui…

    Une fois son fiancé parti, on annonça à Hilda qu’un visiteur souhaitait s’entretenir avec elle d’une affaire importante. Dans un petit salon privé, richement décoré, la jeune princesse attendait.
« Princesse Hilda, la salua un beau jeune homme en pénétrant dans la pièce.
- Mon cher Yohnis, que puis-je faire pour vous ? »
Yohnis se dirigea vers la fenêtre et regarda dehors avant de fermer les épais rideaux.
- Je voulais juste savoir si vous étiez satisfaite de vos fiançailles, rien de plus, dit-il en la fixant droit dans les yeux.
Hilda se sentait déstabilisée à chaque fois qu’il la regardait. Yohnis était un jeune homme aux cheveux noirs ébène dont certaines mèches tombaient devant son œil droit, lui donnant un charme fou. C’étaient ses yeux verts émeraudes que préférait Hilda, mais d’un autre côté son regard lui faisait peur. Il semblait pouvoir transpercer l’âme. C’est pourquoi il la mettait tant mal à l’aise.
« Oui…, je…je vous remercie.
- Je suis heureux que vous ayez obtenu ce que vous vouliez.
- C’est à vous que je le dois, je vous en suis reconnaissante. »
Yohnis eu un sourire satisfait.
« Vous avez eu raison de me faire confiance, je tiens toujours mes promesses.
- Je pense ne pas avoir faillit aux miennes » précisa la jeune princesse.
L’étrange jeune homme se mit à déambuler dans la pièce.
- J’en conviens parfaitement, rassura-t-il. De plus vous avoir avec nous ainsi que votre père est un grand plaisir. Votre soutient est très précieux, je suis sûr que votre fiancé comprendra un jour que son combat est vain. Les demi-elfes ne sont pas dignes de confiances.
Hilda acquiesça.
- Cependant, reprit Yohnis d’un ton plus dur, était-ce nécessaire d’apprendre à Sheena que vous étiez au courant pour son village ?
Il s’était approché d’elle et semblait menaçant.
« Mais…non, je.., je vous assure, je ne lui ai rien dit…
- Vous pensez qu’elle n’a pas compris vos sous-entendus ? Si j’étais à votre place, j’éviterais de la sous-estimer ! »
Alors il les avait écouté… Pourtant elle ne l’avait pas aperçu de la soirée.
- Je voulais juste qu’elle comprenne qu’elle n’était pas la bienvenue au palais !
Yohnis s’était encore rapproché d’elle, Hilda recula d’un pas.
- J’avais pourtant été très clair, princesse. Vous avez mis inutilement votre vie en danger. Elle pourrait vouloir vous tuer, j’espère que vous en êtes consciente ?
Hilda le savait.
- S’il m’arrivait quelque chose, mon père ordonnera la capture de tous les ninjas et leur  mise à mort, répliqua-t-elle avec fureur. Je suis sure que cette Sheena n’est pas idiote au point de prendre ce risque.
Yohnis la regarda avec froideur.
« - Il ne vous restera plus qu’à convaincre votre fiancé, après le mariage bien entendu, de la trahison du village de Mizuho, fit-il. Je compte sur vous.
- Je n’y manquerai pas. »
L’homme quitta la pièce et Hilda se retrouva seule. Elle se rappela le jour où elle avait fait sa connaissance.


    C’était il y a à peu près deux mois. Les attaques des demi-elfes commençaient à se faire ressentir dans toute la région, à être plus violentes, surtout à Sylvarant. Ce n’était plus les incidents isolés auxquels tous les politiciens pensaient. Un homme était alors venu au palais.
Un conseiller de son père, un homme qu’elle soupçonnait de vouloir intriguer contre ce dernier, lui avait demandé de recevoir cet inconnu, insistant sur le fait que c’était son devoir en tant que princesse en l’absence du roi. Elle le reçut donc. Son charisme était indéniable, il dégageait quelque chose de mystérieux.
Le conseiller, tout sourire, à côté de l’étranger, avait fait les présentations.
- Princesse, laissez moi vous présenter Yohnis, un de nos meilleurs espions.
Hilda ne savait même pas que le gouvernement avait des espions à lui. Elle avait toujours pensé qu’il se servait uniquement des ninjas de Mizuho. Mais dès que le jeune homme avait dévoilé la trahison du village caché, elle s’était dit qu’avoir ses propres espions avait été salvateur pour Meltokio.
- Comment ça ? s’était-elle écriée. Mizuho s’est allié avec les demi-elfes et est à l’origine de ces attaques !?
Elle n’en revenait pas, il fallait que son père soit mis au courant le plus rapidement possible.
Pourquoi les ninjas les avaient-ils trahi, ils travaillaient ensemble depuis des siècles. C’était à cause de cette Sheena bien évidemment ! Elle ne l’avait jamais apprécié, cette fille était vulgaire ! De plus elle ne supportait pas que son cher Zélos fasse toujours éloge de ses capacités, et de son rôle primordial dans la réunification des mondes.
- Je dois vous mettre en garde princesse, avait cependant ajouté Yohnis. Ce que je vous ai raconté doit rester secret pour le moment.
Hilda avait alors fait part de son désaccord. Il n’en était pas question, il fallait que cette fille arrête de nuire.
- Votre père sera mis au courant ne vous inquiétez pas pour cela. Cependant je lui conseillerai  de ne rien faire, car je ne peux rien prouver. Il serait plus judicieux pour lui de garder le contrôle de la situation en gardant de bonnes relations avec Mizuho tout en limitant le nombre de ninjas au Palais.
Il prit une courte pause et la fixa de son regard vert avec intensité.
- De plus, lancer une telle accusation pourrait compromettre vos chances d’épouser l’ancien élu. Il me semble qu’il est très ami avec le chef de Mizuho, non ?
« C’est sûr », avait-elle pensée, et elle serait déshonorée, même si cela n’était pas officiel. Zélos, deux mois auparavant, avait envisagé de possibles fiançailles, et cette rumeur courait déjà bon train dans tout Meltokio. Son père avait été ravi de cette décision, et Hilda aussi. Elle était amoureuse de Zélos depuis toujours, mais à chaque fois que son père lui demandait de l’épouser, il refusait sa main. Du coup, elle était la risée des courtisanes du jeune homme.
- Si vous me faites confiance, termina le jeune homme comme s’il lisait dans ses pensées, je vous promets que vos fiançailles avec Monsieur Wilder seront bien réelles.


    Hilda n’était pas idiote au point de penser que Zélos avait accepté des fiançailles par amour pour elle. Elle savait que c’était juste pour soutenir les demi-elfes qu’il pensait accusé à tord. Mais elle se disait qu’avec le temps il finirait par l’aimer, alors il était hors de question qu’elle gâche tout.
Elle resta un moment encore dans le petit salon, elle rouvrit les rideaux que Yohnis avait fermé quelques instants plus tôt. Il faisait sombre dehors, le jour ne se lèverait pas avant quelques heures. Elle ferma les yeux tout en regrettant que Zélos ne soit pas resté avec elle ce soir. Elle aurait aimé être dans ces bras, lui dire à quel point il comptait pour elle. Et sûrement, même si elle allait contre la mise en garde de Yohnis, elle aurait choisit cette nuit pour lui annoncer la traîtrise de celle qu’il pensait être une amie. Ce soir encore il avait pris sa défense, plutôt que de la soutenir elle, sa fiancée. Mais quand il saura la vérité, Hilda en était persuadée, il la tuera de ses mains, tout comme Yohnis avait exécuté les ninjas qu’il avaient surpris en flagrant délit d’espionnage et dont il avait abandonné les corps dans la forêt pour que le gouvernement soit hors de cause. Elle avait trouvé cela cruel, car si une personne devait mourir cela devait être l’instigatrice de ce complot, Sheena.

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29 décembre 2007

Chapitre 03: Les fiançailles - par Yuen

Génis, assis près d’une fenêtre dans l’immense salle de réception du palais, était quelque peu mélancolique. Tout le monde était à la fête ce soir. Il regarda sa sœur qui discutait avec un archéologue de Meltokio, elle semblait être littéralement passionnée par les propos de cet homme.
Lui avait préféré rester seul. Lloyd lui avait proposé d’aller faire un tour au buffet mais il avait refusé. Du coin de l’œil, il regardait une jeune fille aux cheveux roses. Comme elle était belle dans sa robe de soirée couleur saphir ! Il soupira et tourna son regard vers la fenêtre. Il faisait sombre dehors, et le ciel était à peine étoilé. Quand il avait revu Préséa, son cœur avait faillit s’arrêter. Elle avait tant changé, elle était devenue une jeune femme magnifique. La première fois qu’il l’avait vu, il en était tombé amoureux, et depuis la séparation du groupe  il avait tellement rêvé de la revoir ! Mais il avait comprit aujourd’hui qu’ils ne pourraient jamais être ensemble. Il se sentait ridicule à côté d’elle, elle avait tellement grandi et mûri, lui ressemblait encore à un gamin.
- C’est trop nul… ! soupira-t-il
Ce qui était trop nul aussi, c’était cette stupide réception ! Il avait dû faire un incroyable effort pour ne pas remettre vertement à leur place les deux commères qu’il avait croisé avec Raine en débarquant en ville. Alors qu’ils arrivaient à la réception en compagnie de Zélos, elles avaient accouru pour les saluer et les complimenter sur leurs tenues. Il avait admiré l’aplomb avec lequel sa sœur avait retourné les compliments aux deux femmes et entamé la discussion tout sourire, sans laisser paraître sa colère. Elle était vraiment faite pour la politique !

Lloyd se sentait mal à l’aise dans son costume, il aurait préféré s’habiller normalement, mais Raine lui avait fait remarquer qu’une réception chez le roi n’avait rien à voir avec un dîner chez son père. Un minimum de bienséance, lui avait-elle dit.
En tout cas, Colette était resplendissante dans sa robe de popeline rose, elle ressemblait à une princesse. Tout les convives leur avaient dit qu’ils formaient un beau couple tous les deux. À chaque fois, Lloyd avait rougi de plaisir. Ses sentiments pour Colette n’avaient cessé de grandir, en plus elle devenait de plus en plus belle. Il avait tenté plusieurs fois de lui avouer qu’il l’aimait mais à chaque fois il avait renoncé. Si Zélos avait été là, il se serait moqué de lui ! Un jour, il en était certain, il le lui dirait !
Il y avait du monde à cette soirée, il eut du mal à repérer Régal, pourtant imposant, au milieu de la foule. Celui-ci, entouré de femmes, semblait mal à l’aise et cherchait désespérément de l’aide du regard. Lloyd ne put s’empêcher de sourire au vu de cette scène qu’il trouvait très comique.
Zélos s’arrêta à sa hauteur, Hilda à son bras.
- Tu t’amuses bien on dirait, lui dit-il.
Lloyd lui montra Régal du doigt. Le jeune homme aux cheveux roux partit d’un grand rire.
- Régal est un homme d’affaire important, expliqua-t-il à Lloyd. Pour beaucoup de femmes, il représente un beau parti.
- De plus, continua Hilda, il est très bel homme. Mais pas autant que toi mon cher Zélos !
Celui-ci lui adressa un grand sourire.
- Et toi, ma belle Colette ? Tout va bien ? lui demanda-t-il.
Colette acquiesça.
- Tout est parfait, de plus la nourriture est vraiment très bonne !
Hilda se mit alors à lui expliquer que son père avait fait appel aux meilleurs cuisiniers du monde. Colette l’écoutait d’une oreille attentive, l’air très intéressée. Zélos, lui, leva les yeux et ciel et prit Lloyd à part.
-Mon cher Lloyd, commença-t-il, tu n’imagines pas combien j’aimerais échapper à toute cette comédie !
Du coin de l’œil, Lloyd vérifia que Hilda était toujours en pleine conversation avec Colette.
-J’arrive pas à croire que tu sois obligé de faire ça !
Zélos prit un air malheureux :
- Je ne pourrai plus draguer, faire la cour aux jolies demoiselles…, soupira-t-il. Je vais mourir d’ennui !
Lloyd lui sourit. Même dans cette situation, il arrivait à faire de l’humour. Mais il voyait bien qu’il était déprimé, il n’avait pas le regard rieur qu’il lui connaissait.
« Tu devrais d’estimer chanceux, fit Lloyd pour lui remonter le moral. Hilda est une très belle femme avec beaucoup de conversation qui plus est, et bientôt tu seras roi !
- T’es vraiment un pote, toi !» ria Zélos.
Il reprit son sérieux quand il sentit qu’Hilda s’était accrochée à son bras.
- Mon chéri, nous devrions aller nous asseoir à la table d’honneur, mon père ne va  pas tarder à annoncer nos fiançailles.
La table d’honneur trônait sur une estrade, et seules les personnes de haute importance, occupant des postes à responsabilités comme Régal, les maires ou les chefs des villes et villages, comme Sheena, y étaient invités. Le roi était au milieu, à sa droite Zélos, et à sa gauche Hilda. Lloyd remarqua que la table était organisée de manière à ce que les personnes venant des villes ayant appartenues à Tesseha’lla, maintenant appelée région de Tessseha’lla, même si certain continuaient à parler de monde tellement la différence de niveau de vie et de technologie était flagrante, ne soient pas mélangées aux personnes venant de Sylvarant.
Il était évident que le gouvernement de Tesseha’lla rechignait à partager ses richesses et ses savoir-faire. Un jour, Lloyd avait entendu dire dans un des villages nouvellement établis au niveau de la région de Sylvarant, que le roi voulait gouverner toute la planète. C’est pourquoi il faisait en sorte que le gouvernement de Sylvarant soit dépendant de lui.
« Il n’y a pas que les demi-elfes qui font l’objet de discrimination » s’était alors dit Lloyd.
Lloyd, Colette et leurs amis, étaient en bas de l’estrade comme les autres invités, lorsque soudain Zélos fit signe à Raine de venir le rejoindre à table.
- Elle en a de la chance ! marmonna Génis déçu de devoir rester en bas.
Raine s’arrangea pour être à côté de Sheena.
Lloyd regarda cette dernière qui ne semblait pas à l’aise. Elle ne portait pas la tenue de ninja noire qu’elle avait lorsqu’elle était arrivée chez Zélos avec Yuan, mais une très belle robe blanche que l’ancien Elu avait choisit pour elle et qui lui seyait très bien. Elle avait semblé distante. Zélos avait cherché
à la taquiner un peu, et Lloyd s’était alors attendu à ce que Sheena lui fasse une sévère réplique, mais elle s’était contenté de hausser les épaules. Même l’ancien élu avait été surpris par un tel manque de réaction, voire déçu.
- Votre attention s’il vous plaît, annonça le roi.
Tout le monde se tut. Après quelques secondes il reprit :
- Mes chers convives, je vous ai réunis ce soir afin de faire une annonce officielle. Je suis très heureux de vous annoncer que ma chère fille Hilda et Zélos Wilder se sont fiancés !
Tout le monde applaudit, Lloyd entendit même des murmures de surprise.
« Comme si s’en était une ! » se dit-il.
Zélos se leva, un verre à la main. Il était souriant, plein d’assurance.
- Mes amis, je suis vraiment ravi que vous soyez là avec moi pour célébrer cet évènement. C’est un jour important, je suis le plus heureux des hommes, et le plus chanceux. Je vais épouser la plus belle femme que
je connaisse.
Hilda rougit, et émit un rire cristallin. Zélos but son verre d’un trait.
- Avant de continuer la fête, je dois vous présenter une personne que la plupart d’entre vous connaissent déjà.
Il fit signe à Raine de se lever.
Un peu intimidé, la jeune femme s’approcha de l’ancien élu.
- Voici Raine Sage, elle a fait partie du groupe de jeunes gens qui ont réuni nos deux mondes. Comme vous devez le savoir, c’est une demi-elfe en laquelle j’accorde toute ma confiance. C’est pourquoi j’ai décidé qu’elle serait la mieux placée pour établir de nouvelles et saines relations avec ses semblables ! »
Cette déclaration fut accueillie par un grand silence, jusqu’à ce que Sheena, agacée, se lève et applaudisse. Hilda lui jeta un regard noir, mais applaudit aussi lorsque Régal et son fiancé suivirent le mouvement, bientôt rejoints par toute l’assemblée.
Raine se sentit d’un coup très soulagée, elle avait eu un moment l’impression d’être comme un cheveu sur la soupe. Cependant, elle préféra retourner à sa place sans faire de discours.
- Maintenant, profitez tous de la soirée, termina Zélos.
Un orchestre fit son apparition et joua un air entraînant. Des couples se formèrent et tourbillonnèrent dans la salle. Lloyd se dit qu’il inviterait bien Colette mais il ne savait pas danser. Il avait trouvé que Zélos avait été incroyablement convaincant dans ses propos, et se demandait si l’alcool n’avait pas un rôle à jouer là-dedans. En effet, il lui semblait que son ami avait l’air très euphorique étant donné la situation.

 
N’ayant aucune envie de participer à la fête, Sheena décida de s’éclipser sur l’un des balcons de la résidence royale. Elle appuya ses coudes sur la balustrade. Soudain quelqu’un vint la rejoindre, elle tourna la tête et aperçut Hilda.
- Je suis navrée, dit cette dernière d’un ton hautain, je pensais que l’endroit était libre.
C’était décidément pas possible d’être seule ! La ninja allait s’en aller mais la princesse avait l’air d’humeur bavarde :
« Comment avez-vous trouvé la réception ?  lui demanda-t-elle.
- Très réussie princesse, répondit poliment la ninja.
-Vous aussi avez dû être surprise par ces soudaines fiançailles, non ? »
Sheena soupira intérieurement,  « Mais elle va pas se taire celle-là ».
«En fait, non…
- Je vois, votre réseau d’information est toujours aussi efficace ! Cela me fait penser que nous n’avons pas vu beaucoup de ninjas au palais ces derniers temps. »
Elle regardait Sheena, un sourire au coin des lèvres, et une lueur malsaine dans les yeux. « Cette stupide princesse ferait-elle partie du complot ? » se demanda alors Sheena.
Non ! C’était impossible ! Mais comment serait-elle au courant des problèmes de Mizuho ? Sheena sentait la colère monter en elle.
- Nous avons beaucoup à faire, de plus votre père n’a guère besoin de nos services en ce moment.
Hilda la regardait toujours de façon étrange.
- Vraiment ?! fit-elle d’un ton faussement naïf.
Sheena puisa en elle pour ne pas la gifler, un incident diplomatique serait mal venu. Alors, elle préféra tourner les talons.
- Avant que j’oublie ma chère, reprit Hilda, votre robe est une horreur
. Vous êtes vraiment grotesque avec. Vous n’avez aucun goût, mais je suppose que pour une personne qui vit dans la forêt, c’est tout à fait normal !
Sheena se retourna face à la princesse en affichant un grand sourire.
- Je suis vraiment navrée de vous entendre dire que votre fiancé à mauvais goût, mais cela expliquerait bien des choses !
Elle
partit d’un grand rire en voyant la mine déconfite de la princesse qui ne savait plus quoi dire.
- Que se passe-t-il ici ? demanda la voix de Zélos
.
Hilda bouscula
Sheena pour se pendre au bras de son fiancé.
- Cette harpie a osé me parler d’une façon…odieuse, expliqua-t-elle.
Sheena avait du mal à s’arrêter de rire. Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas ri comme ça.
- Je lui ai juste expliqué que la robe que je portais et qu’elle trouvait si laide
, c’était toi qui l’avais choisi. Ta chère fiancée n’a juste pas apprécié que je sous-entende que tu avais mauvais goût.
Sheena ria de plus belle, ce qui énerva encore plus Hilda. Cette espèce de sale ninja osait se moquer d’elle devant son Zélos. Elle n’allait pas se laisser faire !
-Mais non mon chéri, lui dit-elle alors qu’il regardait la robe en question, je disais juste que cette robe, très belle par ailleurs, ne lui allait pas du tout. On dirait une femme de mauvaise vie ! Vous ne croyez pas ?
Sheena était estomaquée. Avait-elle bien compris ce que cette gourde venait de lui dire ?
- Moi je trouve que ça lui va très bien, intervint Zélos avant que Sheena n’ait eu le temps d’en placer une. C’est exactement pour mettre ses formes en valeur que je l’ai choisi !
Zélos n’avait pas les idées très claires, il savait qu’elles se crêpaient le chignon à cause d’une robe, et qu’il venait de dire un truc qu’il ne fallait pas quand il vit Sheena lever les yeux aux ciel et se prendre la tête d’une main l’air navré. Il savait aussi qu’il ne pouvait s’empêcher de regarder son décolleté. Il allait se marier, il pouvait bien en profiter ! Non ?
- Zélos !
La voix d’Hilda était sans appel.
«  Oui ma douce ?
- Partons d’ici ! »
Il soupira tout en essayant de reprendre ses
esprits. Il avait un peu trop bu lui semblait-il.
- A vos ordres très chère.
« La galère ! » pensa-t-il, et ils n’étaient pas encore mariés ! Cette soirée était la pire de sa vie. Aussi belle qu’elle soit, Hilda lui tapait sur les nerfs. C’était une fille sans profondeur, juste
une garce qui prenait les autres de haut parce qu’elle était princesse.
Ce n’était pas de chance pour lui, il était sûr que maintenant elle le collerait toute la soirée. Lui, avait juste voulu voir Sheena pour lui parler. Il l’avait trouvé étrange. Elle ne réagissait même plus lorsqu’il essayait de la draguer, ou encore quand il lui faisait une réflexion. Elle qui partait toujours au quart de tour ! Colette aussi s’était inquiétée de ça. Elle avait pris un air très triste en lui en parlant, alors il avait promis d’en toucher deux mots à Sheena. Il ne pouvait pas résister au désespoir d’une jeune femme ! Hé bien, c’était raté !
« Tant pis »  se dit-il, il verrait ça demain.

 
La soirée se termina tard. Lloyd et Colette s’étaient follement amusés, même Génis qui s’était joint à eux. Régal, lui, était heureux qu’elle prenne fin, il n’en pouvait plus. Il avait passé la soirée à tenter, en vain, d’échapper à ces femmes. Préséa et Raine étaient très fatiguées elle
s aussi.
«Vivement que je sois dans mon lit ! dit Raine en étouffant un bâillement.
- Tu peux venir dans le mien si tu le veux, proposa Zélos.
- Non mais ça ne va pas espèce de pervers !! » s’écria-t-elle
.
Il prit un air faussement affligé.
«Où est ma chère Sheena ? demanda-t-il soudain
.
- Elle est rentrée avec Yuan, je les ai aperçu qui quittaient le palais il y a à peine dix minutes, lui répondit Préséa.
- Qu’est-ce qu’il a de plus que moi ? se plaignit-il avec un air comique.
- Un cerveau ? lança Génis dont la remarque fit rire tout le monde
.
- Sale gamin ! »
Les garçons montèrent dans
la chambre qu’ils partageaient aussi avec Yuan. Quand ils entrèrent ils trouvèrent ce dernier et Sheena qui s’affrontaient du regard, alors qu’il la tenait par le poignet. Lorsqu’ils se rendirent compte qu’ils n’étaient pas seuls, il la lâcha brusquement. Celle-ci passa devant les garçons sans un regard, l’air furieuse. Lloyd remarqua qu’elle tenait dans la main une petite bourse noire.
Sheena sortit précipitamment de la pièce et tomba sur Zélos.
- Oh !...je vois…, fit-il lorsqu’il remarqua la présence de Yuan par la porte ouverte.
Sheena ne savait pas si elle devait le frapper violemment ou le tuer tout simplement. Ces sous-entendus, il pouvait les garder pour lui ! Du coup, elle préféra juste partir dans la chambre où l’attendaient les filles.

Yuan avait été à la soirée juste pour faire plaisir à son ami, mais il avait préféré rester à l’écart et surveiller les alentours. Cependant, rien de suspect n’avait attiré son attention. Comme la soirée tirait sur sa fin et que les premiers invités commençaient à prendre congé, il avait décidé de faire de même. C’est à ce moment qu’il avait rencontré Sheena. Elle avait eu l’air d’être perdue dans ses pensés.
- Tu ne rentres pas avec tes amis ? lui avait-il alors demandé pour engager la conversation.
Elle avait sursauté, apparemment elle n’avait pas remarqué sa présence.
- Mais ça ne va pas de faire peur aux gens comme ça !  Et t’as rien d’autre à faire que de me suivre ?
Yuan leva les yeux au ciel, et continua de marcher. Mais Sheena le rattrapa.
- La princesse, commença-t-elle d’une voix sombre, je ne peux pas encore le prouver, mais il semble qu’elle fasse partie du complot.
Yuan écarquilla les yeux de surprise, il ne s’attendait pas à ça !
- Il se peut que Zélos se soit jeté dans la gueule du loup sans le savoir, continua-t-elle, ce ne sont pas que quelques personnes qui sont impliquées, mais peut-être tout le gouvernement.
La seule éventualité à laquelle ils n’avaient pas songé, pensa Yuan.
Quand Zélos avait accepté ces fiançailles c’était dans le but de faire tomber des têtes, mais à ce niveau là, c’était lui qui allait tomber. Jamais il n’avait pensé que le gouvernement était pourri à ce point. Zélos avait toujours eu des soutiens haut placés dans les décisions qu’il voulait  faire appliquer. N’était-ce qu’un piège ? Dans quel but ? En tout cas, les personnes qui avaient manigancé tout ça étaient très intelligentes. Elles avaient su ce que Zélos était prêt à faire pour faire valoir ces décisions en ce qui concernait les demi-elfes.
Lorsqu’ils étaient arrivés chez les Wilder, Yuan avait demandé à Sheena de mettre Zélos au courant des nouveaux éléments. Ce mariage était devenu inutile, si Zélos s’engageait il risquait de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit, et au pire, sa vie pouvait être menacée si on décidait de le faire taire. Lui, devait partir immédiatement se rendre dans la région de Sylvarant, car une idée avait jaillit de son esprit et il voulait la vérifier le plus vite possible.
Il avait souhaité bonne nuit à Sheena lorsqu’il était arrivé dans la chambre qu’il partageait avec tous les garçons, y comprit Zélos, pour empêcher que ce dernier ne fasse une ballade nocturne dans la chambre des filles. Idée adoptée à l’unanimité, au grand dam du jeune homme aux cheveux roux.
Mais la
jeune ninja était rentrée avec lui. Les bras croisés, elle semblait attendre quelque chose.
- Rends-moi ma bourse.
Effectivement, Yuan se souvenait lui avoir dit qu’il la lui rendrait si elle participait à la cérémonie de fiançailles. Cérémonie à laquelle elle ne comptait pas se rendre, bien qu’ayant officiellement été convoquée en tant que chef de Mizuho.
- Elle est ici, lui dit-il en désignant l’objet en question posé sur une petite table.
Sheena l’avait pris, mais il l’avait attrapé par le bras alors qu’elle était sur le point de partir. Elle l’avait regardé furieusement.
- As-tu parlé à Lloyd ?
À son expression, il devina que ce n’était pas le cas.
Yuan l’avait toisé du regard. Il lui tenait toujours le poignet orné de son précieux bracelet.
« Que comptes-tu faire ?
- Cela ne te regarde pas ! » avait-elle articulé de manière lente pour qu’il comprenne bien.

C’était à ce moment là que les garçons avaient fait irruption.

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1 décembre 2007

Chapitre 4: La mort d'Alicia - par SilverSheena

-Mr. Bryant !

Le jeune Président de la société Lézaréno se retourna. Une jeune fille âgée d’environ 12 ans venait de l’interpeller. Elle possédait de longs cheveux argentés, attachés par un ruban, et des yeux mordorés. La jeune fille joignit ses mains.

-Hm ?
-Sauriez vous par hasard…où est Alicia ? J’ai entendu dire qu’elle travaillait chez vous.
-…Je suis sincèrement désolé, mais…Alicia…nous a été enlevée.
-Enlevée ? Comment ça, enlevée ? fit la jeune fille avec une pointe de surprise.
-Le majordome de ma famille, George, l’a démise de ses fonctions, puis l’a amenée à quelqu’un. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue.
-Ah…excusez-moi de vous avoir dérangé, Mr. Bryant, dit la fille en s’inclinant. Au revoir.

La jeune fille s’éloigna, laissant le jeune Régal seul et perplexe. Alicia…que lui était-il arrivé ?
Le lendemain, il se trouvait non loin de l’hôtel d’Altamira, quand…

-Tiens, Régal…
-Que… ! Vharley ! Où est Alicia ?!
-Son corps n’était pas compatible avec les exsphères. La voilà, ton Alicia !
-C’est impossible…Alicia !
-Apparemment, l’expérience à réussi avec un autre membre de sa famille. Sur ce, je vous laisse…entre amoureux !

Une explosion retentit, dégageant des volutes de fumée. Un sourire apparut au coin des lèvres de Vharley, puis s’en alla.
Régal était à genoux, devant le corps inerte d’une créature, qui disparaissait peu à peu.
Une autre personne se trouvait non loin de là, et observait, horrifiée, un homme d’honneur et de confiance, tremblant devant le corps inerte qu’il venait de tuer…le corps d’Alicia Combatir.

Régal releva la tête. La même jeune fille que la veille se tenait devant lui, les larmes aux yeux.

-A...Alicia…comment avez-vous pu ?! Comment avez-vous pu la tuer, Mr. Bryant ! bégaya t-elle.
-Alicia m’a…elle m’a demandé de la tuer, dit Régal d’une voix éteinte.
-C’est impossible ! Elle n’aurait jamais pu dire ça !
- Je n’arrive pas à y croire, moi non plus…

La jeune fille se remit à pleurer de plus belle. Régal baissa les yeux. Il tendit à la fille un mouchoir, qu’elle saisit aussitôt. D’un geste rapide, elle plaqua ses cheveux argentés derrière ses oreilles, laissant voir le détail qui la différenciait des autres humains.

-Tu es une Demi-elfe, n’est-ce pas ? demanda Régal.

La jeune Demi-elfe, ainsi découverte, hocha la tête, consciente qu’elle ne pouvait pas dissimuler se particularité.

-Lorsque tu te seras calmée, passe me voir. Nous construirons ensemble la tombe d’Alicia.

La Demi-elfe hocha à nouveau la tête, puis s’éloigna.
Le jeune Régal partit également de son côté, avec son crime à l’esprit, mais aussi avec sa solution, celle qui permettrait à Alicia de le pardonner…

Régal continuait à expliquer pourquoi il l’avait embauchée, lorsque Hope l’interrompit.

-Mr. Bryant, je suis désolée.
-Ce n’est rien. Nous commentons tous des erreurs.
-Vous avez raison. Vous avez toujours été plein de bon sens…
-Hope, je suis sûre qu’Alicia devait beaucoup t’aimer, fit Préséa.
-Oui…elle était comme une grande sœur pour moi.
-Bref…si on allait manger ? suggéra Lloyd.
-Lloyd, tu as toujours faim…soupira Génis. Mais bon. Je mangerais n’importe quoi, du moment que ce n’est pas Raine qui cuisine…
-Génis…

Le jeune Demi-elfe se retourna. Son effrayante sœur venait de l’agripper par le col.

-Raine, non !
-SI !
-Lloyd, Zélos, Sheena, Préséa, n’importe qui, DE L’AIDE !!!

Toute la troupe éclata de rire. Hope et Préséa se regardèrent puis s’échangèrent un sourire.

-Au moins, vous avez ce sourire et l’amour d’Alicia en commun, dit Régal en esquissant un sourire.
-On peut aller manger ?

Hope se glissa aux côtés de Régal et lui murmura :

-Nous ne sommes pas les seules à aimer Alicia, n’est-ce pas, Préséa ?

La jeune fille aux couettes roses acquiesça, puis rejoint Raine et Génis, devant, laissant Hope songer à ce qu’il s’était passé après la mort d’Alicia…

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9 novembre 2007

Tales of Symphonia - Partie 2 - Chapitre 10 "Confrontations"

La nuit était tombée, enveloppant dans son écrin de soie noire le monde prospère de Tésséha’lla. La lune, tel une perle de nacre aux douces rondeurs, s’élevait haut dans le ciel moucheté de diamants scintillants.

Un petit groupe de marcheurs avançait le long d’un sentier forestier serpentant entre les épicéas et les mélèzes, à la lueur vacillante et timide de la lanterne brandie par l’homme de tête. Ses vêtements, aussi sombres que les sous-bois environnants, donnaient l’impression inquiétante que la lanterne flottait toute seule. La petite troupe avançait cahin-caha, leurs pas étouffés par le tapis d’aiguilles de pins à terre. À en juger par leur démarche hésitante, cela faisait un bon moment qu’ils cheminaient ainsi et la fatigue se faisait ressentir dans les rangs. Une des formes noires s’affaissa soudain sur elle-même, à bout de force. Aussitôt, une de ses compagnes se précipita vers elle.
  - ça va ? demanda-t-elle.
Elle s’avança vers la silhouette assise à terre et fit mine de la hisser sur son dos pour continuer le voyage. Cette dernière esquissa un geste.
«  Non, … non tout va bien. Je vais me lever dans cinq minutes. Juste le temps de souffler un peu, répliqua-t-elle.
- Non Colette, ça ne va pas et je le vois bien. Nous marchons depuis des heures maintenant et il est normal que tu sois épuisée.
- Mais toi tu continues d’avancer », fit la jeune fille sur un ton de reproche.
Elle s’en voulait d’être si faible. Elle était pathétique… Son intervention dans le village les avaient peut être sauvés d’une mort certaine mais à présent elle ralentissait tout le monde. Elle secoua la tête, essayant par ce geste de chasser sa fatigue et jeta un coup d’œil sur le reste du groupe en contrebas. Tous affichaient de sombres visages, nul besoin de lumière pour le deviner. Colette avisa Régal qui portait le corps de Génis sur son dos et soupira. Combien de temps tiendrait leur ami sans des soins plus poussés ? Régal maîtrisait des sorts de guérison mineurs et il avait pu enrayer pour un temps l’hémorragie. Cependant, durant leur fuite du village dévasté, les secousses, que l’ancien aristocrate n’avaient pu amortir, avaient rouvert la blessure du petit magicien et une tache écarlate s’étendait de plus en plus sur son torse.
Lloyd interrogea du regard leur guide qui était revenu sur ses pas en constatant soudain que certains s’étaient arrêtés en chemin. Leur destination était-elle si loin ? Ils avaient progressé toute l’après midi dans les collines s’étendant derrière Mizuho et s’étaient attaqués aux premières montagnes en début de soirée, ne s’accordant qu’une courte halte pour calmer leurs estomacs mourrant de faim.
- Il nous reste encore une bonne heure de marche avant d’atteindre le camp. Courage ! répondit le guide à sa question muette.
Encore une heure ! pensa Colette avec amertume.
Ses pieds lui faisaient un mal de chien à force de butter à chaque pas sur les racines qui ornaient le sentier. Exténuée, elle pensa avec délice à un bon bain chaud mais se ravisa presque immédiatement, un peu honteuse de ses pensées égoïstes. Avec un imperceptible soupir, elle accepta, résignée, la main amicale et chaleureuse que lui tendait Lloyd. Ce dernier la tira à lui et quelques secondes plus tard la jeune fille blonde se trouvait à nouveau sur ses pieds. Elle adressa à son ami un pâle sourire qui se voulait rassurant et la colonne de marcheurs se remit en branle sous les hululements des chouettes et autres rapaces nocturnes.

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Accoudé sur le rebord de sa fenêtre, Zélos contemplait avec une fascination certaine la mer démontée à ses pieds. Une tempête faisait rage depuis la fin de l’après midi et la fuite du jour n’avait en rien calmé les éléments déchaînés. Bien au contraire, alors que la nuit recouvrait de son noir manteau l’Abbaye du Sud-Est et ses alentours, le vent avait forci et les vagues s’étaient creusées davantage.
À présent, l’Elu offrait, avec délectation et sans retenue, son visage aux intempéries. Il lui semblait avoir trouvé là un dérivatif à la rage et la rancœur qui lui obscurcissaient l’esprit et lui tordaient les entrailles. Le tumulte de ses pensées trouvait curieusement écho dans chaque mugissement du vent, chaque vague s’écrasant furieusement contre la falaise quelques mètres plus bas, chaque roulement de tonnerre. Chaque éclair qui zébrait le ciel, éclairait durant une fraction de seconde la chambre d’une lueur fantomatique, révélant ça et là des meubles renversés, un pichet en terre finement travaillé gisant au sol, brisé. Le chandelier avait roulé sous le lit et les draps étaient éparpillés dans la pièce, claquant au vent. La pluie battante s’insinuait à l’intérieur depuis la fenêtre grande ouverte, inondant Zélos et le plancher.
Lorsqu’il était remonté, à la suite de son échange avec Kratos, la vue de cette chambre si propre et bien rangée l’avait insupporté au plus haut point, et dans un accès de fureur, le jeune homme avait tout bonnement dévasté la pièce, la rendant ainsi plus conforme avec son humeur du moment.

Que devait-il faire bon sang ? Quelle conduite adopter ? Jusqu’à présent il avait toujours su quelle décision prendre et à quel moment il fallait la prendre. Aujourd’hui, il était tout simplement perdu et tentait de se convaincre que tout ceci n’était qu’une petite crise passagère, une lubie – une de plus- sans grande importance. Il n’allait pas tout gâcher si prêt du but… Bientôt son statut écrasant d’Elu de la Régénération lui serait à jamais ôté… Il serait libre !... Libre… enfin ! … Libre d’aller et venir à sa guise sans avoir de compte à rendre. Libre de parler sans être jugé. Libre d’être lui-même sans que l’on décortique ses moindres faits et gestes. Il attendait ce moment depuis si longtemps. Combien de fois avait-il rêvé que l’on s’intéresse à lui pour ce qu’il était et non pour son nom, sa fortune, son pouvoir, ou encore sa personne ? Depuis bien trop longtemps maintenant, ce carcan l’étouffait, éteignait à petit feu son âme et le rongeait de l’intérieur...
Qu’ils aillent tous au diable ! Tous autant qu’ils étaient ! Puisque sa chère sœur avait l’air de tellement tenir à devenir l’Elue à sa place, qu’elle le garde ce foutu cristal ! Il n’allait surtout pas la priver d’un tel « privilège ». Mais qu’elle ne vienne pas se plaindre après.
Il éclata alors d’un petit rire nerveux sans joie.
Pourtant, plus il laissait libre cours à ses égoïstes pensées, plus le visage défait et terrifié de Sheena lui revenait en mémoire. Son cœur s’emballa alors bien malgré lui.
Sheena.
Non ! Arrête ça tout de suite Zélos ! Tu ne peux pas te permettre ça ! Pas maintenant !

Et il secoua la tête afin de chasser cette image qui semblait vouloir être collée à ses rétines. Une autre s’imposa à lui. Celle d’une jeune femme blonde à la beauté éblouissante, rougissant de son sang versé la neige immaculée. Une larme de douleur roula sur sa joue, invisible parmi les gouttes de pluie qui battaient son visage.
Mère !
Voilà bien longtemps qu’il n’avait pensé à elle. Cela faisait presque dix-sept ans en fait, et depuis ce jour maudit pas une seule fois il n’avait versé une larme. Dans son dernier souffle, elle lui avait fait promettre d’être fort, de ne jamais abandonner. Et, c’est ce qu’il avait fait… à sa manière toutefois. Il n’avait jamais montré ses faiblesses à personne, utilisant par contre celles des autres sans aucune retenue. Dans un monde qui ne voulait pas de lui, il avait su s’imposer, trouver sa place, et était rapidement devenu très peu scrupuleux sur les moyens employés pour y parvenir. Seul le résultat comptait. Cela bien sûr, n’avait pas été du goût de tout le monde, notamment du Pontife et de la monarchie qui pensaient faire de cet enfant investi de tant de responsabilité et de pouvoir, une marionnette dont il serait aisé de tirer les ficelles. Pourtant, le jeune garçon, encore endeuillé par la disparition brutale de celle qui l’avait mis au monde, s’était révélé beaucoup plus retord qu’ils ne l’avaient prévu au départ. Décidé à ne pas subir son destin mais à le créer, l’Elu était devenu une entité avec qui il fallait compter sur l’échiquier du pouvoir.
Mais aujourd’hui, si près du but qu’il s’était fixé, Zélos était las de toute cette mascarade grotesque qu’était sa vie. Il n’était plus tout à fait sûr de vouloir sacrifier la jeune Elue de Sylvarant sur l’autel de ses manigances personnelles. Une part de lui, lui soufflait de laisser de coté ses hésitations : il n’accomplissait là qu’un devoir envers lui-même. Il ne devait pas laisser passer sa chance. Elle ne se représenterait peut être jamais. Une autre part, cependant, doutait. N’allait-il pas, par son geste, perdre les seules personnes qui comptaient un tant soit peu à ses yeux ?
Il eut soudain la désagréable sensation d’être épié. Son échine se hérissa et ce n’était pas dû au froid glacial de la pluie diluvienne. Des années d’entraînement aux arts du combat avaient aiguisé cette faculté, propre à tout combattant, de percevoir l’hostilité tapie dans l’ombre et c’était ce qu’il ressentait à cet instant. Il se retourna vivement, la main sur la garde de sa dague, prêt à dégainer. Il ne vit pourtant rien et allait relâcher la tension qui engourdissait ses muscles lorsqu’un nouvel éclair déchira le ciel plombé. Accompagné du fracas assourdissant d’un coup de tonnerre, il illumina la chambre. Son cœur manqua alors un battement.

A coté du lit défait se tenait un être dont le regard vide et étrangement fixe laissait à penser que ce corps n’était qu’une coquille vide et sans âme. Un ange du Cruxis.
Mais qu’est ce qu’il vient foutre là lui… ? Et surtout, comment a-t-il pu rentrer alors que la porte est fermée à clé et que celle-ci est dans ma poche ?
Une sonnette d’alarme retentit avec force quelque part dans la tête de l’Elu qui retenait son souffle. Ce larbin d’Yggdrasill n’était sûrement pas venu là pour faire la conversation en toute courtoisie.
- C’est à quel sujet ? commença Zélos en prenant un air faussement décontracté.
Intérieurement pourtant, il était tendu à l’extrême.
L’ange releva lentement la tête vers lui, comme si les paroles que venaient de prononcer son interlocuteur l’avait réveillé d’une quelconque transe. Il planta son regard sans vie dans celui de l’Elu qui se sentit soudain très mal à l’aise. À croire que cet être étrange était en train de sonder son âme et ses pensées les plus intimes. Il tenta alors de faire le vide dans son esprit, mais plus il essayait, plus sa tête fourmillait d’images, comme si l’ange cherchait quelque chose de précis dans son sub-conscient. Le jeune homme se prit la tête entre les mains et appuya sur ses tempes avec force, essayant par ce simple geste de stopper ce défilé continu. La douleur lui vrilla le crâne et il tomba à genou, le souffle court, réprimant le cri de souffrance provoqué par cet exam mental.
- Non ! gémit-il piteusement.
L’ange haussa les sourcils d’étonnement, animant son visage de cire d’une mimique presque grotesque. Comment ?! Ce misérable humain osait essayer de se soustraire à la volonté de Lord Yggdrasill, son seigneur et maître ?! Une telle chose était tout bonnement inenvisageable ! La créature ailée poussa alors plus loin son intrusion dans l’esprit de l’Elu, broyant d’une main de fer ses dernières résistances.
Le sang battant ses tempes et les oreilles bourdonnantes, Zélos était au supplice. Il avait l’impression que son cerveau menaçait d’imploser à tout moment tant la douleur était vive et lancinante. Une lame passée au travers du corps n’aurait pas eu meilleur effet, il en était certain.
Ne pas penser… ne penser à rien… ne pas penser…
Telle était la litanie que marmonnait le jeune homme roux qui espérait ainsi pouvoir reprendre le contrôle de son esprit. Action dérisoire en réalité car le pantin d’Yggdrasill était infaillible. Une foule de sensations et d’images venaient assaillir Zélos complètement dérouté. Une multitude de jolis minois féminins passèrent devant ses yeux écarquillés - ses anciennes conquêtes comprit-il, dans un sursaut de lucidité - parmi lesquelles trois visages revenaient régulièrement, superposables et interchangeables à l’infini. Trois femmes. Une blonde, une rousse et une brune. Trois entités symboliques qui tourbillonnaient autour de lui tel des fantômes évanescents. La mère, la sœur et la femme…
- Arrêtez !!! Arrêtez ça ! supplia-t-il les yeux brouillés et la tête emprisonnée dans un étau de douleur.
Autant parler à un mur. L’ange du Cruxis, impassible continuait son office tandis qu’au dehors, la tempête battait son plein.

Une voix désincarnée semblant venir d’outre-tombe emplit soudain la pièce ravagée par les intempéries et les sautes d’humeur de son propriétaire, tandis que la boite crânienne de Zélos éclatait en milles éclats de verre. Ou tout du moins en avait-il la ferme sensation…
- Bien. Cela suffit comme ça. J’ai ce que je voulais savoir.
Le ton était dur, tranchant.
« Oui maître, ânonna l’ange d’une voix monocorde en relâchant la pression invisible qu’il exerçait sur le cerveau du jeune homme.
- Alors mon cher « Elu », reprit la voix glacée, teintée d’une pointe d’ironie. Aurais-tu envisagé une seule seconde de ne pas respecter tes engagements auprès de moi ? »
L’Elu en question resta immobile, prostré à même le sol, haletant. Il était bien incapable à présent du moindre discours cohérent. Sa conscience semblait être en miettes et au prix d’un douloureux effort, il tenta tout même de relever la tête.
- Réponds ! Réponds lorsque je m’adresse à toi misérable chien d’humain !!! fulmina la voix au timbre métallique.
Le dernier terme fut craché avec un mépris non dissimulé, comme si prononcer ces simples mots lui avait brûlé la gorge.
La douleur revint au galop dans le crâne de Zélos, fulgurante, et son hurlement fut aussitôt happé et noyé dans le mugissement du vent.
« Oui… je … je veux dire non. Ja- jamais je n’aurais… eu… l’audace… de…, parvint-il à répondre finalement, le souffle haché par la souffrance et le front baigné de sueur.
- C’est bien vermine. Je veux cette fille. Lorsqu’elle sera en ma possession, alors je te donnerais ce que tu désires si ardemment, lui susurra la voix envoûtante et traîtresse à l’oreille. Dans le cas contraire, je saurais m’assurer de ta « coopération ». Je sais où frapper à présent… »
Zélos tressaillit. Dire qu’il avait espéré l’espace d’un instant la laisser en dehors de tout ça. Qu’il était donc stupide ! Le jeune homme eut un sourire désabusé devant sa propre naïveté. Comment avait-il pu oublier ces règles élémentaires, lui rompu aux querelles intestines pour l’accession au pouvoir et dans lesquelles tous les coups étaient permis ? Ne jamais s’attacher, ne jamais donner à l’ennemi l’occasion de pouvoir vous atteindre et frapper, frapper toujours le premier.
- Tu n’auras donc pas fini de faire souffrir les femmes, mon pauvre petit chien…, railla la voix moqueuse du chef du Cruxis. Allez, va ! Et ne me déçois pas. Tu pourras bien le regretter sinon… et peut être bien plus tôt que tu ne le crois.

La chambre redevint subitement silencieuse et l’ange s’évanouit dans un halo scintillant, emportant avec lui la voix chargée de menace de son maître.
Zélos cligna des yeux, tant la scène qu’il venait de vivre semblait irréelle. La douleur qu’il éprouva en essayant de se relever, lui prouva sans plus tarder le contraire. Ainsi Yggdrasill savait ses doutes et ses interrogations. Il lui faudrait redoubler de prudence à l’avenir et jouer serré, conscient maintenant que la moindre faute de sa part pourrait avoir des conséquences qu’il ne tenait même pas à envisager. Péniblement il se redressa et expira profondément afin de chasser la douleur qui lui martelait le crâne. Un instant, un voile noir passa devant ses yeux et le jeune homme chancela. Sa main agrippa le rebord de la fenêtre, comme un noyé attrape sa bouée de sauvetage. Il se laissa ensuite doucement glisser le long du mur de moellons, hagard. Dans quel pétrin s’était-il encore fourré…
Pas de panique Zélos, … analyse les choses dans leur ensemble. Non mais quel abruti je fais ! J’avais bien besoin de ça tiens ! Comment je vais me sortir de cette situation maintenant ? … Oui bon, d’accord, je l’ai bien cherché… ça m’apprendra à jouer selon les règles du jeu de l’adversaire ! Le mal est fait maintenant et me voilà dans de beaux draps ! Qu’est ce que… qu’est ce je dois faire…Déesse ! Je vous en prie !
Un sanglot d’impuissance monta du fond de sa gorge et il eut beaucoup de mal à le réprimer. Mais en avait-il seulement envie ? Zélos se sentait de plus en plus perdu. Les derniers évènements venaient de fausser complètement son jugement et de balayer ce qu’il prenait hier pour des certitudes.
Bon, reprenons. Chaque chose en son temps… Mon cher Zélos, il va falloir que tu établisses des priorités. Oui c’est, ça ! Bonne idée ! Des priorités !
Il avait donné à Yggdrasill les moyens de l’atteindre. Par sa faiblesse, il avait permis l’inacceptable : être sous l’emprise de quelqu’un. Mais était-ce bien la première fois qu’une telle chose se produisait ? Force lui fut de constater, avec amertume, que non, malgré tous ses efforts d’autopersuasion pour se convaincre du contraire. Et comme il avait dû en faire des efforts, pour se maintenir éloigné d’elle ! Surtout après cette lointaine nuit d’hiver où ils s’étaient regardés pour la toute première fois. Comme il avait dû se faire violence, pour ne pas l’arracher séance tenante à cette famille pour qui seuls le paraître et l’honneur de leur nom comptaient. Surtout après cette soudaine étincelle qu’il avait perçu dans ses grands yeux bleus.
Mais il l’avait éloigné de lui.
Inexorablement.
Elle, sa demi-sœur, si détestée et à la fois si chérie. Détestée pour la dévotion que lui portait son père et sa belle-mère alors que lui ne récoltait que du mépris. Chérie, car au delà de cet état de fait, il avait trouvé en elle écho à sa propre solitude et son besoin d’amour.
Il s’était pourtant bien appliqué à sa tache. Trop peut être. Tant et si bien que les barrières qu’il avait volontairement élevé entre eux étaient devenues, au fil du temps, infranchissables. Pourtant, même le plus puissant des murs se fissure un jour ou l’autre.
Et puis, depuis quelques temps, il y avait également ELLE. Sheena. Alors que l’autopersuasion avait fini par fonctionner avec Sélès, avec Sheena cela s’était révélé impossible. Ses fanfaronnades incessantes et son air bravache ne lui servaient qu’à masquer son trouble face à elle. Trouble des sens et trouble de l’âme. En clair, il se donnait une contenance. Il n’avait pas prévu de s’attacher autant à la jeune femme. Bon sang ! Il était vraiment dans la mouise là… et jusqu’au cou ! Pour la première fois depuis longtemps, il avait peur pour une autre personne que lui. Un petit rire désabusé secoua ses épaules.
Rire qui mourut aussitôt. Une pensée sournoise venait de lui traverser l’esprit. Et si Yggdrasill avait décidé de faire un exemple et de mettre ses menaces à exécution ? Ses dernières paroles avaient été, en effet, on ne peut plus énigmatiques.
D’un bond, Zélos fut debout tentant de faire taire les battements désordonnés de son cœur et de contrôler la peur qui lui nouait les entrailles. Un instant il resta planté là, hésitant.
La jeune invocatrice était sous la bonne garde du Professeur et de Préséa en ce moment même. Elle ne risquait donc rien pour l’instant, ses deux compagnes étant là pour la protéger. Et il doutait qu’Yggdrasill se donnerait la peine d’accomplir lui-même la basse besogne. Il enverrait sans aucun doute un de ses sous-fifres. Connaissant la force de la demie-elfe et de la fillette à la hache, il ne doutait pas qu’elles seraient à la hauteur de leur adversaire à plumes. Par contre Sélès était seule.

La porte de la chambre s’ouvrit avec fracas et un jeune homme roux, étouffant une bordée de jurons, s’élança dans le couloir humide comme si l’Elite des enfers elle-même était à ses trousses tandis qu’au dehors, le tonnerre grondait toujours.

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Enfin ! Enfin ils étaient arrivés à destination. Jamais cette dernière heure de marche ne leur avait parut si longue.
Colette soupira de soulagement dès qu’elle se fut assise sur une grosse pierre plate qui jonchait le sol nu de la grotte où le village entier de Mizuho avait trouvé refuge. Elle retira ses bottines blanches et remua, avec une satisfaction non dissimulée, ses orteils douloureux et engourdis. Puis, elle prit le temps d’observer son environnement. Elle laissa vagabonder son regard fatigué sur les petits groupes rassemblés ça et là autour de feux de camps. Des tentures et des paravents avaient été dressés à la hâte afin de ménager un semblant d’intimité.
Le brouhaha avait cessé un instant lorsque la petite troupe avait pénétré dans l’excavation humide quelques minutes plus tôt. Que de visages anxieux les avaient dévisagés à ce moment là… qui cherchant un père, qui un mari, qui un fils ou encore un ami ! De la vaillante et fière unité de défense du Mizuho, il ne restait qu’une poignée de combattants.
Fidèle à leur réputation, les proches des victimes ne laissèrent rien transparaître de leur douleur et de leur tristesse Tout n’était que retenue et maîtrise de soi chez ce peuple, constata l’ange blond. Même dans l’épreuve, il restait stoïque en public. A Mizuho, les sentiments devaient restés cachés leur avaient expliqué Sheena et Orochi lors de leur toute première rencontre, et elle venait d’avoir la confirmation de cet adage.
Une forme se dressa devant elle et Colette sursauta violemment. Elle ne l’avait pas senti approcher. Ses sens d’ange faiblissaient-ils ? Impossible ! Et pourtant… Elle devait bien se rendre à l’évidence : elle n’était plus la même depuis un certain temps. Elle releva les yeux et aperçut une femme d’une quarantaine d’année environ qui semblait attendre que la jeune fille lui adresse la parole. Son regard était légèrement baissé et elle s’inclina devant elle en guise de salutation. Colette se redressa vivement, consciente de son impolitesse et invita d’un sourire engageant la femme à s’exprimer.
« Je m’appelle Atsuki mademoiselle. C’est Orochi qui m’envoie. Je suis guérisseuse et j’aimerais pouvoir examiner votre ami si vous le voulez bien.
- Bien sûr. Venez avec moi voulez-vous ? »
L’Elue attrapa la main de la guérisseuse qui parut surprise de cette marque de familiarité. Colette ne fit pas attention à sa gêne et l’entraîna dans son sillage. Seule la vie de Génis comptait à présent.

Lloyd releva la tête en apercevant la jeune fille blonde qui se dirigeait vers eux. Il remonta la couverture sur le corps meurtri de son ami, et après l’avoir confié aux bons soins de Régal, vint à la rencontre de Colette qui lui présenta Atsuki. Ce fut au tour du jeune épéiste de se saisir du poignet de la guérisseuse et la força à courir à sa suite, ce qui révélait du tour de force compte tenu du kimono serré qu’elle portait.
Anxieux, l’adolescent observait cette femme qui à présent palpait le torse de Génis brûlant de fièvre.
- Vous pouvez faire quelque chose ? demanda-t-il avec difficulté.
La guérisseuse fronça ses sourcils noirs sans pour autant répondre et Lloyd se renfrogna. Sensible à sa peine, Colette s’approcha de lui et serra doucement sa main dans la sienne.
- Il va s’en sortir Lloyd… j’en suis sûre, murmura-t-elle avec douceur, la tête posée sur l’épaule de son ami.
Ce dernier ne répondit pas. Trop bouleversé pour prononcer le moindre mot, il se contenta de hocher légèrement la tête et de serrer la main de la jeune fille plus fort dans la sienne.
Ce fût Atsuki qui les tira de leur mutisme en leur demandant, d’un ton qui ne souffrait d’aucune réplique, d’aller leur chercher de l’eau bouillante, des linges propres, ainsi qu’un petit mortier. Lloyd et Colette s’exécutèrent aussitôt.
«  Alors, qu’en pensez vous ? demanda Régal à Atsuki dès que ses deux amis se furent suffisamment éloignés.
- Votre jeune ami a reçu une sale blessure, répondit la guérisseuse tout en cherchant le pouls de Génis. Heureusement, rien que je ne puisse soigner. N’ayez, crainte. Il s’en sortira.
- Merci, fit Régal, visiblement soulagé.
- Seulement je me dois de vous prévenir. Je n’utilise pas la magie pour guérir mes malades et il mettra du temps à se remettre.
- Peu importe. Du moment qu’il vit, c’est l’essentiel.
- Alors, il vivra », conclut Atsuki.

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Un coup de tonnerre plus fort que les autres fit sursauter violemment la jeune fille rousse, lovée dans un fauteuil, qui laissa échapper le livre qu’elle était en train de lire. Maudissant sa réaction involontaire – ce n’était qu’un banal orage de fin d’été après tout – elle se pencha pour ramasser son bien et en profita tout de même pour rapprocher son siège de la cheminée. Ce n’était peut être qu’un orage tout ce qu’il y avait de plus ordinaire, pourtant ce genre de manifestation climatique ça n’avait jamais été son truc.
Soupirant, elle reprit sa lecture mais le cœur n’y était plus. Elle ne cessait de repenser à la présence de son frère en ces murs austères et de ressasser sa rancune à son encontre. Perdue dans la contemplation des hautes flammes jaunes qui crépitaient dans l’âtre, elle sursauta à nouveau lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit à la volée.

- Zélos ?
Sélès dévisageait à présent son frère avec de grands yeux ronds, intriguée. Le rouge aux joues et la chevelure en bataille, celui-ci tentait de reprendre son souffle en se tenant au chambranle de la porte, une expression visiblement anxieuse, voire paniquée, sur le visage. Il balaya d’un coup d’oeil circulaire l’ensemble de la pièce et fut soulagé de n’y trouver personne. Du moins en apparence.
- Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda Sélès, surprise.
Sans un mot, ni un regard pour sa sœur, l’Elu s’avança davantage dans la chambre et entreprit une fouille méticuleuse, rythmée par sa respiration bruyante et désordonnée. Tout y passa. Du dessous du lit au fin fond de l’armoire, sans oublier le derrière des tentures.
- Zélos ! Pour l’amour de Martel ! On peut savoir ce que tu fabriques ? explosa Sélès, furieuse.
Elle avait oublié à quel point son frère pouvait être sans gène et agaçant quand il vous ignorait volontairement. Remise de la surprise de le trouver face à elle, elle s’insurgeait à présent de le voir fouiller dans ses affaires et de violer ainsi son intimité.
Zélos referma les panneaux en bois de l’armoire – la dernière - et poussa intérieurement un petit soupir de soulagement. La pièce était vide de toute présence ennemie. La catastrophe semblait avoir été évitée de peu. Il se surprit presque à remercier Yggdrasill de n’avoir rien tenté. Aussitôt après avoir eu cette pensée, il s’infligea une claque mentale. Lui, implorer la clémence d’autrui ?... Il était visiblement tombé bien bas ces derniers temps…
Il sentit soudain une main agripper son avant-bras et le faire pivoter. Une Sélès au bord de la crise d’apoplexie, les yeux exorbités par la fureur, se trouvait à présent face à lui. Les vieux réflexes revenant au galop, le jeune homme afficha instantanément un sourire nonchalant et un brin supérieur.
- Vas-tu me répondre à la fin, Zélos ? vociféra la jeune fille. On peut savoir ce qu’il te prend de débarquer ici tout d’un coup sans même avoir été annoncé ? Et puis, qui t’a donné le droit de fouiller dans mes affaires ?
Si ses yeux avaient été des armes, nul doute qu’elle aurait abattu sur le champ cet impudent !
« Allons, allons, du calme petite sœur, commença Zélos en lui tapotant le sommet du crâne.
- Arrête de m’appeler comme ça sur ce ton condescendant, répliqua immédiatement Sélès sur la défensive. Et ne me touches pas !
- D’accord, d’accord… pas la peine de monter sur tes grands chevaux, frangine.
- Ne–m’appele-pas-comme-ça ! » martela la-dite frangine, au comble de l’exaspération.
Les rares fois où ils s’étaient vus, Zélos avait toujours eu le chic pour la faire sortir de ses gonds en un rien de temps. Et ce soir ne faisait pas exception à la règle.
Sélès se renfrogna et fit la moue. Le jeune homme n’avait toujours pas répondu à sa question.
« Alors ? fit-elle, hargneuse.
- Alors quoi ? rétorqua Zélos sans comprendre.
- Qu’est ce que tu fiches ici ? »
Le ton volontairement blessant peinât Zélos bien plus qu’il ne voulait l’admettre.
« Depuis quand dois-je obtenir une autorisation pour rendre visite à ma petite sœur chérie ? répondit-il dans un grand sourire tout en tentant une étreinte maladroite.
- Et depuis quand je suis ta petite sœur chérie ? fit Sélès, ironique, en se dégageant violemment. Première nouvelle… »
Visiblement excédée, elle se dirigea vers le fauteuil qu’elle avait précédemment quittée pour s’y laisser tomber en levant les yeux au ciel. Son frère suivit le mouvement et vint se planter devant elle.
« Ne sois pas si médisante voyons, susurra l’Elu un doigt posé sur le rebord de la cheminée tout en traçant ses contours d’un air absent.
- Je ne dis que ce qui est cher frère, dit l’adolescente en appuyant bien sur le dernier mot. Tu ne m’as toujours pas dit ce que tu venais faire dans cette abbaye reculée, à mille lieux des palaces que tu fréquentes d’habitude…
- J’avais simplement envie de voir comment tu allais après tout ce temps. Les retrouvailles ont plutôt été brèves tantôt.
- Et tu t’en étonnes ? A qui la faute, dis moi ?
- Quel cynisme ma chère…
- Je ne suis pas cynique, juste réaliste. Tu ne donnes plus signe de vie depuis près d’un an et tu voudrais que je t’accueille à bras ouverts ? Je ne suis plus une enfant facile à berner. Si tu es ici c’est qu’il y a une raison autre que le soudain désir de savoir comment je me porte à croupir dans cet endroit sinistre ! Ne me prends pas pour une imbécile !
- Ai-je déjà dit le contraire ? » fit Zélos sans se départir pour autant de son petit sourire satisfait.
Attitude qui horripila au plus haut point sa cadette.
« Zélos ! aboya-t-elle. Ou tu me donnes une raison valable à ta présence, ou tu fiches le camp de ma chambre et tu me fous la paix, c’est clair ?
- Mais puisque je te dis qu’il n’y a pas de raison particulière ! Tu commences à me courir sur le haricot là !
- Oh, mon pauvre chéri ! Je vais te plaindre tiens !
- Sélès, ça suffit ! gronda l’Elu de Tésséha’lla.
- Tu n’as pas d’ordres à me donner ! Tu n’as aucun droit sur moi ! Tu crois que tu peux te pointer ici la bouche en cœur et faire comme si tout t’était dû ? Pourquoi es-tu ici ? Pourquoi m’adresses-tu la parole ? Il me semblait que ma présence te gênait dans tes activités plus ou moins douteuses. »
Harcelé, pris au piège, Zélos essayait désespérément de trouver une échappatoire à cet interrogatoire qui commençait à tourner à son désavantage. Il détestait par-dessus tout se retrouver acculé et ce mal de crâne l’empêchait de réfléchir correctement. C’était son instinct qui l’avait précipité ici, guidé par la peur de perdre le seul membre de sa famille encore en vie. Mais ça bien sûr, pas question de l’avouer à la principale intéressée. Il avait une image à tenir que diable ! L’esprit tournant à cent à l’heure, il sortit la première excuse qui lui passa par la tête.
« Justement en parlant d’activités douteuses, j’ai besoin que tu me rendes ce que je t’ai confié.
- Quoi ?!
- Mon cristal du Cruxis Sélès, il me le faut et tout de suite.
- Non mais j’hallucine ! Et c’est pour ce caillou que tu as foutu le bordel chez moi ? explosa la jeune fille.
- Ce caillou, comme tu dis, est la preuve de mon statut d’Elu et pour mener à bien une mission de la plus haute importance, j’en ai besoin.
- Alors c’est uniquement pour ça que tu es venu… ? J’aurais du m’en douter… J’ai été bien idiote d’espérer le contraire, murmura doucement Sélès pour elle-même.
- Hein ? De quoi ?
- Non, rien ! répliqua la rouquine, hargneuse, en relevant le menton d’un air de défi. Oh, bien sûr je ne doute pas un instant que cette « mission » est prioritaire et doit relever au moins de la sécurité nationale! Laisse-moi deviner, elle doit comporter froufrous, jupons et dentelles ta mission de la plus haute importance, non ? Comme d’habitude remarque… »
Le ton était cinglant et sarcastique.
Ainsi il n’y avait que lui qui comptait. Sa mère avait raison… il n’y avait rien à attendre de lui. Pourtant, elle avait tellement espéré un changement… Changement qui ne s’était, hélas, jamais produit. Sélès sentit la rage s’emparer d’elle et gonfler encore et encore. Elle eut soudain une envie folle de lui faire du mal, de se venger de cette indifférence qui durait depuis des années. Pourquoi serait-elle la seule à souffrir et à payer les pots cassés ? Après tout, il avait une grande part de responsabilité dans cette histoire… Un petit sourire moqueur étira son visage.

- Mon cher Zélos tu crois que je n’ai pas compris ton petit manège ? commença-t-elle. Le cristal devient ton nouvel objet de parade maintenant ? Ton physique ne te suffit plus ? Ou alors c’est que tes groupies se sont lassées de tes petits tours, et tu as décidé de frapper un grand coup comme on dit ?
A moins que ça ne soit pour impressionner tes nouveaux pigeons ? Ils ont mis en doute ta soi-disant bonne foi et ton ego surdimensionné ne l’a pas supporté, donc tu viens récupérer le symbole de tes pouvoirs ?
Zélos voulut ouvrir la bouche pour argumenter, mais d’un geste impatient de la main, sa sœur le fit taire.
Chacune de ses paroles était comme un coup de poignard porté au coeur. Même si elle se trompait sur le véritable motif de sa présence, Zélos fut forcé de constater que Sélès savait frapper là où ça faisait mal, et en d’autres circonstances il dut bien reconnaître qu’il y avait une part non négligeable de vérité dans son discours.
- Non, ce n’est pas ça ? fit la rouquine avec un brin d’ironie dans la voix.
Constatant que son frère ne réagissait pas, elle continua sur sa lancée :
- Voyons voir… Ah, je sais ! Ça a un rapport avec cette fille que tu as ramené à l’Abbaye ce matin.
Enfin ! Enfin, elle avait perçu une légère crispation chez son interlocuteur. Un imperceptible froncement de sourcil était venu perturber son visage. Froncement qu’il avait d’ailleurs très vite masqué, signe qu’il était toujours autant maître de la dissimulation.
Sélès jubilait intérieurement. Elle avait trouvé une faille dans l’armure et sa colère contre le jeune homme était telle qu’elle s’empressa de s’introduire tête baissée dans la brèche.
- C’était donc ça n’est ce pas ? Qu’a-t-elle donc de si spécial cette fille pour que tu te donnes tant de mal ? Tu n’es pas encore arrivé à la mettre dans ton lit, c’est ça ? D’habitude elles sont plutôt du genre à en redemander pourtant… Et donc tu t’es dit que si tu lui exhibais ton cristal du Cruxis, elle te tomberait aussitôt dans les bras ? Tu me fais pitié mon pauvre… Tu crois donc que tout s’achète dans ce bas monde pour peu que tu y mettes le prix ?
Ainsi c’est donc tout ce qu’elle pense de moi ?... D’un autre coté, je n’ai jamais rien fait pour lui démontrer le contraire…Mais que puis-je y faire ? Je ne sais pas me comporter autrement…
Cette constatation lui laissa un arrière goût amer. Ce n’était pas tellement le fait qu’il ne voulait pas changer, c’était surtout qu’il ne savait pas comment s’y prendre. On ne lui avait jamais appris à être autrement que cynique, méprisant, calculateur et manipulateur. Et puis il avait bien fallu survivre au milieu de la meute… et il préférait de loin manger plutôt que d’être mangé…
Ce soir, il n’avait pas envie de se perdre dans une discussion sans fin sur le pourquoi du comment, il était las et n’était pas d’humeur à la joute verbale…. C’est pour cette raison qu’il lui servit sur un plateau le discours qu’elle avait envie d’entendre.
- Et bien pour te dire la vérité… oui.
- Quoi ?! fit Sélès estomaquée devant cet aveu. Alors tu n’as aucuns scrupules ?
- Pas le moindre, répondit Zélos. Si j’en avais eu à un moment donné, je ne serais plus là pour t’en parler figure-toi. Le monde n’est pas aussi simple que tu sembles le penser…
- Comment le saurais-je ? Je ne sors jamais d’ici !
- Et qu’est ce qui t’en empêche ? » rétorqua le rouquin.
Sélès en resta abasourdie. Comment osait-il évoquer sa réclusion alors qu’il en était la cause indirecte ? Tremblante de rage, elle s’efforçait maintenant de contenir ses larmes. Elle ne voulait pas se montrer faible et s’abaisser à pleurer devant lui. Hors de question de lui faire ce plaisir !
Pourquoi avait-il fallu qu’il vienne jusque ici, raviver ces plaies qui commençaient tout juste à cicatriser ? La haïssait-il à ce point ? Mais qu’avait-elle donc fait ?
Elle avait voulu lui faire mal, mais la situation s’était retournée contre elle, et à présent c’était elle et non lui qui souffrait. Elle était devenue l’arroseur arrosé…et elle ne faisait pas le poids à ce petit jeu là.
Craignant que la situation ne s’éternise, Zélos tendit la main sous le nez de la jeune fille en soupirant d’un air impatient. Sélès releva la tête et son frère put croiser son regard l’espace d’un instant. Ses yeux parlaient pour elle au-delà des mots. Il l’avait blessé. Profondément. Le temps qu’il comprenne ce qu’il venait de voir et les implications que cela supposait, sa sœur avait déjà reprit un visage neutre et seul le léger tremblement de sa lèvre inférieure trahissait son trouble. Elle le poussa sans ménagement et franchit à grandes enjambées l’espace qui la séparait de son lit. Elle s’agenouilla à terre, souleva le matelas avant d’y glisser son bras, farfouilla quelques instant sous le regard perplexe de l’Elu, puis en ressortit un petit coffret en bois marqué des armoiries des Wilder ainsi que de l’Eglise de Martel. Sans un mot, elle revint se planter devant Zélos et, les yeux rivés aux siens, lâcha la cassette à ses pieds, un air de défi sur le visage. Le frère et la sœur entrèrent alors dans un combat silencieux où chacun essayait d’écraser l’autre par la seule force de persuasion de son regard, tels deux fauves prêts à se jeter dessus, narines frémissantes et muscles bandés.
Ce fut Sélès, qui la première, cilla, ne pouvant supporter plus longtemps d’être exposé au courroux de son aîné. Son regard brûlant de colère l’avait pétrifié. Elle choisit la fuite à l’affrontement direct, une fois encore. Elle n’était pas assez sûre d’elle pour l’attaquer de front. Pas encore en tout cas. Haussant les épaules elle ramassa son livre, retourna s’asseoir dans son fauteuil de manière à lui tourner ostensiblement le dos et reprit sa lecture comme s’il ne s’était rien passé.
Zélos la scruta un instant encore, puis se baissa lentement pour récupérer le cristal du Cruxis dans son écrin. Ce caillou lui attirait décidément bien des contrariétés…
Perturbée par sa présence persistante, Sélès relisait pour la troisième fois la même phrase sans pour autant en comprendre le sens.
Va-t’en maintenant Zélos… Va-t’en… Dépêches-toi… Sors d’ici…
Les yeux fermés et les mains tremblantes, la jeune fille priait de toutes ses forces pour qu’il s’en aille au plus vite. Elle ne voulait pas craquer devant-lui.
Après un moment, qui lui sembla être une éternité, Zélos consentit enfin à tourner les talons. Lorsqu’elle entendit la porte se refermer, elle s’effondra en larmes.

Sélès s’étant enfermé à nouveau dans son mutisme – à qui la faute d’ailleurs – Zélos jugea préférable de s’en aller. Après tout, il avait constaté de ses propres yeux que sa sœur allait bien, il avait finit ce pourquoi il était venu. Bon d’accord, cela ne s’était pas tout à fait passé comme il l’aurait voulu, mais elle était toujours en vie… même si il était certain qu’elle devait le détester encore plus à présent… Et puis il avait récupéré son cristal. Il ne voyait en quoi il allait pouvoir lui servir pour le moment,… enfin autant l’avoir sur soi au moment où il devrait trahir ses compagnons de route, non ?… Il s’ébroua. Il verrait tout ceci en temps et en heure.
À pas de loup, le jeune homme roux quitta la chambre, non sans jeter un dernier regard en arrière. Tout d’un coup il se figea. C’était quoi cette chose grisâtre, qui avait dû être blanche dans les temps anciens, et qui dépassait du fauteuil de sa sœur ? Par Martel ! Il avait la berlue ou quoi ? C’était bien ce à quoi il pensait ? Non ! Impossible ! Et pourtant…
Il plissa les yeux pour mieux voir. Pas de doutes possibles. C’était bien l’écharpe qu’il lui avait donnée il y a longtemps. Il n’aurait jamais pensé qu’elle puisse y avoir accordé tant d’importance, au point de l’avoir conservé durant tout ce temps. Se pourrait-il qu’il se soit trompé ? Se pourrait-il qu’elle tienne finalement à lui au moins autant qu’il tenait à elle et que tout ceci ne soit qu’un masque de plus ? Après l’échange houleux qu’ils venaient d’avoir, pas question de vérifier sa théorie en tout cas. Il chercherait des réponses plus tard. Fort de sa nouvelle découverte sur sa sœur, il referma doucement sur lui la porte. Quelque part au fond de lui, une nouvelle digue venait de se briser.

------

Lloyd piquait du nez. Il s’étira afin de chasser l’engourdissement qui le gagnait petit à petit. Courbaturé par cette marche forcée et leurs récents combats, il fit rouler ses épaules afin de décontracter quelque peu ses muscles endoloris.
Tout était calme dans la grotte. Il caressa machinalement la tête blonde qui reposait, endormie, sur ses genoux, puis se tourna vers le petit corps trempé de sueur étendu à ses cotés. Loin d’être aussi rapides que les sorts de guérison du Professeur, les soins d’Atsuki s’étaient pourtant révélés assez efficaces. Il changea la compresse sur le front de Génis tout en écoutant sa respiration sifflante. Au moins l’hémorragie était enrayée et il ne délirait plus. Les avants bras, le torse et la gorge du petit magicien étaient couverts par une étrange mixture verdâtre et nauséabonde, mais ces cataplasmes avaient l’air de faire effet.
L’épéiste soupira. Pendant combien de temps encore ses amis allaient prendre les coups à sa place ? Quand serait-il assez fort ?
Colette gémit dans son sommeil et Lloyd passa doucement sa main sur sa joue ce qui apaisa immédiatement la jeune fille. Un petit sourire étira le visage de l’adolescent. Quelle que soit la menace qui pesait sur sa tête il ferait tout pour la protéger. Oui, tout…

------

Devait-il entrer ? Telle était la question que se posait Zélos depuis une bonne quinzaine de minutes. En sortant de chez Sélès, il avait voulut faire un petit détour et bien sûr il s’était retrouvé, comme de par hasard, devant la chambre de Sheena. Etrange, n’est ce pas ?
Il était là, perdu dans ses pensées, lorsque la porte s’ouvrir brusquement sur Raine qui eut un mouvement de recul en le trouvant subitement face à elle.
« Zélos ! On n’a pas idée de faire peur au gens comme ça ! J’ai failli avoir une attaque !
- Désolé Raine », rétorqua Zélos.
Mais le ton froid et neutre démentait fortement son propos.
«  Tu avais besoin de quelque chose ?
- Non, rien… enfin… si, bafouilla-t-il.
- Il faudrait savoir …», commença Raine visiblement agacée.
Puis son expression se radoucit.
- Tu viens aux nouvelles ?
Zélos acquiesça lentement.
«  Je peux la voir ? demanda-t-il.
- Je ne pense pas que ça soit une très bonne idée, tu sais. Elle est encore sous le choc et puis là elle dort. Je lui donné un autre sédatif.
- Raine… juste un instant…
- Bien, soupira-t-elle après un moment de réflexion. Je suppose que je n’ai pas le choix. Mais pas lontemps, hein ? »
La demie-elfe ouvrit la porte, s’effaça pour laisser entrer le jeune homme puis fit signe à Préséa de sortir.
«  Merci Raine.
- Zélos ?
- Oui ?
- Ne t’approche pas trop d’elle. C’est un conseil. »
Puis elle disparut dans le couloir sans que l’Elu ait le temps de creuser plus amplement la question.

Qu’est-ce qu’ils avaient tous avec leurs conseils en ce moment ? D’abord Kratos, maintenant Raine. Il était assez grand pour savoir ce qu’il avait à faire à la fin ! Comme s’il allait lui faire du mal en plus !
Il s’approcha du lit de Sheena. Sa poitrine s’abaissait et se relevait au rythme lent et régulier de sa respiration. Son visage de porcelaine était détendu et au creux de son cou reposait un amas de fourrure auquel le jeune homme ne prêta guère d’attention. Elle avait l’air si sereine en cet instant. Qui aurait dit qu’elle venait de se faire agresser quelques heures plus tôt…
Sheena grogna dans son sommeil et se retourna face à l’Elu de Tésséha’lla, la bouche légèrement entr’ouverte invitant à la découverte de contrées encore inexplorées. Hypnotisé par ces lèvres rosées, qu’il devinait sucrées, le jeune homme ne put s’empêcher de tendre ses doigts vers tant de douces promesses. Bien mal lui en prit. Aussitôt qu’il eut esquissé un geste en direction de la belle ninja endormie, un tourbillon de poils, surgi d’on ne sait où, se dressa devant lui, toutes griffes dehors, feulant et crachant.
L’intervention de la créature n’eut pas raison du sommeil de Sheena, imperturbable puisque encore sous l’effet du sédatif administré par Raine. L’Ishkal, car c’était bien lui, dardait sur Zélos ses yeux perçants, réduits à deux petites fentes jaunes sous l’effet de la fureur, le mettant au défi de s’approcher davantage. Un vrai petit diable hors de sa boite. L’Elu, quelque peu décontenancé, recula d’un pas.
- Ne t’inquiètes pas, je ne vais pas lui faire de mal, tu sais.
Et voilà qu’il parlait maintenant à un vulgaire animal, certes plus ou moins magique, mais bon, animal quand même. De mieux en mieux…
- Comme si tu allais me répondre, fit Zélos après un instant de silence. Je suis ridicule, vraiment.
Un petit sourire moqueur étira son visage et il avança d’un pas conquérant vers le lit…pour être aussitôt projeté à l’autre bout de la pièce ! Il se releva en grimaçant. Il avait heurté violemment une commode en bois et sentait encore les poignées en cuivre s’enfoncer entre ses côtes. Décidemment, ce n’était pas son jour aujourd’hui !
Il contempla l’Ishkal, tranquillement assit sur le ventre de l’invocatrice endormie, et le bouclier magique qui les entourait tout les deux tandis qu’il se massait le dos. Visiblement la barrière de Mana était de son fait, il était impossible que cela vienne de Sheena, elle n’avait pas bougé d’un pouce.
- Très bien, très bien. J’ai compris. Je regarde mais je ne touche pas, finit par dire Zélos en levant les mains devant lui en signe d’apaisement.
Et comme si elle avait compris ces paroles, la créature abaissa le bouclier, puis retourna à petits pas se nicher contre le cou de Sheena, sans pour autant cesser de fixer le jeune homme roux de son regard pénétrant.
L’Elu se laissa glisser le long du meuble en bois qui avait amorti son vol plané et se prit la tête entre les mains. Mais que faisait-il donc dans cette chambre à s’enquérir de la santé de cette fille ?
Cette fille…
Zélos soupira. En l’espace de quelques heures, il avait fait plus d’un écart à la ligne de conduite qu’il s’était imposé. Alors qu’il avait pris la décision de s’éloigner de tout ça afin de se concentrer uniquement sur son objectif, à savoir conquérir sa liberté par des moyens plus ou moins douteux, le voilà revenu à son point de départ. Cette chambre. Ou plutôt, cette fille justement. Sheena.
Tout ça à cause d’elle… tout ça pour elle… . Finalement, elle était une menace pour lui. Mais quelle délicieuse et troublante menace. Oui, une menace qu’il préfèrerait de loin tenir contre lui…
Zélos s’ébroua. Il tournait en rond et cela ne servait à rien. S’il y avait une décision à laquelle il devait se tenir dans sa vie, c’était bien celle-là. Plus question de faire marche arrière à présent. Il s’était trop aventuré sur le chemin de la trahison et des faux semblants. Peut être qu’en d’autres circonstances, il aurait fait demi-tour à temps mais aujourd’hui il était trop tard. Il soupira à nouveau, résigné.
Et bien, qu’il en soit ainsi… et advienne que pourra ! Il se releva péniblement, le dos voûté par le poids de sa propre culpabilité et des derniers doutes qui venaient l’assaillir. Avait-il eu raison ? Avait-il fait le bon choix ?
Il balaya d’un revers de main toutes ses interrogations. Il avait maintes et maintes fois passé en revue tous les scénarios possibles, et la proposition de Yggdrasill était bien trop intéressante pour être ignorée. Il voulut à nouveau s’approcher du lit et aussitôt l’Ishkal releva la tête.
- Oui, oui je sais ! De loin…, grogna le jeune homme.

De longues minutes s’écoulèrent alors qu’il contemplait, mains enfoncées dans ses poches, sa compagne d’armes. Comme lorsque Kratos, Préséa et lui l’avait arraché des cachots de Meltokio et qu’ils la croyaient morte, il y avait tant de choses qu’il aurait voulu lui dire… Mais aucun son ne sortit de sa bouche, et c’était peut être mieux ainsi. Ce qu’il ressentait à cet instant était tellement confus qu’il n’était pas sûr de savoir trouver les mots justes. Alors, il la regarda avec tout l’amour et les regrets qu’il pouvait ressentir, en ayant l’espoir enfantin que, peut être, cela l’atteindrait, et qu’elle comprendrait enfin ce qui se cachait derrière son masque.
Amour ?! Tiens donc, un nouveau mot dans son vocabulaire… Etrange que cela lui soit venu comme ça, presque naturellement. Mais que lui arrivait-il donc ? Etait-il si faible, si vulnérable, si… pitoyable lorsqu’il se trouvait à proximité d’elle ? Le troublait-elle à ce point ?
L’Ishkal avait à présent fermé les yeux, et un bruit sourd et régulier s’éleva du fond de sa gorge, tel un matou ronronnant de contentement. Cette sonorité, basse et envoûtante, eut pour effet de calmer Zélos, tendu par sa prise de conscience nouvelle, et qui se sentait à présent étrangement serein. Perplexe, il observa la petite créature, et bien que n’ayant aucune preuve matérielle, il était persuadé que celle-ci était la cause de son apaisement. Réagissait-elle aux sentiments des personnes qui l’entouraient ? Il n’aurait su l’affirmer. Ce genre de manifestations extrasensorielles, c’était le domaine de Raine ou de Colette, pas le sien.

Il s’arracha difficilement à la contemplation de la ninja endormie en entendant des bruits de pas dans le couloir. Sans aucun doute Raine qui estimait que le temps de visite avait assez duré.
-Adieu donc…, souffla-t-il en jetant un dernier regard à Sheena.
Puis il tourna prestement les talons et sortit de la pièce au moment où la demie-elfe, talonnée par Préséa, entrait.

_________

Le râteau de Zélos, épisode II :

Sheena grogna dans son sommeil et se retourna face à Zélos, la bouche légèrement entr’ouverte invitant à la découverte de contrées encore inexplorées. Hypnotisé par ces lèvres rosées, qu’il devinait sucrées, Z ne put s’empêcher de tendre ses doigts vers tant de douces promesses.

Z s’approche du lit.

Une explosion retentit et S disparaît dans un nuage de fumée tandis que l’Ishkal saute à la gorge de Z.

Z : Mais tu vas me lâcher sale bête ?!

Un éclair de sadisme brille soudain dans les yeux de l’Ishkal qui projete Z par la fenêtre grâce à la seule force de son mana.

Z (petit point disparaissant à l’horizon) : Vers l’infini et l’au-delà [1] ! La team Zélos s’envole vers d’autre cieeeeeeeeeeeeeeeeeux !

Ting ! (Z est devenu une étoile brillant au firmament)

A la place de S on peut voir le mot suivant sur le lit : « Même joueur, joue encore ! »

Naikkoh : Allez, Z, la prochaine fois ça sera la bonne !^^

[1]Réplique de Buzz l’Eclair dans Toy Story

[2]Réplique de la Team Rocket dans Pokémon.

Y a pas à dire, je m’améliore dans mes références moi xD ! Bientôt le monde des Bisounours et les Telletubies ? :p

Allez au prochain chapitre en espérant que je ne vais pas mettre 6 mois à le pondre celui là !^^

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2 novembre 2007

Chapitre 02: L'entêtement de Sheena - par Yuen

Deux jours plus tard.

Raine et Génis se tenaient aux portes de Meltokio. Ils étaient venus aussi vite que possible, conscients de l’enjeu du rôle que Raine avait accepté. La jeune femme se souvint du jour où Yuan était venu à leur rencontre.
Au départ, Raine n’avait pas saisi ce que lui voulait le jeune homme. Elle savait que la situation était délicate, ils l’avaient eux même subi. Elle ! Être la voix de tous les demi-elfes ! C’était inimaginable !
Pourtant, elle avait accepté sans une seule seconde d’hésitation. Elle n’en revenait pas elle-même, mais elle voulait agir comme elle l’avait déjà fait un an auparavant. Les problèmes seraient nombreux, elle en était consciente : d’une part il fallait que les demi-elfes lui fassent confiance et la reconnaissent comme étant leur leader ; d’autre part, il était sûr que sa vie serait en jeu, elle se devrait d’être prudente. Elle avait ensuite regardé son petit frère Génis qui semblait heureux de sa décision.
« Il ne se doute de rien » s’était-elle dit, et c’était mieux ainsi.
- Dis à Zélos que nous le retrouvons vendredi prochain, nous avons encore des choses à faire ici.
Ici c’était dans la contrée de Flanoir. Raine et Génis parcouraient le monde afin de retrouver des traces de leur mère, ainsi que d’étudier d’anciennes ruines.
La dernière piste sur leur mère s’arrêtait à Flanoir, et ils n’avaient pas pu poursuivre leurs recherches plus loin.
- Vous n’êtes pas les bienvenus demi-elfes » leur avait-on dit.
Ils avaient alors trouvé refuge dans une des nombreuses grottes que comptaient les montagnes environnantes.
« Ici aussi, avait-elle pensé, le monde ne s’était pas amélioré, au contraire. »
Génis l’avait alors regardé avec incompréhension et colère. Elle voulait pour lui un monde meilleur. Plus qu’une sœur, elle était pour lui une mère, c’est pourquoi elle voulait se battre afin qu’il n’ait plus à se cacher, ou à vivre dans la peur.
- Raine ?
Génis la tira de ses pensées.
- Allons-y !
Comme pour Yuan, ils ne purent rentrer dans Meltokio que grâce à la missive de Zélos.
« Regardez très chère, ce sont les demi-elfes qui ont accompagné notre élu. Notre Zélos est trop bon avec eux, il devrait se méfier avec ce qu’il s’est passé.
-Oui, il ne faut jamais faire confiance à des demi-elfes. »
Raine retint Génis par le bras lorsqu’elle le vit se diriger vers les deux commères.
« C’est inutile, t’énerver ne va rien arranger, au contraire »
-… »
Génis suivit sa sœur en silence, il n’aimait pas cette situation. Subir ces constantes humiliations sans rien dire était frustrant ! Mais il avait foi en sa sœur. Il savait qu’elle réussirait à démêler la situation. Ils pénétrèrent dans la demeure de Zélos sans savoir qu’une agréable surprise les attendait.

 Yuan était perplexe. Il réfléchissait tout en regardant une jeune femme allongée sur un lit de fortune. Il l’avait trouvé inconsciente dans une forêt non loin de Meltokio lorsqu’il avait quitté la ville. A première vue, elle n’avait pas été attaquée, mais son état était assez préoccupant.
La jeune femme ouvrit les yeux, elle avait déjà repris conscience plusieurs fois depuis hier, mais à chaque fois elle était retombée dans un profond sommeil.
Yuan constata qu’elle était un peu moins pâle. Les cernes sous ses yeux bruns s’étaient atténuées. Elle réussit même à se relever un peu. Ses longs cheveux noirs lui cachaient la moitié de son visage. Elle porta sa main sur son bras droit et Yuan regarda l’étrange bijou qui s’y trouvait. C’était une bague fixée à son majeur, reliée par deux chaînes de couleur argent à un bracelet représentant une sorte de serpent qui s’entortillait autour de son poignet.
Il se dit que ça devait être un objet important pour elle.
Elle leva les yeux vers lui, et sembla surprise de le voir. Elle ne devait pas se rappeler l’avoir vu les précédentes fois où elle avait repris conscience.
- Qu’est-ce que…, murmura-t-elle comme pour elle-même.
Elle regarda autour d’elle, un peu perdue.
Il savait qui elle était car il l’avait reconnu presque immédiatement, Sheena Fujibayashi, chef du village caché de Mizuho. Il ne savait pas ce qu’il s’était passé, mais cela devait être une affaire importante pour que le chef s’en charge personnellement, surtout dans cet état !
« Comment te sens-tu ? lui demanda-t-il plus par politesse que par réel soucis.
- … »
Yuan soupira, ça lui apprendrait à vouloir être poli !
- Je comptais aller à Mizuho, dit-il d’un ton abrupt, j’avais certaines choses à demander aux ninjas. Mais puisque tu es là…
Elle se leva brusquement, mais dût se rasseoir très vite car la tête lui tournait.
- Tu crois aller où comme ça ?
Sheena le regarda avec des yeux noirs.
-Je te dis ce que tu veux savoir, et tu feras comme si tu ne m’avais jamais vu !
« Je n’ai pas de temps à perdre » pensa-t-elle.
Yuan se contrefichait bien de ce qu’elle voulait faire, lui n’était là que pour avoir les renseignements que lui avaient demandés Zélos. La compassion n’était son truc, mais il fut déstabilisé par le regard froid et dur qu’elle lui avait jeté.
Sheena connaissait les évènements qui avaient eu lieu un peu partout dans le monde, ses hommes le lui avaient rapporté. Cependant, ces attaques n’étaient pas sa priorité. On lui avait confié une toute autre mission et elle seule pouvait la mener à bien ! Elle regarda de nouveau son bracelet. Il y avait eu de nombreuses pertes à Mizuho, tout ça à cause de… Elle se mordit la lèvre, il ne fallait pas qu’elle flanche. L’honneur de son grand-père, le sien, et celui du village entier était en jeu. C’était une histoire qu’elle devait résoudre seule !
Elle leva les yeux vers Yuan qui s’impatientait.
- Je veux savoir qui, dans les hautes sphères de Meltokio, tire les ficelles, fit-il d’un ton sec.
Sheena ne put s’empêcher d’avoir un rire sans joie. Ce rire était plus nerveux qu’autre chose, mais Yuan ne le comprit pas.
- Tu trouves ça drôle ? s’énerva-t-il. Les demi-elfes sont persécutés depuis des mois, Zélos t’a demandé de l’aide en espérant que tu pourrais l’amener à faire tomber les coupables. Tout le monde en ce moment, tous tes amis se démènent pour éviter une possible guerre. Et toi ? Que fais-tu pendant ce temps là, tu joues les petits chefs, mais en fait, tu n’es qu’une incapable !
Il ne voulait pas la blesser, juste la faire réagir. C’était comme si elle était en état de choc, elle ne semblait pas saisir la gravité de la situation. Seulement, la psychologie n’était pas le fort de Yuan, il avait passé beaucoup de temps seul et il manquait beaucoup de tact. La réaction de Sheena ne se fit pas attendre, elle le frappa de toutes ses forces. Il recula sous le coup infligé.
- Comment oses-tu ?..., fulmina-t-elle, tu crois que je n’ai rien fais ?
Elle s’approcha de lui menaçante.
- A ton avis, reprit-elle d’une voix rauque et inquiétante, dis-moi combien d’habitants de mon village sont morts en recherchant la vérité ? Hein, dis-moi ? Dis-moi ?!
Elle avait presque hurlé ces derniers mots, et Yuan pour l’une des premières fois de sa vie se sentit comme un idiot. Il aurait dû se douter qu’un drame s’était déroulé à Mizuho, mais ce n’est pas pour autant qu’il allait s’excuser. Au moins, il comprenait maintenant pourquoi elle ne les avait jamais contacté.
Il leva ses deux mains pour qu’elle se calme, mais Sheena prise d’un malaise s’était déjà rassise.
- Ce soir, le roi va annoncer les fiançailles de sa fille avec Zélos.
Sheena ferma les yeux tout en baissant la tête, elle semblait perdue dans ces pensées.
- Comme tu t’en doutes, il ne le fait pas par plaisir. C’est le seul moyen pour lui d’accéder à un rang qui lui permettra de démasquer et de confondre les traîtres. Alors si tu disposes de ces informations, c’est le moment où jamais !
Sheena prit son visage entre ses mains et secoua la tête.
- Il va vraiment le faire alors, finit-elle par dire d’une voix étrangement calme.
Il avait pensé que cette nouvelle la bouleverserait quelque peu, mais décidément cette fille était imprévisible !
Au fil du temps, Yuan avait vraiment finit par apprécier Zélos. Au départ il avait été dubitatif quand celui-ci était venu le voir pour lui proposer de s’entraider. Il le trouvait vulgaire, stupide, et trop égoïste. Mais au final, le vrai Zélos, et pas l’élu tel qu’il voulait le montrer, était une personne franche, sérieuse, qui savait donner de sa personne. Il lui rappelait ses anciens amis. Si Martel était encore en vie, il était sûr qu’elle aussi l’aurait apprécié. C’est pourquoi il voulait lui venir en aide.

 
« Ce n’est pas la faute de Zélos, ce n’est pas la faute de Zélos », se répétait Sheena dans sa tête.
Elle était la seule responsable. En tant que chef de Mizuho, elle devait assumer seule les erreurs commises par son village. Son grand-père comptait sur elle. « Pardonne-moi pour tout » lui avait-il dit.
Faible, elle se sentait faible et impuissante à la fois. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait eu envie de se confier à quelqu’un. Quand elle avait reçu la lettre de l’ancien élu lui demandant ses services, elle aurait aimé tout lui raconter, mais sa fierté de ninja l’en avait empêché. Et si elle l’avait fait, cela aurait-il changé quelque chose ? Non, c’était sûr ! Elle en était convaincue, elle ne voulait pas avoir de regrets. En plus, elle savait qu’il se serait moqué d’elle. C’était-elle le chef, elle devait pouvoir imposer ses décisions ! Il n’aurait pas compris.
- Mon village ne sera pas d’une grande aide, j’ai ordonné à mes hommes de ne plus enquêter sur ces attaques. Quelqu’un a éliminé tous les espions que j’avais envoyé, quelqu’un de fort !
Elle sentait la rage monter en elle.
- Le complot contre les demi-elfes ce n’est que la partie visible de l’iceberg, continua-t-elle, je ne peux rien te dire de plus pour le moment. C’est pourquoi je dois continuer mon enquête.
Une grande tristesse la submergea.
-Dis à tout le monde de rester sur leurs gardes, l’homme qui a tué mes hommes pourrait s’en prendre à eux s’ils s’approchaient un peu trop de la vérité.
Yuan la regardait de son air impassible et elle baissa les yeux pour ne pas qu’il voit qu’elle n’avait pas dit toute la vérité. Elle était tiraillée entre l’envie de tout lui avouer et celle de protéger son secret.
- Tu diras à Zélos…
Elle n’eut pas le temps de finir, Yuan venait de lui assener une gifle.
- Imbécile ! Tu iras lui dire toi-même ! Tu penses pouvoir effectuer ta mission seule dans ton état ?
Il eut un rire moqueur que Sheena n’apprécia pas.
-Tu as des amis de confiance qui t’attendent, qui seront là pour t’accompagner. Tu penses pouvoir survivre combien de temps comme ça ?
Il avait raison, elle était trop affaiblie pour continuer son voyage seule, mais elle n’avait pas envie d’impliquer ses amis. Cependant elle savait que Yuan ne la laisserait pas partir. Il sortit de sa poche une petite bourse que Sheena reconnue aussitôt.
- Rends la moi ! s’écria-t-elle.
Il la fixait avec des yeux on ne peut plus sérieux.
-Je te la rendrais à la seule condition que tu me suives jusqu’au palais.
Il n’y avait pas à discuter. Sheena voyait bien à son expression qu’elle n’avait pas le choix. Il avait en parti compris pourquoi elle était dans cet état de fatigue. Donc il devait aussi savoir qu’elle ne lui avait pas dit tout ce qu’elle savait.
-Très bien, dit-elle simplement.

Yuan n’avait rien contre Sheena, mais son entêtement l’agaçait au plus au point. Il connaissait assez les coutumes de Mizuho pour comprendre que Sheena ne veuille rien dire de sa mission : les problèmes du village restaient ceux du village. C’était une question d’honneur pour eux et Sheena ne voulait pas jeter la honte sur celui-ci. Même si elle était le nouveau chef, elle risquait de graves sanctions.
Mais la situation ne concernait pas que Mizuho, le monde était menacé, c’est pourquoi il ne comprenait pas qu’elle fasse tant de mystères. Quand il l’avait trouvé dans la forêt, il avait également trouvé sur elle cette petite bourse à l’intérieur de laquelle brillaient des joyaux.
Quatre, précisément. Elle avait passé quatre pactes avec des esprits originels. Si elle l’avait fait en un court laps de temps, cela expliquait pourquoi elle s’était évanouie. Conclure des pactes demandait une certaine énergie. De plus après la destruction des temples, elle avait dû faire d’importants efforts pour se frayer un chemin jusqu’aux autels.
Mais pourquoi ces pactes, ne cessait-il de se demander, que savait-elle qu’ils ignoraient pour vouloir un tel pouvoir ?

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