Chapitre 06: Le traître de Mizuho
Il faisait chaud sous le soleil du
désert. Yuan marchait depuis des heures dans la vaste étendue de sable. Depuis
qu’il avait quitté Meltokio, il avait parcouru beaucoup de chemins, notamment dans la région de Sylvarant et comme il s’en
était douté, celle-ci avait été plus touché que Tesseha’lla par les attaques
imputées aux demi-elfes. Il avait rencontré à maintes reprises des soldats de
la garde de la cité royale, venus prêter main forte. Cependant, il avait relevé
un fait curieux : ceux-ci ne semblaient pas protéger les villes
d’éventuels assauts. Leurs campements étaient en effet trop éloignés des
habitations pour leur permettre d’intervenir en cas de danger immédiat.
Yuan, intrigué, s’était dit qu’une
petite enquête s’imposait. Il voulait savoir ce qu’il y avait derrière tout ça.
Pourquoi dépêcher toute une armée qui, au final, ne servait à rien ? Il avait
justement aperçu un de ces campements en plein milieu du désert, assez loin de
la ville de Triet. Pour être sûr de ne pas se faire repérer, il décida qu’il
était plus sage d’attendre le crépuscule et surveilla de loin leurs étranges
activités. Au fur et à mesure que les heures défilaient, des hommes, par groupe
de trois ou quatre, revenaient par des directions différentes à leur camp. Ce
que Yuan ne comprenait pas, c’était que les soldats étaient équipés de pelles.
« Il y a plus performant comme armes » pensa-t-il avec une pointe
d’humour.
Quand la nuit tomba enfin, il
s’infiltra prudemment à proximité d’un groupe de soldats. Ceux-ci montaient la garde près d’une tente quand un de
leur supérieur vint leur donner des ordres.
« Demain on plie le camp, il
n’y a rien ici.
- Oui, chef ! »
L’homme partit et Yuan put entendre
les soldats discuter entre eux.
- Tant mieux ! soupira
l’un des soldats, j’en ai plus que marre de ratisser le coin pour trouver je ne
sais quoi. J’ai pas signé pour creuser des trous dans le sable, moi !
Les autres approuvèrent.
« Je pensais qu’on allait
capturer des demi-elfes, tu parles !
- Il faut dire que les
prisons sont déjà pleines, fit un autre soldat fataliste. Bientôt on va être
réquisitionné pour en construire d’autres ! »
Des prisons! Yuan était de plus
en plus intrigué, mais il comprenait à présent pourquoi il n’avait pas croisé un
seul demi-elfe depuis un moment. Ceux qui n’avaient pas été capturés devaient
se cacher quelque part. Mais pourquoi le gouvernement avait tenu cette
information secrète ? C’était plutôt insensé, le roi aurait dû la rendre
publique afin de rassurer la population ! Pourtant ce n’était pas le cas.
Il quitta le campement tout en
prenant garde de ne pas se faire remarquer, ce n’était vraiment pas le moment.
Il devait informer Zélos et vite !
Sur le chemin du retour, Yuan
essaya de mettre en relation les informations qu’ils avaient, mais rien ne
semblait logique. Il savait que le roi avait l’ambition de soumettre Sylvarant
à son autorité : il lui suffisait d’accuser les demi-elfes des attaques et
d’en d’organiser quelques une dans sa région afin de ne pas éveiller les soupçons.
Enfin, il portait secours à son voisin totalement démuni. Ainsi, il passait
pour le grand sauveur et montrait que Sylvarant, moins avancé au niveau
technologique et surtout militaire, ne pouvait se passer de lui. Mais alors
pourquoi ces soldats étaient ici au lieu de secourir la population ? Et
surtout, que recherchaient-ils ?
Il lui semblait plus que probable
qu’une personne agissait dans l’ombre. Malgré ses défauts le roi n’aurait jamais
mis un tel plan à exécution. Il n’aurait pas mis en danger la vie de ces
concitoyens juste pour assouvir ces ambitions politiques. Quelqu’un l’y avait
poussé ou forcé, et cette personne avait un tout autre but que le roi.
La nuit était noire, mais Yuan décida
de continuer sa route pour arriver le plus rapidement possible à Triet afin d’y
récupérer son ptéroplan. Il devait rejoindre Meltokio dans les plus bref délais
et mettre Zélos au courant de ces nouvelles informations. Il n’aimait pas ce
qu’il venait d’apprendre. Encore une fois les demi-elfes faisaient les frais de
gens peu scrupuleux.
Alors qu’il approchait de la
ville, une étrange lueur provenant de l’est attira son attention. Yuan hésita
un instant, regardant cette nitescence qui embrasait l’horizon. Il ne savait
pas exactement sur quoi il allait tomber là bas, mais sachant que des vies
étaient peut-être en danger, il s’élança finalement en direction de cet
incendie.
Quand il arriva, il n’y avait
plus rien à faire. Il ne put que constater le spectacle de désolation qui
s’étendait devant lui. Le village, totalement dévasté par les flammes, n’était
plus que débris. Certaines maisons brûlaient encore laissant s’échapper une
épaisse fumée noire. Quelques survivants s’étaient regroupés à l’écart du
sinistre. Apparemment, d’après ce qu’il comprit, ils avaient été attaqué la
veille, mais aucuns de ces gens ne voulut lui en dire plus. Ils se méfiaient de lui et il les comprenait.
Voulant tout de même se rendre utile, il s’aventura alors dans ce qui restait
de la petite ville à la recherche de potentiels blessés. Des corps jonchaient
les rues, il semblait ne plus y avoir de survivants. C’est alors qu’il aperçut
un homme allongé par terre. Celui-ci émettait de faibles gémissements de
douleur. L’homme était à moitié mort au milieu des décombres encore brûlants. Comprenant
qu’il ne pourrait rien pour le sauver, il s’agenouilla auprès de lui. Mourir
seul, dans la souffrance était ce qu’un homme redoutait le plus. Yuan lui
demanda ce qui était arrivé et ce que l’homme lui raconta, la voix faible, le
médusa. Un homme, un seul homme, avait réussit à décimer presque tout un
village.
- Cet homme…, lui dit-il, il
est…vraiment…dangereux.
L’homme lui agrippa soudain le
bras. Sa fin était proche.
- Il…un…ninja…souffla-t-il.
Il murmura autre chose avant de
s’éteindre, mais Yuan ne le comprit pas. Il resta de longues minutes devant la
dépouille de l’homme. Il réfléchissait, mais ne trouvait pas de cohérence avec
ce qu’il savait déjà. Après avoir enterré le corps, il prit une décision. Sa
prochaine étape serait le village de Mizuho.
A Meltokio, quelques heures plus
tôt, Sheena, elle aussi avait pris une décision. Assise sous la douche, l’eau
se mêlant à ses larmes, elle se remémorait les instants qu’elle avait passés
avec ses amis. Elle ne voulait pas partir. Elle aurait aimé rester ici seulement
elle ne pouvait pas. Cela lui déchirait le cœur.
Quand elle sortit de la douche,
elle s’enroula dans un peignoir qu’elle noua autour de sa taille. D’une main,
elle enleva la buée qui s’était fixée sur le miroir et regarda son reflet
quelques instants. Ses yeux étaient gonflés et rougis par ses pleurs. Elle se
sentait vraiment idiote comme ça, se lamenter n’allait pas changer la
situation. Tout en peignant ses cheveux humides, elle réfléchissait à un plan
d’action. La fenêtre de la salle de bain, située à l’étage, était ouverte. Bien
sûr elle avait tiré les rideaux pour éviter que Zélos ne soit tenté de la
déranger, et de dehors elle entendait les rires de ses amis qui avaient décidé
de profiter du soleil. Ils étaient si insouciants ! Elle en était presque
jalouse.
Elle savait ce qu’elle devait
faire, attendre que Yuan revienne ne lui servait à rien. Cette nuit elle
partirait ! Son village comptait sur elle. C’est alors qu’elle aperçut une
ombre suspecte. « Je vais le tuer !! » pensa-t-elle croyant
avoir affaire à Zélos, mais quand l’image de l’ombre se refléta dans le miroir
elle se pétrifia.
C’était lui, l’homme qui avait
trahit Mizuho ! Sheena sentit ses jambes trembler, elle avait la gorge
sèche et le souffle court. L’homme vêtu comme un ninja s’approcha d’elle.
- Tu n’as pas l’air ravie de me
voir, dit le ninja. Je ne t’ai pas manqué ?
Sheena fit un effort pour ne pas
s’effondrer. Mais que lui voulait-il encore ? Pourquoi la torturait-il
ainsi ? Elle lui tournait toujours le dos, elle n’avait pas le courage de
l’affronter.
- Qu’est-ce que tu veux ? finit-elle
par dire la voix étranglée.
Il lui passa un bras autour
d’elle pour attraper son bras . Il regarda
quelques instant le bracelet qu’elle portait. La jeune femme ravala les
sanglots qui lui montaient à la gorge. Il la retourna brusquement face à lui.
- Ce que je veux ? répéta-t-il
avec un sourire carnassier. Il me semble que tu le sais déjà, non ?
Il lui caressa le visage d’une
main, l’autre serrant le cou de Sheena.
« J’avais espoir que tu ais
changé d’avis ma chère Sheena, à nous deux nous pourrions être
invincible !
- Tu n’es qu’un
traître ! »
Il ria comme si cela avait été un
compliment.
- N’oublie pas ! Que tu le
veuilles ou non, c’est grâce à toi que je réussirai. Autant te faire à cette idée
et de me rejoindre. Sinon…
Il se pencha vers Sheena qu’il
tenait à présent fermement par les cheveux et lui murmura quelque mot à
l’oreille. La jeune femme eut un regard horrifié.
- S’il te plaît, non ! le
supplia-t-elle.
Il la relâcha et se dirigea vers
la fenêtre. Il souleva légèrement un des rideaux et regarda quelques instants dehors.
Sheena en profita pour se diriger vers la porte. Discrètement elle la
déverrouilla. Il lui fallait une issue. Mais le ninja remarqua son manège et
d’un bond fut près d’elle.
- Où crois-tu aller comme
ça ? lui demanda-t-il d’un ton sombre.
Il l’éloigna brutalement de la
porte.
- C’est une très mauvaise idée,
l’avertit-il.
Il approcha son visage de celui
de la ninja.
- Tu ne voudrais pas me vexer,
n’est-ce pas? J’ai pris de gros risques pour venir te voir, alors
j’attends de toi que tu sois sage et obéissante.
Il l’embrassa. Sheena essaya de se dégager mais il renforça son
étreinte. Une fois que ses lèvres quittèrent celles de la jeune femme, il la
serra contre lui et lui caressa les cheveux.
- Tu vois que tu peux être sage,
murmura-t-il très satisfait de lui. Je ne te ferais jamais de mal tu le sais
bien.
Non, elle ne le savait pas
justement. À cause de lui, elle et son village avaient beaucoup soufferts.
- Cependant, continua-t-il en la
libérant de ses bras, pour tes amis…
Sheena le vit de nouveau se
diriger vers la fenêtre et sans qu’elle ne puisse réagir, il sortit un petit
poignard ninja et le lança brusquement, avec un geste habile, en direction de
ses amis.
- Non ! cria-t-elle.
Dans le patio, Lloyd s’était
allongé dans l’herbe. Il était trop bien ! Il regarda Génis qui s’était
assoupi à côté de lui.
- Lloyd ! Viens jouer avec
nous ! lui proposa Colette en lui faisant signe.
Il déclina l’offre d’un geste. La
jeune fille et Préséa s’amusaient comme de vraies gamines avec un chien que
Colette avait absolument voulu recueillir lorsqu’elle l’avait aperçu en ville
ce matin, errant d’un air malheureux.
Il entendit alors Raine soupirer
pour la énième fois. Assise sur une chaise, un livre à la main dont elle
n’avait pas tourné la moindre page depuis des heures, la jeune femme semblait
être perdue dans ses pensées. Depuis quelques jours, elle passait ses journées
à aller en ville, et à chaque fois elle revenait avec un air déçu et morose. Il
n’osait pas lui demander ce qu’elle avait. Zélos l’avait charrié à ce sujet, en
lui demandant si elle cherchait son amoureux. Raine s’était alors fâchée contre
lui. Lloyd s’était donc dit qu’il ne valait mieux pas qu’il se mêle de ses
affaires.
En repensant à la tête de Zélos
lorsque Raine lui était tombée dessus, il le chercha du regard.
- Régal, il est où Zélos ?
demanda-t-il.
Régal haussa les épaules et leva
les yeux au ciel.
- Il est parti depuis dix
minutes, il avait une chose « importante » à faire. Cette espèce de
pervers est vraiment incorrigible !
Tous savaient qu’à ce moment là
Sheena prenait une douche, c’était ce qu’elle faisait toujours après s’être
entraînée.
- A mon avis, continua l’homme
d’affaire, on va tarder d’entendre hurler Sheena !
Mais ce ne fut pas Sheena qui
hurla. Lloyd eut l’impression que son sang s’était figé dans ses veines. Le
hurlement de Colette retentissait encore dans ses oreilles quand il la vit
s’effondrer.
- Colette !
Du sang, il y en avait beaucoup
autour de la jeune fille. Tous s’étaient précipités vers elle. Colette,
allongée sur le ventre, les yeux fermés, ne bougeait plus. En examinant son
amie d’une pâleur inquiétante, Raine retira le projectile qu’elle avait reçu
dans le dos.
- C’est une arme ninja!
Elle l’avait aussitôt reconnu,
Sheena avait les mêmes. Elle leva alors les yeux en direction de la fenêtre de
la salle de bain où elle aperçut la jeune femme qui disparut aussitôt derrière
les rideaux.
- Mais pourquoi ?... Un
ninja ?...
Lloyd ne comprenait pas qui
aurait pu vouloir du mal à Colette. Il ne souhaitait qu’une chose :
qu’elle se réveille, qu’elle lui parle, qu’elle lui sourit. Une sorte de rage
monta en lui. Celui qui avait fait ça allait le payer !
Raine resta un moment à réagir et
se fut la voix inquiète de Lloyd qui l’extirpa de son état.
- Raine ! Mais qu’est-ce que
tu fais ? lui hurla Lloyd. Tu vas laisser Colette comme ça ?
La jeune femme se reprit. Il
avait raison, il fallait qu’elle soigne la jeune fille, elle ne savait pas ce
qu’il s’était passé dans sa tête. Un doute immense l’avait submergé, elle n’y
croyait pas, mais pourtant …
Les mots que lui avait dit son
bel inconnu résonnaient dans sa tête. Et si c’était vrai, et si Sheena les
avait trahi ! Mais pourquoi vouloir tuer Colette, pourquoi maintenant ?
Rien n’était logique ! Il fallait qu’elle ait confiance en la ninja, elle
n’aurait jamais fait ça.
Raine chassa ses pensées noires
d’un mouvement de tête, sa première priorité pour le moment, c’était la vie de
Colette.
Zélos s’était éclipsé du patio,
son esprit pervers lui ayant suggéré de rendre une petite visite à Sheena.
Posté derrière la porte, il attendait qu’elle sorte de la douche. Au bout d’un
moment, l’eau s’arrêta de couler. Il tourna alors la poignée de la porte le
plus discrètement possible, malheureusement pour lui, elle était fermée à clef.
- ça aurait été trop beau ! soupira-t-il.
Il tenta de forcer la serrure,
comme il l’avait déjà fait maintes fois , mais s’arrêta net lorsqu’il entendit
une voix d’homme provenant de la pièce. Il resta près de la porte pour écouter,
mais il ne comprenait qu’un mot sur deux. Il pensa alors que c’était un ninja
qui faisait un rapport à Sheena. Il aurait pu choisir un autre endroit !
« Déranger une femme dans sa
salle de bain ne se fait pas ! » pensa le plus grand pervers du monde !
Il entendit à un moment le loquet
de la serrure s’ouvrir et ne comprit qu’après coup que s’était Sheena qui
l’avait ouvert.
« C’est bien Sheena ! Bonne
initiative !» pensa-t-il.
Il allait enfin pouvoir voir ce qu’il
se tramait à l’intérieur. Il entrebâilla légèrement la porte et ce qu’il vit
lui pinça le cœur. Un étrange sentiment qu’il ne connaissait pas l’envahit. Un
homme dont il ne voyait pas le visage embrassait une Sheena à peine vêtue. Il
détourna alors les yeux, ce n’était pas le spectacle qu’il imaginait voir. Il
était prêt à repartir quand il entendit la jeune femme crier.
Il fit alors valdinguer
brusquement la porte et eut tout juste le temps d’apercevoir l’homme qui se
tenait sur le rebord de la fenêtre, que celui-ci s’évapora littéralement, comme
par magie. Il vit Sheena courir à la fenêtre et regarder en bas. Elle porta une
main devant sa bouche un air d’horreur sur le visage. Elle revint vers Zélos,
totalement affolée.
- Colette est blessée, il l’a
blessé…elle ne bouge plus !
Il ne comprenait pas. Mais
qu’est-ce qui se passait ? Pourquoi Colette serait-elle blessée ? Et
que venait-elle faire dans cette histoire ? Sheena le prit par le bras
pour lui montrer ce qu’il n’avait pas encore vu. Colette était allongé à terre
une marre de sang autour d’elle, Raine à ses côtés la soignait. Zélos devint
livide.
- Pourquoi… ? fit-il tout
simplement à Sheena qui doucement se laissa glisser sur le sol un air de
profonde terreur dans les yeux.
Elle secoua la tête. Mais qu’on la
laisse tranquille à la fin
- Sheena ! Qui était cet
homme ?
Zélos ne plaisantait pas, sa voix
était dure. Il était en colère après elle.
Comme elle ne répondait toujours
pas, il la saisit par le col de son peignoir pour la remettre debout. Il
voulait qu’elle parle. Mais Sheena lui assena un violent coup de poing à l’œil
gauche. Il la lâcha sous l’effet la surprise et la douleur.
Zélos la regarda d’un air
furieux. Comment osait-elle ?
- S’il te plaît, ne dit
rien !
Elle s’avança vers lui, des
larmes roulant sur ses joues. Elle posa son front contre la poitrine de Zélos
tout en continuant de le supplier de ne rien raconter de ce qu’il avait vu. Il
ne devait pas céder, il ne le voulait pas. Elle devait tout lui dire !
Mais elle avait l’air tellement fragile, si vulnérable.
Il sécha doucement les larmes de
la jeune femme. Pourquoi ne pouvait-il pas résister aux femmes dès qu’elles
pleuraient ? Cela lui aurait simplifié la vie. Il sortit de la pièce pour
permettre à Sheena de s’habiller plus décemment. Cet homme, pour qui se
prenait-il pour blesser Colette et embrasser Sheena ? Rien qu’en repensant
à la scène Zélos sentit la colère monter en lui.
Quand ils descendirent, Raine
lançait un sort de soin à la jeune fille blonde toujours inconsciente, qu’ils
avaient installé sur un canapé du salon. Elle était très pâle. Lloyd lui tenait
la main.
- Allez ! Colette,
réveilles-toi ! la suppliait-il.
Raine se redressa avec un petit
soupir. Tout le monde attendait son verdict avec impatience.
- Elle a perdu beaucoup de sang.
J’ai pu guérir la blessure mais elle devra se reposer plusieurs jours.
Lloyd était très inquiet. Il ne
quittait pas Colette des yeux.
- Allons discuter à côté, proposa
Régal afin de ne pas déranger la jeune fille. Lloyd, ne t’inquiète pas, tout va
s’arranger. Tu peux rester là si tu veux.
Dans une des pièces jouxtant le
salon, l’arme qui avait causé la blessure de Colette était mise en évidence sur
une table. Sheena en eut un frisson de dégoût.
- Qu’en penses-tu Sheena ? C’est
un ninja qui a fait ça ?
Génis la regarda avec tristesse,
il semblait presque gêné de sa question.
- Il s’est servi d’un de mes
poignards…
Elle paraissait si atterrée que
Raine regretta intérieurement de l’avoir soupçonné.
- Tu sais qui c’est ?
demanda Régal.
Sheena hésita un instant avant
d’acquiescer. Elle n’avait plus le choix, elle devait leur révéler une partie
de ce qui s’était passé à Mizuho, mais une partie seulement, elle ne voulait
surtout pas de leur pitié.
- Il y a un traître parmi les
ninjas de Mizuho, répondit-elle en touchant son bracelet. Je suis à sa recherche. Sa trahison a coûté la vie de beaucoup de
mes hommes. Alors, en tant que chef, c’est moi qui suis chargée de l’éliminer. Cependant,
je ne pensais pas qu’il s’en prendrait aussi à Colette.
On lui
posa beaucoup de questions sur ce ninja. Personne ne comprenait pourquoi il avait
choisi Colette en particulier. Elle sentait sur elle le regard perçant de
Zélos. Il fallait absolument qu’elle lui parle et le convainque de ne
rien révéler. Une de ses amies avait été blessée et cela la rendait folle de
colère. S’ils se mêlaient de ça, la prochaine fois les conséquences seraient
bien plus graves.