« Je vais y arriver, je vais
y arriver… »
La jeune femme rampa. Une douleur
atroce la tiraillait à chaque mouvement. Encore un effort, se forçait-elle à se
dire. Mais à chaque fois, son objectif semblait s’éloigner de plus en plus.
Elle s’arrêta, terrassée par la douleur. Le sang coulait de ses bras et de ses
jambes meurtris. Quel supplice ! pensa t-elle. Faudrait-il qu’elle meurt
ici, finalement ? « Hors de question ! se disait-elle, encore un
effort ! Je dois prévenir les autres ! » Le sang commença à couler sur son front. La blessure
à la tête s’était rouverte. Epuisée, elle dut s’accorder un instant de repos,
et, renversant sa tête qui commençait à peser comme une masse, elle s’assoupit.
A ce moment, un pied se posa devant elle. Elle rouvrit ses yeux fatigués.
« Eh bien ! entendit elle,
Une rescapée ? »
Elle n’en entendit pas plus, elle
s’évanouit.
________________________________
« Bonjour Sheena, bonne
journée ? »
Akiko vint à la rencontre de son
amie.
« Oui, ça pouvait
aller… »
Observant la jeune femme, son
amie sourit.
« Ca pouvait aller ?
C’est tout ? Je parie que tu t’es fait disputée par ce crétin de Mr. Akashima !
-Franchement, on ne peut rien te
cacher, Akiko !
-Rien qu’à voir ta mine, on
devine tout de suite ! » fit la jeune fille.
Akiko était plus jeune d’un an
que Sheena. Et elle possédait une sorte de don extraordinaire, l’art de deviner
les pensées des gens. Bien sûr, ce n’était pas réellement un pouvoir magique,
c’était un atout, et elle avait son petit secret derrière tout cela.
« On va manger, tu penses
que tu as faim ?
-Oui, ça pourrait aller, je ne
voudrais pas te vexer en disant que ta cuisine est infecte c’est tout le
contraire ! »
Sa camarade rit. En cette période
de crise, on trouvait encore le moyen de plaisanter.
Le repas était délicieux. Sheena
aurait tant voulu qu’il y en ait d’autres comme celui-ci !
« Alors ? demanda son
amie.
-C’est divin ! s’exclama le
jeune femme.
Akiko sourit, puis elle jeta un
regard au-dehors.
« Quelle averse ! Si ça
continue, il va y avoir une inondation !
-Arrête d’être anxieuse, à chaque
fois qu’il y a une grosse pluie tu redoutes toujours quelque chose ! Et à
la fin, ça s’arrange toujours !
-Excuse-moi, mais je suis de
nature plutôt craintive !
-Inutile de t’excuser ! Tu
me rappelles désagréablement quelqu’un.
-Qui est-ce ?
-Aucune idée. »
Akiko fit la moue. En la
regardant, il est vrai qu’elle rappelait quelqu’un à Sheena. La jeune fille
était brune, les yeux noirs, les cheveux encadrant son visage ovale. Elle était
mignonne ainsi, et sa façon de regarder les gens avec son regard noir faisait
fondre quiconque aurait eu la malchance de la regarder dans les yeux. Sa voix
était celle d’une toute jeune fille à peine sortie de l’adolescence.
Sheena était charmée par ce doux
visage. Si sa camarade était une poupée, on aurait voulu la câliner !
L’après-midi, Sheena devait
sortir pour régler quelques affaires. Un de ses « collègues » lui
avait donné rendez-vous. Akiko la regarda s’éloigner de sa fenêtre. Puis elle
partit vaquer à ses propres occupations.
Sur le chemin, Sheena marchait
d’un pas ferme, mais quelque chose la tracassait. Elle ne savait pas quoi. Mais
elle sentait qu’il y avait quelque chose qui clochait. Elle essaya de réfléchir
tout le long de la route à ce pressentiment. Et lorsqu’elle arriva au point de
rendez-vous que son « collègue » lui avait indiqué, c’est-à-dire un
simple banc dans une allée de feuilles mortes, il n’y avait personne. Elle
s’assit donc dessus et attendit. Au bout d’un moment, elle s’impatienta.
Toujours personne. Enfin, alors qu’elle se baissait pour vérifier quelque
chose, elle comprit subitement. D’un bond, elle se leva, et se précipita vers
chez elle.
« AKIKO !!! hurla
t-elle, en entrant dans leur petit appartement.
-Sheena ? Tu es déjà
rentrée ? Qu’est-ce qui te prend de crier comme une malade ? Tu vas
alerter le voisinage ! »
Akiko apparut à l’entrée. Sheena,
soulagée, la prit dans ses bras et la serra contre elle.
« Mais qu’est-ce que tu
fais ? fit son amie, surprise.
-J’avais si peur de te
perdre !
-Hein ? Que
racontes-tu ? Je suis là, en chair et en os ! Je n’allais pas
mourir ! dit la jeune fille, en se dégageant. Au fait, qu’en a-t-il été de
ton rendez-vous ?
-Tout s’est très bien
passé. » mentit Sheena.
Mieux valait ne pas inquiéter
Akiko au sujet du faux rendez-vous.
« En tout cas, ça a été
rapide ! J’aurais cru qu’il y avait eu un meurtre ! »
La jeune femme sourit. Elle ferma
la porte, rassurée. Un instant, elle avait cru qu’il était arrivé malheur à son
amie.
______________________________
«Rébecca, ça fait plus d’une
demi-heure que l’on tourne en rond ! »
Gilles s’assit à même le sol,
fatigué. Sa sœur vint le rejoindre.
« Je n’y comprends rien, se
plaignit-elle, je ne sais pas si c’est de la magie, mais tout ceci est
totalement absurde ! On ne peut pas changer d’endroit en un instant !
-Cela s’appelle de la
téléportation, et à ce que je sache, on ne pratique pas encore ce moyen.
-Bien sûr que non ! Non,
franchement, je ne comprends pas… »
Il n’y avait rien alentour et le
frère et la sœur se sentaient un peu minuscules.
« Attends, il y a des
lumières, fit Gilles, en se relevant.
-Si seulement tu pouvais dire
vrai… soupira Rébecca.
-Mais c’est vrai ! »
La jeune femme tourna la tête dans
la direction que son frère indiquait pour voir s’il n’avait pas des
hallucinations, mais non, il n’avait pas tort, il y avait bien des lumières
venant de l’ouest.
« Eh bien, il semble que la
chance veut bien nous sourire finalement… fit-elle remarquer.
-Tu vois ? Qu’est-ce que je
disais ?
-Oui, bon, levons-nous, si ce
n’est pas un mirage, on ferait mieux de rejoindre ce signal au plus vite !
-D’accord. »
Ils se dirigèrent vers les
faisceaux et arrivèrent bientôt en vue d’une grande ville aux contours
impressionnants. Mais le plus époustouflant encore, c’était ce bâtiment
gigantesque, offert à tous les regards. Les deux compagnons regardaient,
admiratifs. De toute leur courte vie, ils n’avaient jamais vu pareil
spectacle ! Ils marchèrent encore jusqu’à ce qu’ils arrivent aux portes de
la grande cité. Vue de près, elle était d’autant plus magnifique !
A l’entrée, il n’y avait pas de
gardes quelconques avec insigne nazi ou pas. Les gens étaient libres d’entrer
et de sortir !
De deux choses l’une: soit
ils avaient atterri dans le conte d’Alice au pays des merveilles, soit ils
étaient en train de rêver les yeux ouverts. La première et la deuxième solution
semblaient toutes les deux coïncider. Ils dépassèrent l’entrée, admiratifs. Il
y avait des femmes en déguisement de lapin, des hommes au teint mat et qui
criaient la bienvenue aux nouveaux arrivants. Quel rêve ! pensèrent
ils. Il était quasiment impossible de tomber
dans une ville de rêve comme celle-ci en cette période de guerre ! Ils en
oublièrent toutes les aventures qu’ils leur étaient arrivés. L’un des hommes en
uniforme bleu leur cria : « Bienvenue à Altamira, la cité
balnéaire ! » Altamira. C’était donc comme cela qu’on appelait cette
ville. Ce nom lui seyait vraiment bien. Ils s’enfoncèrent plus profondément
dans la cité merveilleuse, où chaque instant semblait durer longtemps.
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Dirk remonta dans la chambre de
son fils adoptif.
« Lloyd, ça va ?
-Bien sûr, il y a encore eu un
tremblement de terre !
-Cela, je l’ai senti, bien sûr.
-Papa, je commence à croire qu’il
y quelque chose de pas normal là-dedans.
-Dis moi ce qui te tracasse dans
toute cette affaire…
-Tout d’abord, le premier séisme,
Génis qui ressent une réunion de mana en direction du désert de Triet, et tout
de suite après, Colette et moi qui tombons soudainement malades, trouves-tu ça
normal ?
-Tu sais, Lloyd, ce n’est
peut-être pas lié après tout, tu te fais des idées. Soupira le nain.
-Et si c’était tout le contraire
dis-moi ? S’il te plaît papa, je voudrais en parler avec Colette, laisse
moi aller à Isélia !
-Tu n’es pas rétabli ! Et ne
crois pas que c’est le prétexte idéal pour… »
Mais Dirk vit sur son visage que,
pour une fois, Lloyd était sincère.
« Bon d’accord, soupira t-il
de nouveau, mais ne vas pas te plaindre surtout !
-Merci papa. » sourit le
jeune homme.
Lloyd fut prêt en quelques
minutes, et se prépara à traverser la forêt qui le séparait du village. Il
avait mal, mais il était déterminé après tout. Il partit donc chez son amie.
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Colette se réveilla dans un lit,
dans une chambre qu’elle ne reconnut pas. Elle n’était pas chez elle, avec sa
grand-mère. Et lorsqu’elle se leva, elle était toute habillée.
Encore un peu ensommeillée, elle
s’extirpa du lit et sortit de la chambre. Alors qu’elle rentrait dans une sorte
de cuisine arabe, elle tomba nez à nez avec une femme d’une cinquantaine
d’années. Hébétée, la jeune fille se demanda qui c’était.
« Tiens, bonjour
Colette ! Bien dormi ? » demanda la femme, en lui souriant.
« Elle connaît mon
nom ? » s’interrogea l’adolescente. Elle se prépara à balbutier
quelque chose lorsqu’un jeune garçon, à peine plus âgé qu’elle, entra dans la
salle.
« Bonjour To. » fit
celui-ci, en baillant.
To. Instantanément, tout lui
revint. Leur fuite, ce garçon qui les avait sauvés, et enfin la rencontre avec
cette femme, la grand-mère du garçon, Anto, c’était son nom.
« Bonjour Akim ! Tu as
bien dormi cette nuit toi aussi ? »
Akim… C’était le nom du garçon.
Le cerveau de Colette enregistrait toutes ces informations.
Elle se tourna vers Anto et
sourit.
« Oui, oui, ne t’en fais pas
je ne fais pas de crises d’insomnie ! répliqua l’adolescent.
-Dans ce cas, ça va. J’ai préparé
le petit déjeuner. » fit la femme.
J’ai préparé le petit déjeuner… Cela faisait tellement longtemps
que la jeune fille n’avait plus entendu cette phrase, depuis le dernier matin
où elle avait vu sa propre grand-mère. Elle refoula ses larmes. Elle ne voulait
pas pleurer devant ces deux personnes, elle ne voulait pas leur paraître
ridicule.
Akim, enfin, sembla remarquer sa
présence et lui adressa un bref sourire. Elle le lui rendit, il s’assit à sa
place, et se prépara à manger. Un peu hésitante au début, l’adolescente l’imita.
Pendant ce temps, Anto s’était éclipsée temporairement.
Les deux jeunes gens restèrent là
à ne rien dire, pendant un moment. Enfin, Colette se décida à rompre ce silence
gênant par n’importe quelle phrase peu importait. Mais elle n’en eut pas le temps,
car Lloyd apparut dans la cuisine. Il était habillé lui aussi, et ses vêtements
étaient froissés. Lorsqu’il vit Akim, il bougonna et fit mine de ne pas faire
attention à celui-ci. D’ailleurs, le garçon semblait faire de même.
Colette était exaspérée. Elle
détestait cette barrière qui semblait s’élever entre les deux hommes, et le
pire, c’est qu’elle n’avait pas les outils nécessaires pour la détruire. Elle
ne pouvait rien faire, c’était le combat de deux chats, et cela ne la
concernait pas. Elle détestait cette idée. Il serait difficile d’établir des
liens entre les deux garçons.
Anto pénétra de nouveau dans la
pièce, perçut la gêne des trois jeunes gens, le silence des deux mâles et la
tentative désespérée de Colette de briser ce calme trop profond, et fit un clin
d’œil compatissant à la jeune fille. Sachant qu’elle avait trouvé là une
précieuse alliée, la jeune fille lui accorda un sourire discret et entendu.
Après le déjeuner, les deux
garçons partirent chacun dans leur coin et les deux femmes se retrouvèrent
seule à seule. Après un long silence qui semblait interminable, la plus âgée
prit la parole :
« Il est difficile de cerner
la rivalité entre les hommes, n’est ce pas ?
-Oui, c’est vrai… répondit la
jeune fille, après réflexion.
-Et c’est parfois frustrant pour
les femmes, c’est vrai. »
Colette ne répondit pas tout de
suite, et la femme poursuivit:
« Mais tu sais, ça finira
par s’arranger, puisque toutes les choses ont une fin. Si cela se trouve,
demain ce seront les meilleurs amis du monde. »
Colette n’en était pas si sûre,
et elle trouvait qu’Anto exagérait un peu sur le temps que cela prendrait pour
que les deux garçons s’acceptent enfin. Celle-ci, lui tournant le dos, se
retourna enfin, un grand sourire aux lèvres.
« Et toi et ton ami, vous
auriez bien besoin de vous laver, regardez comme vous êtes sales ! On
croirait que vous êtes sortis des égouts il n’y a pas si longtemps !
Et effectivement, la jeune
grand-mère avait exactement trouvé la vérité, car la jeune fille se souvint
qu’elle et Lloyd avaient dormi le temps d’une nuit sur le sol dur et froid des
égouts de Londres. Soudain, elle ressentit l’atroce besoin de se laver, ses
vêtements étaient sales et collaient à sa peau, et ses cheveux étaient gras et
la démangeait. Dans l’ensemble, elle n’était pas très jolie à voir.
Elle suivit avec empressement sa
nouvelle amie dans un autre couloir qu’elle n’avait pas visité la veille. Elles
marchèrent jusqu’à ce qu’elles tombent sur un petit escalier qui menait au
sous-sol. Elles descendirent les marches jusqu’à arriver à une porte fermée à
clé. Anto sortit ladite clé en question et déverrouilla la porte. Elles
pénétrèrent enfin dans une vaste salle, à la chaleur étouffante mais relaxante.
« Nous voici dans les termes
de la maison ! s’exclama la femme.
-Ca alors… murmura Colette.
-Surprise hein ? Mon gendre
a bien choisi l’endroit ou construire son logis !
-Votre gendre ?
-C’est vrai, je ne te l’avais pas
dit, c’est lui qui a construit cet endroit, c’était un architecte de talent,
mais il n’a jamais fait de cet art son métier, il se considérait déjà
suffisamment comblé, avec une femme et un enfant qu’il voulait rassurer de sa
présence.
-C’est donc le père de…
-Le père d’Akim, c’est cela. Mon
petit-fils l’adorait et l’admirait, et il a hérité de son caractère plutôt bien
trempé, tu l’as sans doute remarqué. »
La jeune fille acquiesça.
« Quant à ma fille, quand
elle l’a rencontré pour la première fois, ça a été le coup de foudre. Au début,
je pensais que ce n’était pas sérieux, et que ça allait finir comme toutes les
banales histoires d’amour, mais non, ça a duré, et lorsque je l’ai vu à mon
tour, je suis tombée sous le charme. Inutile de te le décrire, Akim lui
ressemble trait pour trait !
-Mais vous êtes jeune pour être
grand-mère ! Cela veut dire que…
-Oh non ! Ca c’est moi, j’ai
eu ma fille à seize ans, et je l’ai élevé seule, vu que son père est mort
assassiné.
-Je suis désolée…
-Oh, il ne mérite pas d’hommage,
c’était un nigaud, incapable de se rappeler qu’il avait une femme et un enfant.
Il se soûlait chaque soir et il ne rentrait qu’après minuit. Puis, un soir, il
a fini avec un couteau dans le dos, tué par un autre individu de son
espèce ! Et dire que ce sont mes parents qui m’ont incité à
l’épouser ! Qu’est-ce que je regrette !
-Ca n’a pas dû être facile…
-Oh non, j’étais soulagé quand il
n’était pas là, à vrai dire il faisait peur à Tya, c’était ainsi que s’appelait
ma fille. »
Soudain, Colette se rendit compte
qu’il y avait quelque chose qui clochait dans ce qu’elle disait.
« Pourquoi parlez-vous au passé ?
-Ah, c’est vrai. Akim n’avait que
quatre ans, et ses parents devaient partir à Palmacosta pour aller régler
quelques affaires, ils ne m’avaient pas dit lesquels, et ils m’ont confié la
garde du petit durant leur absence. Depuis, je ne les ai plus revu, jusqu’à ce
qu’on vienne me dire que les désians de la ferme humaine la plus proche de la
ville ont raflé toute la cité et emmené des prisonniers. J’en ai conclu qu’ils
n’y avaient pas échappé… Et récemment, j’ai appris que la ferme humaine où ils
étaient censés être avait explosé. Les prisonniers ont été sauvés à temps, et
ils sont retournés chez eux, mais d’eux, pas de nouvelles ! J’en ai donc
conclu qu’ils étaient morts.
-Je suis désolée.
-Je n’ai rien dit à mon
petit-fils, et celui-ci a cru que ses parents l’avaient abandonné, il leur en
veut terriblement. »
Colette resta accablée par ce
qu’elle avait appris, finalement, c’était bien ce qu’elle pensait, Akim était
comme elle, un orphelin. Mais quelque chose la tracassait, et elle
demanda :
« Qu’est-ce que
Palmacosta ? Et qui sont les désians ? »
Anto la regarda, surprise.
« Tu es une fillette bien
singulière dis-moi… Je te le dirai après… Mais pour l’instant, opération
décrassage ! Déshabille-toi, et relaxe-toi, ça se fera tout seul ! »
La jeune fille ne se le fit pas
dire deux fois et obéit.
« Je te laisse seul, je dois
aller vaquer à mes propres occupations, je te rapporterai des vêtements.
-D’accord. » acquiesça
l’adolescente.
Sur ces mots, la femme partit.
Colette retira ses vêtements et s’assit sur le bord
d’un grand bassin rempli d’eau chaude. Elle n’aimait pas être seule, et cet
endroit l’inquiétait un peu. Mais elle se dit qu’elle s’y habituerait. Elle mit
le bout de son pied dans l’eau et fut surprise par la température agréable
qu’elle dégageait. Elle n’hésita plus et plongea les deux jambes dans l’eau,
avant de s’immerger totalement. Elle laissa son corps se réchauffer, puis elle
jeta sa tête en arrière avant de plonger ses cheveux dans l’eau. Elle se sentit
mieux immédiatement, et se laissa envahir par une douce torpeur.
Lorsqu’elle sortit de l’eau
chaude, elle était propre et ses cheveux mouillés brillaient. Elle vit avec
contentement qu’Anto avait laissé des vêtements à son attention. Une sorte de
tunique accompagnée d’un pantalon bouffant, avec des ballerines, à la mode
arabe. Colette s’habilla, et se sentit un peu ridicule dans ce genre de tenue,
mais se dit une fois de plus qu’elle s’y ferait. Et puis cela la changeait des
sempiternelles jupes et vestes marron sales, accompagné de chaussettes, de
chemises et de chaussures ternes et trop petits pour elle. Là-dedans, elle se
sentait plus libre. Elle esquissa quelques pas de danse et sortit des termes en
prenant soin de fermer la porte à clé.
Lorsqu’elle sortit du couloir qui
menait aux eaux chaudes, elle croisa la route d’Akim. Celui-ci l’aperçut et,
lorsqu’il vit les vêtements qu’elle portait, poussa un sifflement, à la fois
ironique et admiratif. Un peu gênée, la jeune fille s’empressa de continuer son
chemin.
En pensée, elle se disait que le
garçon cachait bien ses sentiments, il avait l’air heureux et indifférent, en
apparence. Sauf que maintenant, elle aurait cru déceler chez lui un esprit
blessé et farouche. Un vrai félin, se dit-elle, et qui jouait bien son jeu.
En entrant dans la cuisine, elle
vit Anto, qui lui tournait le dos. Celle-ci dit, sans se retourner :
« Alors ? Tu t’es bien
nettoyée ? »
L’adolescente, souriante, fit oui
de la tête.
« Je me suis dit que ces
vêtements t’iraient bien, ils appartenaient à Tya. Tu as croisé Akim dans les
couloirs ? Il a dit qu’il voulait se laver. Et puis, il a les clés en
double, puisque je crois que tu as fermé la porte.
-Oui.
-Je ne doute pas une seconde de
sa réaction, il est vrai que maintenant que l’on te voit tu me fais penser à ma
fille. Elle était jolie, elle aussi, sauf qu’elle avait des cheveux plus
sombres. »
Colette continua de sourire. Puis
Anto dit :
« Tu devrais aller voir ce
que fait ton ami, et lui dire qu’il devrait aller se laver lui aussi, et si
Akim est assez aimable, il lui laissera quelques uns de ses habits, de toute
façon, il doivent faire tous les deux la même taille, ça leur fait au moins un
point commun. »
Elle rit, et la jeune fille, le
cœur léger, se dirigea vers les chambres.
______________________________
« Je me sens un peu mieux,
merci. »
Raine se releva sur son séant.
Assise sur un lit de l’auberge, elle s’étira, comme pour prouver qu’elle allait
bien.
« Tu es sûre ? Dans ce
cas, je suis rassuré, parce que rester à veiller deux grands malades sans
bouger de la nuit m’a épuisé ! ne put s’empêcher de lancer Zélos.
-Tu disais que tu n’avais pas
sommeil, et puis ça ne te plairait pas toi que l’on grommelle parce que tu es
malade et qu’on doit s’occuper de toi, si ? le tança Génis.
-Oui, c’est vrai, mais MOI, j’ai
des droits ! »
Le jeune demi elfe soupira et mit
un pied par terre.
« Ouais, et le droit, de
préférence ! » fit l’ex-élu de Tésséh’alla, qui suivait chacun de ses
mouvements.
Le garçon lui donna un coup de
coude, et se sentit envahi d’une paix inconnue, comme de l’extase. Pourtant, il
ne voyait pas ce qu’il y avait de plaisant, surtout en ce moment. C’était
sûrement le fait d’embêter le rouquin qui lui offrait cette douce sensation
d’amusement. Raine aussi semblait heureuse, et elle ferma les yeux pour se laisser
bercer par cette petite musique qu’elle entendait, et il lui vint l’image d’un
petit garçon en train de jouer de l’harmonica, entouré d’une foule de personnes
dont certains lui lançaient des pièces.
La jeune femme rouvrit ses yeux.
Cet endroit, là où jouait le petit garçon, elle le connaissait pour l’avoir
déjà visité. C’était la zone d’attraction d’Altamira, la cité balnéaire, elle
l’avait vu, en apercevant des gens déguisés avec des ballons dans les mains, et
à la grande roue derrière le jeune musicien. Elle se demanda pourquoi elle
avait eu cette vision. « Sûrement un souvenir ! » se dit-elle.
Et elle se leva. Elle se sentait en pleine forme maintenant.
Après avoir payé pour la nuit
passée à l’auberge, les trois compagnons s’empressèrent de continuer leurs
recherches, même si pour l’instant, ils n’étaient pas très avancés sur le temps
et les évènements. Après avoir cherché dans les quatre coins de l’oasis, et
avoir recueilli les preuves qu’il y avait aussi eu deux séismes, le premier
étant de faible envergure et le deuxième un peu plus fort, ils basèrent leurs
recherches dans le désert de Triet. Mais Raine voulut à tout prix voir la
voyante, qui était la seule personne qu’ils n’avaient pas interrogée. Après un
long soupir, ses deux compagnons la suivirent jusqu’à la hutte qui trônait
fièrement à l’ombre d’un palmier. Et lorsqu’ils pénétrèrent à l’intérieur de la
tente, une femme apparut.
« Bienvenue dans la hutte de
la voyante ! » s’exclama t-elle joyeusement, comme à chaque fois
qu’elle disait ce slogan.
Elle les vit, et sourit d’un air
radieux.
« Eh bien, j’en reçois de la
visite ! Hier, c’était l’élue et son compagnon, aujourd’hui ce sont les
autres héros qui viennent me rendre visite !
-De quoi ?
s’exclamèrent les trois amis, en même temps.
-Que venez-vous de dire à
l’instant ? demanda Raine.
-Eh bien qu’hier j’avais reçu la
visite de l’élue et de son compagnon et qu’aujourd’hui c’était vous ! Je
m’estime comblée, même si cela me fait de l’argent en moins ! »
rajouta t-elle, tout en faisant quelques œillades à Zélos, n’étant pas
insensible à son charme, comme toutes les femmes d’ailleurs. Zélos resta de
marbre devant ses tentatives vaines d’attirer son attention, il semblait
ailleurs. Après quelques regards entendus, le professeur dit :
« Nous ne sommes pas venus
pour connaître notre avenir, seulement pour poser quelques questions.
-Mais allez-y ! La voyante
répond à toutes vos questions, mêmes les plus mystérieuses !
-Bon voilà, je parie que comme
tout le monde ici vous avez senti le tremblement de terre ?
-Bien sûr, quoi d’autre ?
-N’auriez-vous pas senti quelque
chose de bizarre ?
-Non, en tout cas pas pour
l’instant, pourquoi ?
-Nous sommes ici pour vérifier
que tout va bien, au revoir.
-Bien, que la déesse Martel vous
accompagne ! »fit la voyante, tout sourire, mais un peu déçue que
cette visite soit si brève.
Raine la remercia et ils
sortirent de la tente.
« Nous ne sommes pas très
avancés là… dit Zélos, en se passant la main dans les cheveux.
-Ce qui est étrange, c’est
qu’elle prétend avoir reçu la visite de Lloyd et Colette pas plus tard qu’hier…
s’exclama Génis.
-Il y a deux solutions :
soit elle ment, soit il y a un nouveau cas d’imposture, ce qui serait fort
probable… réfléchit Raine.
-Nous verrons ça plus tard, pour
l’instant revenons aux faits, on va fouiller le désert de long en large et on
verra ensuite ! décida le rouquin.
-Et qui c’est qui donne des
ordres maintenant… ironisa le demi elfe.
-Pour une fois, je suis d’accord
avec Zélos, nous devons nous en prendre à la racine au lieu de nous emmêler les
pinceaux. Fit sa sœur.
-Si tu le dis… soupira Génis.
-Eh bien allons-y ! »
tonna l’ex-élu.
Ils se dirigèrent vers l’entrée
de la ville, espérant trouver la clé de tous ces mystères une fois pour toutes.
_________________________
Yuan savait que les deux demi
elfes et l’ex-élu du monde prospère étaient ici, il l’avait senti. Mais il se
dit qu’il valait mieux ne rien leur dire au sujet des Reflets. Ce serait
beaucoup trop dangereux. Ses soldats renégats étaient en train d’inspecter
toute la zone, car il était fort probable que ses fuyards cheminaient encore
dans le désert. Mais en ce moment, ils s’étaient volatilisés. « Plus pour
longtemps. » pensa t-il, avec un sourire.
Il se cala plus confortablement
devant son bureau en attendant que les évènements s’enchaînent. En ce moment,
un autre signal était parvenu d’Altamira, il avait envoyé une équipe là-bas,
pour voir ce qui s’y passait. Cette histoire devenait de plus en plus
intéressante, se plut-il à se dire.
__________________________
Conversation entre les personnages :
Zélos : Ma Sheenette a
disparu…
Génis : Sheenette ?
C’est quoi ce truc ?
Voix off : C’est une manière
de surnommer affectueusement Sheena je crois…
Génis : T’es quoi toi ?
Voix off : Je suis un envoyé
de l’auteur, elle n’a pas voulu se produire en public. Vous savez c’est une
grande timide…
Génis : Ouah la lâche !
C’est parce qu’elle a peur qu’on la bute !
Voix off : Non ce n’est pas
ça, et elle dit que de toute façon elle fait ce qu’elle veut.
Zélos : Ma Sheenette, tu me
manques !
Raine : Je ne savais pas que
tu tenais tant à elle Zélos !
Zélos : Heu, hein ?
Mais attendez qu’allez-vous me chercher là ? Je ne suis pas inquiet du
tout, arrêtez de raconter des bobards !
Raine : T’en fais pas, on va
la retrouver ta Sheenette ! Attends, là en ce moment je suis sûre qu’elle
est en train de s’éclater à donf’ !
Zélos : Nan, là je suis sûre
qu’elle s’ennuie à donf’ et qu’elle a envie d’être avec nous. C’était écrit
dans le scénario !
Voix off : Attends… Tu vas
pas me dire que t’as lu TOUT le scénario !
Zélos : Bah si ! Même
qu’il était marqué que… (se rend compte qu’il a fait une grosse bourde) Mince…
Voix off : Abruti ! Je
vais le dire à l’auteur et elle va te faire frire et elle va te donner à
bouffer à tes fans ! Je serai chargé de le faire à sa place ! On se
débrouillera pour te trouver un remplaçant !
Zélos : Ouargh ! (se
barre en courant)
Génis : Et bien voilà fin de
la conversation ! Dans le prochain épisode, on saura si Zélos s’est sorti
vivant de son jugement ou pas! Bon appétit d’avance aux fans !
Raine : Tu prévois d’avance
sa mort ?
Génis : Bah ouais puisque la
dernière fois il n’a pas réussi à mourir là il serait quand même temps !
Raine : Pauvre Sheena…
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