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Tales of Symphonia for ever
marina ka-fai
21 septembre 2011

Lloyd - par Marina Ka Fai

Lloyd[1]

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10 juillet 2011

Yuan et Kratos - par Marina Ka Fai

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2 juillet 2011

Chapitre 17: Retrouvailles - par Marina Ka Fei

 

Chapitre 17:Retrouvailles

 

 Le ton affirmé et la mine sérieuse de son fils avaient surpris Reyson, tout autant que sa phrase.

« Je veux faire renaître notre royaume. »

Faire renaître sa patrie, faire renaître Minaria? Reyson y avait pensé mais il n'en avait jamais eu le courage, sans sa femme et sans son fils. Apparemment, Kratos n'était pas au courant. Il n'avait pas l'air de comprendre. Il y avait comme quelque chose de triste dans son regard.

-Tu...veux partir?

-Pas sans toi, Kratos, tu t'en doutes bien non?

Kratos eut soudain l'air soulagé. Reyson planta son regard bleu dans celui turquoise de Yuan.

-Faire renaître notre pays? Puis-je savoir pourquoi?

-Pour plusieurs raisons. En le rebâtissant, nous pourrions donc en changer plus facilement les lois et les mœurs. Les gens ne verront rien de gênant en un roi homosexuel si c'est un roi qui a fait renaître le pays de ses cendres. Ils accepteront plus facilement.

-Kratos serait donc ton compagnon et le petit Lloyd, l'héritier de la couronne, si je suis ton raisonnement.

-C'est cela. Mais je n'agirai pas sans ton consentement et celui de Kratos.

Kratos se plongea dans une réflexion intense. S'il acceptait, Altamira se verrait ainsi mise en valeur. Il serait toujours avec Yuan. On ne le pousserait pas à se marier par raison. Et Lloyd aurait un grand destin. Certes, être roi, ce n'était pas très drôle tous les jours mais avait-on jamais vu un fils cadet d'un duché vassal devenir une si grande personne? Il accepta la proposition de Yuan.

-N'y a t-il pas, dans ce vœu, également une part d'envie de vengeance Yuan?

L'interpellé regarda son père, surpris. C'était comme si il avait lu ses pensées les plus profondes. Autant jouer la carte de la franchise.

-Il y a également un peu de ça. Ceux qui m'ont piétinés seront obligés de reconnaître le fait que je leur étais supérieur depuis le début malgré ma situation malheureuse. Ils seront blâmés pour ce qu'ils m'ont fait et la Justice fera son œuvre. Domestique ou non, j'étais et j'avais toujours été le prince héritier de Minaria. Et puis, Madame Mils avait écrit dans sa dernière lettre avant votre arrivée que notre peuple avait été vengé et que le nouveau roi regrettait ce qui nous était arrivé. Sans pour autant parler de pardon, il est temps pour eux et pour nous de tourner la page. Je veux également pouvoir récupérer ce qui était à moi. Cela me semble normal.

 

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2 juillet 2011

Chapitre 16: Tourné vers l'avenir - par Marina Ka Fei

 

Chapitre 16: Tourné vers l'avenir

 

Dans son bureau, Marianne de Méthy lisait la lettre de Yuan devant sa cheminée. Elle eut un rire léger. Il voulait sa mort sociale? Elle était déjà morte socialement quand l'ancien roi fut renversé et son père tué. Elle ne regrettait rien. Elle ne regrettait pas le traitement spécial qu'elle avait infligé au demi-elfe. C'était vrai, en prenant soin de Yuan, elle aurait pu gagner l'estime de Reyson. Et alors? Sa déchéance et sa vie malheureuse, elle le lui devait. Elle était condamnée à rester Mademoiselle «la fille de». La mort de son père était due aux Minaria, même si c'était hors de leur contrôle. Elle ne se repentirait jamais. Sa vengeance, elle l'avait eu. Elle l'avait eu dès que le fils de Reyson avait commencé à dépérir. Elle l'avait eu dès qu'il avait été violé. En fait, plus il allait mal, mieux elle se sentait. C'était pour cela qu'elle encourageait des garçons comme Lévin. Yuan avait souffert, sa vengeance était accomplie. Voulait-elle sa mort? Non, mais sa mort ne l'aurait pas attristée. Perdre sa pension? Elle s'en fichait pas mal. Elle trouverait toujours un moyen de se relever. D'un geste las, elle jeta la lettre dans le feu. Son deuil d'un possible mariage était fait. Elle pouvait tourner la page.

 

 XXXXXXXXXXXXXXXXXX

 

A Altamira, Yuan était fort affairé. Entre les préparatifs pour l'arrivée de son père, le petit Lloyd et son cher Kratos, il n'avait pas énormément de temps pour se reposer. Il faisait des projets d'avenir. Un avenir avec Kratos et Lloyd. Un avenir où un amour tel que le leur pouvait s'épanouir. Un avenir où la tragédie de ses parents ne se déroulerait pas. Son plan était simple, bien calculé. Mais il avait besoin de l'aide de son père. Il espérait qu'il ne le rejette pas une fois qu'il saurait la nature de sa relation avec Kratos.

Kratos se remettait de sa maladie et désormais, il acceptait d'avoir l'aide un peu plus poussée de Wolf et de Yuan. Yuan...Rien qu'en pensant à son nom, il souriait. Il repensa aux projets de son compagnon. Il espérait vraiment qu'ils puissent se réaliser. Depuis qu'il savait que son amour était réciproque, le jeune humain se sentait mieux, c'était étrange, la vie lui paraissait plus belle. Seulement, il pensa à une chose. Que Yuan soit un demi-elfe, Kratos s'en fichait pas mal. Mais une chose le rendait malheureux. Il savait qu'il n'accompagnerait jamais le jeune homme jusqu'au bout de sa vie. L'espérance de vie de son amour était de mille ans, la sienne seulement de quatre-vingt et encore...Bien sûr, il lui en avait parlé. Yuan lui avait répondu cela:

-J'espère que le jour de ta mort, la Déesse me fera mourir dans la seconde qui suivra ton départ. Sinon, je m'en chargerai moi-même. J'ai commencé ma vie avec toi, je la finirai avec toi.

Ah, d'accord, c'était toujours aussi franc mais Kratos avait appris à décoder la franchise de Yuan. Il venait là de lui faire une des plus belles déclarations d'amour.

 

XXXXXXXXXXXXXXXXXX

 

Dans une berline de voyage, Reyson et sa vieille nourrice étaient en route vers Altamira. Le trentenaire regardait défiler le paysage que son fils avait eu la joie de contempler des mois plus tôt. Il se demandait comment il allait. Il se demandait si Kratos avait eu sa réponse. Et si elle était positive, alors il leur souhaitait tout le bonheur du monde. Il savait ce que c'était, un amour rejeté par sa propre famille, la sensation qu'elle vous hait, la sensation d'un amour qui vous tue à petit feu. Il savait ce que c'était. Il ne ferait pas cela à Yuan.

Madame Mils pensait encore à la lettre du «petit» Yuan. Tant de tendresse et de reconnaissance envers elle, la gueuse, et pas seulement du fils mais aussi du père et de feue la mère! La vieille dame priait la Déesse pour que son Roi et son Prince trouvent un jour le bonheur. Peu lui importait la forme, tant qu'il était dans la dignité.

 

XXXXXXXXXXXXXXXXXX

Épuisé, Yuan se laissa tomber dans un fauteuil.

-Bon sang, je n'ai même pas pu voir Kratos et Lloyd aujourd'hui. Je suis tellement fatigué...

Il ferma les yeux et se laissa aller au sommeil.

 

 

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2 juillet 2011

Chapitre 15: Une partie de la vérité - par Marina Ka Fei

 

Chapitre 15: Une partie de la vérité

Le lendemain matin, le jeune duc d'Altamira se réveilla avec un mal de crâne horrible. Il avait l'impression qu'on avait passé son corps à tabac. Mais il ne pouvait pas se permettre de dormir, il avait encore trop de travail pour cela. Il essaya de se lever, sans grand succès. Yuan entrait dans la pièce au moment même où Kratos tentait de sortir de son lit.

-Kratos Aurion, essaye encore une fois de te lever alors que tu es malade et je te ligote à même le lit! Dit Yuan en tentant d'être un tant soit peu menaçant sans franc succès.

-Oui Papa. Plaisanta le malade

-Je n'ai pas l'honneur d'être ton père, je suis ton amoureux. Répliqua le métis

-Hein?

-Deux.

-Trois, j'ai gagné!

Non, il avait du mal entendre. Ou alors Yuan lui faisait une blague. Une bien acide selon lui, il ne savait toujours pas si son amour pour lui était réciproque et le fait qu'ils avaient eu une liaison un après-midi ne signifiait rien. Il sentait des larmes lui piquer les yeux et Yuan réalisa qu'il avait été maladroit. Kratos ignorait ce qu'il ressentait à son égard.

-Ne pleure pas, je suis désolé, je ne voulais pas te blesser. J'aurais du te l'annoncer de manière plus délicate.

-M'annoncer quoi de manière plus délicate?

Le demi-elfe serra l'humain contre lui et le laissa se calmer un peu.

- Tu veux vraiment savoir pourquoi j'ai dit ça, Kratos?

Mouvement affirmatif de la tête de la part du concerné.

-Parce que je t'aime. Je t'aime vraiment. Je veux être pour toujours à tes côtés et il n'y a qu'auprès de toi que je me sens vraiment moi, vraiment vivant.

Yuan sentit Kratos sursauter à l'annonce de cette nouvelle. L'humain avait du mal à croire ce que son ami venait de lui dire. Il l'aimait? Il l'aimait d'amour?

-Tu te moques de moi, c'est ça?

-Je ne me le permettrai pas. Je t'aime Kratos, de quelle preuve as-tu besoin pour que tu me croies?

L'humain ne répondit pas. Il n'arrivait pas à réaliser. Yuan l'aimait, il l'aimait de la même manière que lui l'aimait.

-Tu m'aimes?

-Je viens de te le dire Kratos.

Le demi-elfe captura avec douceur ses lèvres dans un baiser à la fois chaste et tendre. Kratos eut la confirmation que Yuan ne mentait pas. Toute la peine qu'il avait accumulé depuis qu'il avait réalisé qu'il aimait l'enfant des Minaria s'envola avec cette pensée. Yuan l'aimait.

-Tu te rappelles quand tu m'avais soigné à Meltokio? Aujourd'hui, c'est à mon tour de te soigner.

-Mais j'ai du travail à faire.

-Wolf et moi, nous nous en chargeons.

-Et Lloyd?

-Anna le chouchoute, comme à son habitude. Quand tu iras un peu mieux, on te l'amènera. Ne cherche pas d'échappatoire, il n'y en a pas.

 

Yuan fut donc le garde-malade de Kratos le temps de sa convalescence. Cependant, il en manquait jamais d'aller parler à Lloyd. Il lui disait toujours:

-Ton grand-frère va mieux aujourd'hui. Tu lui manques, dès qu'il sera guéri, il viendra te voir.

Mais un jour, après lui avoir sorti sa phrase habituelle, Yuan sentit une toute petite main serrer son petit doigt. Le bébé lui tendait les bras. Que faire? Il était vrai que Yuan adorait Lloyd mais il n'était pas habitué aux bébés. Donner un biberon ou changer des langes, il savait mais prendre véritablement un enfant si jeune dans ses bras...Il avait peur de lui faire mal. Cependant, le petit était si mignon, il ne pouvait décemment pas lui ôter ce plaisir. Il surmonta sa première appréhension et prit Lloyd dans ses bras.

-Bon, maintenant que t'es là, on va voir Kratos? Il va beaucoup mieux, tu sais.

Lloyd émit un léger gazouillement qui eut pour effet de faire sourire le métis.

Quand Yuan entra dans la chambre de Kratos, le jeune malade était assis dans son lit, lisant tranquillement. Son visage s'éclaira à la vue de ses deux visiteurs.

- Regarde Lloyd, tu as bien vu que je ne mentais pas.

Yuan s'approcha et Kratos prit son jeune frère dans ses bras. Comme ce contact lui avait manqué! Le demi-elfe se prit à rêver ce qu'aurait été sa vie si lui-même avait eu un petit frère ou une petite sœur, ou même les deux. Il aurait joué avec le petit et fait des couettes à la demoiselle. Mais ce beau rêve ne se réaliserait jamais. Sa mère était morte. Peut-être que son père avait refait sa vie. S'il voulait le savoir, il lui fallait le retrouver mais rien depuis la première lettre de Madame Mils n'était arrivé. Comme pour contrer cette vérité, Anna apporta à Yuan une lettre. La suite des aventures de Reyson Ka-Fai.

 

 

Votre Altesse

 Je vous prie de pardonner votre bien piètre servante qui vous a fait attendre.

Cependant, avant que je ne me lance dans la suite des aventures de Sa Majesté, je tenais à présenter mes sincères condoléances à Monsieur le duc d'Altamira, ainsi que mes meilleurs vœux pour sa prise de pouvoir et pour son petit frère.

La dernière fois, je m'étais arrêtée aux quinze ans de Sa Majesté.

Nous commencerons donc ici.

 

 

A quinze ans, Reyson apprit que son père l'avait fiancé à une jeune noble, la fille du Pontife de Tésséha'lla, Mademoiselle Marianne de Méthy, destinée à devenir plus tard la tenancière du pensionnat dans lequel vous avez travaillé.

 

La directrice, fiancée à son père?! Yuan n'en croyait pas ses yeux! Pourtant, il lui semblait qu'elle ne s'était jamais mariée et qu'elle n'avait pas d'enfants. Son père l'aurait donc quitté? Mais...Elle avait parlé de fiançailles brisées, un jour, quand il était allé cherché Reyson pour aider Kratos! Elle et lui auraient été fiancés un jour mais il avait brisé les fiançailles. De plus, il connaissait sa mère et de dos, il ressemblait trait pour trait à l'homme qui était dans ses visions. Cette sensation qu'il avait eu quand il l'avait rencontré...C'était lui...Le Reyson du cimetière de Meltokio était en réalité son père! Et à tout les coups, le pseudonyme dont parlait l'autre garce, c'était Gabriel Théodore. Le fameux médecin à qui il devait la vie, c'était également lui!

La directrice savait! Elle savait qui il était et elle s'était vengée sur lui! Il sentit une vague de colère l'envahir. Il ne savait pas s'il ressemblait plus à son père ou à sa mère mais il savait qu'il n'était pas eux, il n'avait rien à voir dans l'histoire

 

Cette histoire de fiançailles déplaisait fortement à Reyson. Marianne était son parfait opposé, il ne l'aimait pas. Il ne voyait en elle qu'une amie. Il était déjà tombé sous le charme d'une jeune fille de son âge venue d'Heimdall. Madame votre mère, à l'époque Mademoiselle Nayru Thècle, Oracle du temps.

Reyson demanda à son père de rompre ses fiançailles qui le liaient à Marianne de Méthy pour le fiancer à Nayru. Elle était de haute lignée, plus haute même que celle de sa fiancée et il l'aimait. Argument de poids pour la conception d'un enfant car si un homme n'aime pas sa femme, la venue d'un bébé peut être rendue difficile. Mais il eut beau faire, le roi ne céda pas. Il voulait un mariage entre la famille pontificale et la sienne. Reyson argumenta en précisant que Rafiel pouvait très bien l'épouser, d'autant plus qu'il en était amoureux fou.

 

 -Mon fils, assez de discussions, vous devez vous sacrifier pour l'intérêt de la famille Ka-Fai, je l'exige.

 

 Le malheureux prince versa bien des larmes. Quand Marianne venait pour les représentations officielles, il était courtois avec elle mais ne lui adressait la parole que si il en avait besoin ou si elle lui posait une question. Le roi lui en tint rigueur. A la Cour, Reyson était très mal vu. Ce n'était plus un rebelle adolescent à qui on pouvait pardonner sa quête et ses questionnements, c'était un renégat qui faisait le malheur de son père. Au sein de la famille, l'ambiance était tendue. Rafiel reprochait à Reyson son manque d'entrain envers sa promise bien qu'il l'eut remercié, en secret, d'avoir tout tenté pour que se fusse lui l'époux de Marianne. Lillia était complètement d'accord avec son père. Leanne fut la seule qui était réellement affirmée comme étant du côté de Reyson. Elle-même n'aimait pas Marianne. Elle la trouvait bien trop frivole et hautaine envers le petit peuple à l'inverse de Nayru. Selon la jeune princesse, Nayru était bien plus digne d'entrer dans la famille royale que Marianne.

Le prince Reyson vouait une profonde affection pour Leanne, qui le lui rendait bien.

Le mariage princier fut fixé pour les dix-huit ans de Reyson.

Malheureusement, le roi de Tésséha'lla craignait le peuple Minaria et il fit raser le pays entier. Seuls Reyson, Wolf et quelques habitants dont moi-même survécurent à ce massacre pur et simple. Le prince était effondré. Il avait alors dix-huit ans. Il rompit ses fiançailles et décida d'épouser Nayru, puisque rien ne pouvait plus l'en empêcher. Ils s'installèrent à Heimdall. Trois ans plus tard, vous veniez au monde. Le prince Reyson ne semblait heureux qu'auprès de sa femme et de vous. Heimdall étant hostile aux demi-elfes, vous partiez pour Meltokio. Malheureusement le roi eut vent de votre naissance et ce fut ainsi que Sa Majesté Nayru fut séparée de son époux, qui m'avait confié ce qu'il avait de plus précieux: sa famille. Je n'eus plus aucune nouvelle du prince et on fit croire qu'il n'y avait plus aucun survivant du peuple de Minaria à la mort de votre mère, tuée sur ordre du roi.

 

 

C'est là tout l'histoire du peuple de Minaria, Votre Altesse. Il fut néanmoins vengé par le peuple de Tésséha'lla, scandalisé par cette violence gratuite, ce qui fit perdre sa couronne au sanguinaire et permit à un roi plus pacifiste de prendre le pouvoir.

 

Votre Altesse, je suis et je serai à jamais votre éternelle servante

Roselyne A.Mils

 

 

Il fallut un peu de temps à Yuan pour assimiler ce qu'il venait de réaliser et d'apprendre. Kratos lui remarqua un air qu'il ne lui avait encore jamais vu. Un mélange de détermination, de tristesse mais aussi...de colère? Il pria le demi-elfe de lui raconter ce qui le minait. Alors Yuan lui raconta tout. Ses révélations, ses déductions, ses nouvelles envies...Il lui demanda s'il avait un portrait de Gabriel. Kratos lui montra. Le cœur du métis fit un bond. C'était bel et bien Reyson. Le Reyson du

cimetière. Le Reyson qui avait aidé Kratos. Le Reyson qui lui avait sauvé la vie. Savait-il qu'il allait sauver son fils de son ex-fiancée? Il compara ce portrait à celui que Madame Mils lui avait fait parvenir. Aucun doute possible, c'était lui. Yuan avait du mal à réaliser qu'il venait de retrouver son père et mieux encore, il vivait.

-Kratos, j'ai du travail à faire mais puis-je le faire ici? Je ne voudrais pas te laisser seul.

-Bien sûr, mais je n'aurais pas été seul, Lloyd aurait été avec moi. Tu veux envoyer des lettres?

-Oui, dont une bien corsée à cette chère Marianne de Méthy. Fille de Pontife ou pas, je vais lui sonner les clochettes à celle-là. On ne s'en prend pas à un jeune homme juste pour se venger de son père et on s'en prend encore moins au prince héritier de Minaria.

Kratos ne put s'empêcher de sourire. Yuan commençait à avoir cette légère fierté due à sa condition sans pour autant oublier ce qu'était la misère de la roture. Et puis, allumer par lettre cette satanée et satanique Méthy, Kratos trouvait cela jouissif à souhait.

-Surtout, tout en restant poli, lâche toi, Yuan.

-Oui mais d'abord, j'écris à Madame Mils, la Méthy sera la dernière à qui j'écrirai. Je préfère une vieille femme du peuple à une fille de Pontife, voilà qui ferait jaser si cela se savait.

Le jeune homme se mit à l'ouvrage tandis que Kratos jouait paisiblement avec Lloyd avant d'être assailli par une quinte de toux. Aussitôt, Yuan arrêta et alla vers son amoureux.

-Vas-y mollo, tu es encore malade. Certes, moins, beaucoup moins mais quand même.

Kratos sentit une petite main sur la sienne et vit deux grands yeux chocolat le fixer. Lloyd était encore trop petit pour comprendre ce qui arrivait à Kratos mais il n'était pas pour autant stupide. Il avait senti que son grand-frère avait mal.

Une fois assuré que Kratos allait bien, Yuan se remit au travail.

 

 

Chère Madame Mils

 

Je tenais à vous remercier personnellement de votre travail. Vous avez comblé toutes mes attentes et même au-delà de mes espérances. Quel étrange destin que celui de mon père. Je sais qui il est et où il est désormais. Mais je pense que vous le savez déjà. Vous l'avez sans doute reconnu le jour où nous nous sommes retrouvés en allant au cimetière pour honorer ma pauvre maman.

Je voulais aussi vous remercier de tout ce que vous avez fait pour notre famille.

Je n'oublierai jamais votre dévouement pour notre clan et je n'oublierai jamais votre gentillesse à mon égard. Je ne puis malheureusement pas encore vous remercier comme il se doit, cette lettre est à la fois une lettre de remerciement et d'excuse, mais cela n'est que partie remise.

 

Je vous envoie mes meilleurs sentiments

Yuan Ka-Fai de Minaria

 

 

 

Le jeune homme cacheta la première lettre avant de demander l'adresse de «Gabriel» à Kratos.

 

 

Monsieur mon très cher père

 

Non, vous ne rêvez pas. Je sais qui vous êtes, j'ai deviné qui vous étiez sous ce pseudonyme. Mon cher père...Je...Je n'arrive pas à croire que vous êtes en vie! Plus le temps passait, plus je perdais espoir de vous retrouver enfin. Quelle drôle d'histoire que la notre! Mon père, sachez que chaque pas que j'ai fait depuis que j'ai appris votre existence était dans le but de vous retrouver, je voulais me rapprocher de vous, vous connaître pour me connaître. Je voulais apprendre à vous aimer. Je voudrais vous revoir. Wolf, qui est resté à Altamira depuis dix-huit ans aussi. S'il vous plaît mon père, venez à Altamira chez mon ami Kratos avec Madame Mils. Rien ne me causerait de plus grande joie.

Maintenant que je vous sais vivant, je ne peux plus m'empêcher de penser au jour de nos retrouvailles, de vraies retrouvailles, pas comme celle du cimetière.

Madame Mils m'a raconté votre passé. Étrangement, c'était exactement l'idée que je me faisais de vous. J'ai hâte de pouvoir parler de cela avec vous.

 

J'ai l'honneur d'être votre enfant

Yuan

 

 Enfin vint la lettre à la Méthy.

 

Mademoiselle

 

Il était bien malavisé à vous de me traiter comme vous le fûtes. Je suis maintenant ce que j'aurais toujours du être et croyez bien que votre personne égoïste, froide, frustrée et pathétique ne provoque en moi que du dégout. Vous n'avez plus aucun pouvoir, le seul que vous avez est sur cette pension minable.

Plutôt que de me faire du mal, il aurait mieux valut me traiter correctement si vous vouliez vous attirer les faveurs du Roi mon père. Tant pis.

J'ai pour projet de récupérer mon trône et je sais que j y arriverai

Sachez que je ferai savoir quel genre de créature misérable vous êtes. Vous perdrez crédibilité devant toute la Cour du Roi de Tésséha'lla, favorable aux Minaria. Vous serez socialement morte. Le jouet ne sera plus jamais un jouet. Tel est pris qui croyait prendre.

Je ne vous salue point, une personne de mon rang n'a pas à le faire pour des gens comme vous. On ne salue guère un chien. Je vous ai fait la faveur de vous écrire. Gardez bien cette lettre, elle sera la seule que vous aurez de moi. Vous voulez mon pardon? Pourquoi? Parce que cela est écrit dans les enseignements de Mana? Il me semble que vous les avez assez bafoués comme ça. Il est trop tard maintenant. Avant j'aurai pu vous pardonner. Plus maintenant.

On ne s'en prend jamais impunément aux innocents.

Adieu Madame, puissiez vous vivre longtemps, bien, en bonne santé mais assez malheureuse d'esprit pour pouvoir vous repentir de vos pêchés.

 

 

J'ai l'honneur d'être etc

Yuan Ka-Fai, Prince héritier de la couronne de Minaria

 

 

 -Cela sera ma seule vengeance, Marianne, tu t'en tires à bon compte. J'aurais pu être plus cruel encore.

Yuan envoya toutes ses lettres. Deux semaines plus tard, son vœu le plus cher se réalisait. Son père avait tombé le masque et lui avait écrit qu'il était en route pour Altamira.

 

 

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2 juillet 2011

Chapitre 14: Les sentiments de Yuan - par Marina Ka Fei

 

Chapitre 14: Les sentiments de Yuan

 

Malgré le chagrin qui l'accablait, Kratos se révéla être un jeune homme assez actif dans ses nouvelles fonctions, qu'elles fussent familiales ou politiques. Sa vie était désormais réglée comme un métronome. Tous les jours, il se levait à six heures, il mangeait un peu, il travaillait jusqu'à dix heures. Là, il faisait une bonne pause. Une pause à la Kratos, cela voulait dire qu'on le retrouvait à étudier. Ou alors, le plus souvent, il allait voir son fils, comme il l'appelait avec tendresse. A midi, il déjeunait. Puis il prenait quand même le temps de digérer. Le plus souvent, il passait ce moment de la journée avec Yuan. A deux heures, il se remettait en selle, épée à la main et il assassinait les affaires, la paperasse et les documents administratifs. Du sang noir coulait le long de sa lame. A quatre heures, il jugeait qu'il avait assez travaillé pour toute sa journée. Il rejoignait Yuan pour une bonne séance d'escrime, histoire de ne pas rouiller. Il se détendait, il discutait avec Wolf, Yuan ou Anna. Il jouait avec Lloyd. A vingt heures, tout le monde soupait. Même si Anna et Wolf étaient de la roture, Kratos tenait à leur présence à sa table. Anna était celle qui veillait sur son fils. Wolf avait été celui qui avait veillé sur lui dans son enfance. Après, Anna se retirait avec Lloyd. Wolf ne tardait jamais vraiment longtemps. Kratos et Yuan restaient alors seuls. A vingt-deux heures ou vingt-deux heures trente, les deux jeunes hommes allaient se coucher. Les domestiques et les aristocrates vantaient ce jeune duc, ils saluaient sa force et son courage. Kratos se disait qu'ils avaient tort. Les premières nuits, il avait demandé à Yuan s'il pouvait dormir avec lui. Les premières nuits, il ne dormait pas, il pleurait silencieusement, son ami le berçant comme si c'était lui, l'enfant dont sa mère venait d'accoucher. Mais ça, c'était la nuit. C'était dans le monde du secret. C'était dans le monde des ombres.

Malgré la mort des époux Aurion, la vie de Yuan ne changea pas vraiment. Il était toujours aussi libre de ses mouvements. Alors il décida d'essayer d'adoucir la vie de son ange gardien. Il se levait à six heures, histoire que Kratos ne déjeune pas seul. Ensuite, il lisait. A dix heures, il l'accompagnait dans sa détente. En attendant l'heure du déjeuner, il était le plus souvent avec Lloyd. Il lui parlait. Ça pouvait paraître stupide, vu que Lloyd ne pouvait pas lui répondre mais il était certain que Lloyd le comprenait. A midi, il déjeunait avec Kratos. Puis il attendait patiemment que Kratos eut fini de travailler. Le plus souvent, il étudiait avec Wolf. Après, quand Kratos avait enfin fini, il s'arrangeait pour lui changer les idées. Il ne savait pas pourquoi mais quand il voyait l'humain pleurer, quand il le voyait aux proies du chagrin et du désespoir, son cœur se serrait, il devenait lourd. Cela lui faisait mal. Alors, il essayait de calmer la douleur. Le reste de la journée, il restait avec Kratos. La nuit, il dormait avec Kratos. Ses pleurs s'estompaient et ses nuits, il les passa à dormir.

Quand un Ange veille sur vos rêves, on ne peut que bien dormir.

La vie de Lloyd était un vrai petit paradis. Le bébé passait le plus clair de son temps à dormir. Quand il avait faim, il n'avait même pas besoin de parler, Anna comprenait tout de suite et hop, à lui le lait! Il l'aimait bien Anna. Elle sentait bon, elle avait une jolie voix. Lloyd aimait bien Yuan aussi. Il lui parlait souvent et comme Yuan n'attendait pas spécialement de réponses vu qu'il savait qu'il ne savait pas encore parler, Lloyd l'écoutait. Ce que Lloyd aimait le plus chez Yuan? Ses cheveux, pardi! Une si jolie couleur, avec une jolie longueur alors du coup Lloyd en profitait pour attraper ses cheveux avec ses petits poings et comme Yuan ne disait rien, il recommençait. Ça l'amusait Lloyd. Au pire, Yuan râle mais au ton rieur du métis, Lloyd sent qu'il n'est pas sérieux. Et puis, il serre pas fort Lloyd. Juste assez pour que Yuan sente que quelqu'un le retient. Enfin, il y a Kratos. Lloyd sait que Kratos n'est pas son papa, Yuan le lui a expliqué, Kratos le lui a expliqué, Kratos c'est son grand-frère mais bon, vu comment il est grand et fort, il peut se faire passer pour son papa sans problème. Lloyd aime bien Kratos. Kratos, il joue tout le temps avec lui. Il le chatouille parce qu'il l'aime l'entendre rire et Lloyd, lui, il aime les chatouilles. Kratos, il le câline, il lui parle. Même si Lloyd sent qu'Anna l'aime, même s'il sent que Yuan est tombé sous son charme de bébé, c'est différent avec Kratos. Personne ne l'aimera aussi fort que Kratos, il le sait. Alors que Kratos soit son grand frère ou son père, Lloyd, il s'en fiche. Tant que Kratos l'aimera fort, peu lui importe à Lloyd. D'ailleurs, la première personne qu'il appellera, ce sera Kratos, tiens! Puis Anna ou Yuan. Ou les deux en même temps. Après il verra bien. Bébé Lloyd est fatigué, il s'endort paisiblement dans les bras de Kratos. L'ainé ne tarde pas à le suivre d'ailleurs. Alors, Yuan retrouve le tableau touchant des deux Aurion au pays des rêves. C'est comme ça presque tout les jours.

Ce jour là, tout semblait suivre son cours normal. Seulement, à trois heures, personne n'avait prévu qu'Anna n'entre en trombe dans le bureau de Kratos.

- Eh bien, en voilà une agitation Anna !

- Pardonnez-moi Monsieur Aurion mais c'est le petit Lloyd! La fièvre monte et malgré tous mes efforts, je ne parviens pas à le soulager!

 

Seuls deux mots arrivèrent intacts au cerveau de Kratos:

Lloyd- malade

Il se précipita littéralement au chevet de son petit frère. Yuan, pendant ce temps, avait appelé un médecin, tandis que Wolf et Anna essayaient d'aider de leur mieux. Kratos prit Lloyd dans ses bras et tenta d'apaiser ses pleurs.

Et si jamais son petit trésor venait à mourir lui aussi? Il se retrouverait alors tout seul, il serait le dernier des Aurion! Alors qu'il avait juré à sa mère mourante de prendre soin de l'être pour lequel elle avait donné sa vie sans regrets!

- Ne meurs pas Lloyd, ne meurs pas...ne meurs pas...

L'humain répétait ces mots sans arrêt, comme s'il voulait que Lloyd ne les oublie pas. Il serrait son petit corps contre le sien, il essayait de lui transmettre de sa force, de sa santé, même de son espérance de vie s'il le fallait! Quand Yuan le vit, il eut immédiatement à l'esprit l'image d'une marionnette brisée, bloquée dans une valse, un requiem sans fin. Et c'était infiniment triste. Il s'approcha doucement des deux Aurion et sécha d'un revers de la main les larmes de l'ainé.

- Ne t'inquiète pas, c'est sans doute rien de bien méchant. Je suis sûr que Lloyd guérira.

Il passa ses bras autour des épaules de Kratos et déposa sur sa joue un baiser. Certes, l'humain pleurait toujours mais au moins, Yuan avait réussi à le faire sourire. Ah Seigneur, ce sourire magnifique, figé dans la tristesse et la dignité! Le métis sentit son cœur chavirer. Pourquoi? Il ne le savait pas et le moment était mal choisi pour penser à cela. La priorité, c'était Lloyd. Le médecin arriva assez vite et diagnostiqua un coup de froid sans gravité car Yuan avait eu le bon réflexe de le faire quérir mais il fallait quand même surveiller le petit quelques jours.

A peine le médecin parti, Kratos déposa doucement Lloyd dans son berceau avant de s'effondrer sur le canapé. Les larmes d'inquiétude devinrent des larmes de soulagement. Yuan prit place à côté de son ami et le serra contre lui, le laissant évacuer à sa guise. Lui quand il fallait qu'il évacue, il vomissait. Kratos évacuait par les yeux. C'est une histoires d'entrée ou de sortie, faut bien considérer par quel sens on prend l'histoire.

Malgré son travail encore titanesque pour un adolescent de dix-huit ans, le jeune duc tint à veiller son petit frère. Il le fit quatre nuits. Il en aurait bien fait une cinquième si Yuan ne l'avait pas forcé à aller dormir un peu en lui assurant que Lloyd allait mieux et qu'au pire, en cas de problème, il saurait gérer. Il n'y eut aucun incident notable cette nuit là, à part une histoire de langes à changer mais ça, Yuan savait faire alors, pas de problème.

 

Le lendemain, Kratos avait les traits tirés. Il était pâle et avait peu d'appétit. Yuan le remarqua. Avec son joli sourire, l'humain aux cheveux acajou le rassura.

- C'est juste un peu de fatigue.

Plusieurs jours passèrent ainsi et à chaque fois que l'on lui faisait remarquer son apparente faiblesse, il sortait toujours la même phrase, avec son éternel sourire. Il continuait à mener son train de vie habituel. Levé aux aurores et couché bien après le soleil. Son esprit acceptait. Son corps acceptait de moins en moins. Ce fut durant une séance d'escrime avec Yuan que le corps rebelle décida de se révolter. Sans crier gare, Kratos s'effondra brûlant dans les bras du demi-elfe. Et quand le métis lui posa la question clichée du « ça va ? », il répondit la même réponse que d'habitude avant de plonger dans l'inconscience. Quand Yuan avait pensé à une marionnette brisée en faisant référence à Kratos, il n'avait pas tort. Depuis la mort de ses parents, Kratos n'avait plus aucun fil pour le retenir. Il avait dû endosser toutes les casquettes possibles: Aristocrate, homme d'affaires, père, adolescent, ami... A dix-huit ans. Il avait caché sa souffrance aux yeux de tous, même Yuan n'avait pas su sonder toute la profondeur de son chagrin. Le médecin appelé pour le petit frère fut mandé une seconde fois pour le grand. Kratos devait être fan des mathématiques, il avait là une sacrée addition.

 Surmenage intense+stress pour Lloyd+ train de vie démesuré+ grosse bronchite qui menaçait de tourner à la pneumonie si Kratos ne se calmait pas = ce que vous avez lu peu avant.

J'ai échoué...Je n'ai pas su te protéger Kratos...Je n'ai pas su voir ta douleur, je n'ai vu que la face visible de l'iceberg. Je me suis laissé tromper par ton air joyeux. Pourquoi n'ai-je pas pu voir au delà de ton regard? Alors que toi, à Meltokio, tu devinais aisément mes souffrances! Ce « n'y penses plus» pendant l'anecdote du bain ! Tu devinais tout de moi! Est-ce moi qui suis lisible comme un livre ouvert? Ou alors est-ce moi qui lit mal? Ça ne m'étonnerait pas. Pardonne-moi Kratos...

Kratos s'éveilla quelques heures plus tard en ayant la sensation que tout son corps refusait de lui obéir. Pourtant, il avait encore des choses à faire. Il tenta de se lever quand il sentit deux bras le saisir pour le rallonger de force. Il n'eut même pas besoin de lever les yeux pour deviner à qui appartenait ces bras. Il savait que c'était celui qui faisait battre son cœur, celui qu'il aimait à s'en rendre malade, celui qui lui avait donné son corps.

L'humain sentit deux gouttes d'eau tomber sur son bras. Son Ange avait eu peur pour lui, son Ange pleurait par sa faute. D'accord, il allait se calmer un peu, d'accord il allait se soigner et se reposer, d'accord il ne lui mentirait plus sur son état.

- Pardonne-moi Yuan, je n'aurais pas du te mentir.

- Non, c'est à moi de te demander pardon, je n'ai pas su voir au-delà des apparences... Je m'en veux tellement! Si jamais je te perdais, je....

 

C'est vrai ça, qu'est-ce que je ferais sans Kratos? Que deviendrais-je sans lui? Vivre sans lui? Non! Je ne veux même pas l'imaginer, cela serait un cauchemar, un Enfer pire que celui de la pension Kharlan! Sans lui, ma vie redeviendrait noire et triste! Il doit survivre, il faut qu'il survive!

- Yuan?

En entendant son prénom, le demi-elfe cessa toute bataille avec ses pensées.

- Ce n'est rien Kratos, essaye de dormir un peu, cela te fera la plus grand bien.

Le malade acquiesça et ne tarda pas à rejoindre le pays des rêves, ce qui donna l'occasion à Yuan de reprendre son combat interne là où il l'avait laissé. Reyson lui avait dit qu'un jour, il devrait donner une réponse à Kratos. Lui-même avait dit à Kratos qu'il n'avait pas pu réellement se poser la question sur ses sentiments pour lui. Mais là, le métis sentait que la réponse était proche. Cette peur de le perdre à jamais, cette envie de le voir heureux, cette sensation de chaleur quand il voyait son sourire, cette envie maintenant presque permanente qu'il avait de l'embrasser... Et oserait-il l'avouer? Son désir pour l'humain qui grandissait chaque jour davantage...

Le souvenir de ce jour où ils n'avaient fait qu'un et ce « je t'aime tant » qui le tourmentaient de jour comme de nuit... Si Kratos avait été un simple ami pour lui, cette journée aurait été une anecdote sympathique. Il était bien plus qu'un ami. Était-ce...de l'amour? Cela ne pouvait être que cela.

 

Si Kratos savait ce que je ressens, il en serait fou de joie....Et sa joie ferait mon bonheur. Le doute n'est plus en moi....Je l'aime.... A en devenir fou même.... et je l'aime peut-être depuis longtemps déjà... Je l'aime...Ça me fait bizarre, cela me paraît si évident maintenant! Je l'aime... Maman, tu avais raison, la Déesse récompense toujours ceux qui se donnent du mal. Elle m'a offert un ami, un amoureux, un amant et tout cela en un seul et même être: Kratos. C'est un garçon, et alors? C'est lui que mon cœur a choisi, on ne contrôle pas l'amour. J'aime Kratos. Peu importe ce que cet amour peut m'apporter comme misères, il m'apportera bien plus de joie que de peine. Et Kratos en vaut largement la peine.

 

 

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2 juillet 2011

Chapitre 13: Tragédies - par Marina Ka Fei

 

Chapitre 13: Tragédies

 

Kratos avait du mal à assimiler la nouvelle. Sa mère enceinte? Les mots qui lui vinrent immédiatement à l'esprit furent:

Maman, enceinte, bébé , grand frère.

Puis quand l'information fut totalement bien intégrée dans son cerveau, il laissa sa joie exploser. Il allait être grand frère! La Déesse venait de réaliser l'un de ses plus grands rêves, l'une de ses plus grandes prières.

Déodate Aurion avait un corps qui gardait difficilement les enfants. Avant la naissance de Kratos, elle avait fait deux fausses couches et elle avait failli mourir en lui donnant naissance. Mais elle avait si bien récupéré depuis que tout le monde disait que si elle accouchait d'un autre enfant, l'accouchement serait moins pénible pour elle. C'était un miracle pour elle d'être enceinte une seconde fois, à presque quarante ans, d'autant plus que les médecins étaient optimistes.

Yuan était heureux pour les Aurion. Si une famille méritait le bonheur, c'était bien elle, elle qui avait eut la bonté de s'intéresser au pauvre orphelin à l'avenir incertain qu'il était, elle qui en dépit de sa noblesse, de son prestige, de sa renommée et de sa lignée restait simple, modeste. Il félicita les futurs parents, timidement mais Théophratus et Déodate sentaient à quel point le métis était sincère. Le patriarche évoqua la raison pour laquelle il avait fait appeler les deux garçons. Certes, c'était pour leur annoncer la bonne nouvelle mais aussi pour une requête bien particulière destiné à Yuan. Il lui demandait d'être le parrain du futur bébé.

Le demi-elfe crut au début avoir mal compris mais le père de Kratos semblait sérieux. En lui proposant d'être le parrain du futur Aurion, il prouvait de manière symbolique et définitive qu'il acceptait Yuan dans leur famille. L'adolescent accepta avec émotion. La grossesse se déroula sans trop de problèmes. Yuan voyait Kratos rayonner de bonheur, plus fort que le Soleil encore. La joie lui allait si bien! Yuan ne put s'empêcher de le trouver beau. Heureuse de voir à quel point les deux garçons étaient ravis de voir la famille s'agrandir, Déodate leur donna une mission afin de calmer leur impatience: c'était le duo inséparable qui allait décorer la chambre de A à Z . Ils y passaient le plus clair de leur temps, se demandant quelles couleurs iraient le mieux dans une chambre de bébé, quelles couleurs prendre car ils ignoraient si le bébé allait être un garçon ou une fille, comment agencer la pièce... Un peu plus et on aurait dit que les deux adolescents étaient en couple et qu'ils prévoyaient d'adopter un enfant. Après chaque journée dans ce chantier, ils étaient tous les deux si éreintés qu'ils n'étaient pas rare qu'on les retrouve endormis dans les bras l'un de l'autre soit dans la chambre de Yuan, soit dans celle de Kratos.

Au final, la chambre était simple mais agréable. Elle était dans des tons vert anis et blanc, les meubles étaient en bois d'Ozette, le plus solide qu'il existait alors à l'époque. Le résultat était ravissant. Kratos était content, son frère ou sa sœur allait avoir un joli endroit où dormir. Le bonheur lui allait bien. Yuan ne sut pas ce qui le poussa à agir ainsi mais il n'arriva pas à s'en empêcher. Il embrassa Kratos. L'humain, d'abord surpris, se laissa faire. Il aimait ce contact.

Malheureusement, ce bonheur fut de courte durée. Un mois avant la naissance du bébé, Kratos devint orphelin de père. Théophratus avait perdu la vie dans un accident de carrosse alors qu'il se rendait à Meltokio. Jamais une veuve ne fut plus éplorée que Déodate et jamais un père ne fut autant pleuré par son fils. Jamais un pupille ne pleura autant pour celui qui l'avait recueilli. Kratos passa des nuits entières à pleurer. Yuan ne savait pas trop comment agir. Il restait à ses côtés, le laissait pleurer à sa guise contre lui alors qu'il le serrait dans ses bras. On dit souvent « un malheur n'arrive jamais seul » mais on dit aussi «la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit ». Dans la vie de Kratos, la première citation allait surpasser la deuxième. On alla le chercher le jour de Noël. Sa mère venait de mettre au monde un petit garçon fort et en pleine santé. Déodate, en revanche, n'en n'avait plus pour très longtemps. La mort de son mari et des complications durant l'accouchement avaient scellé son avenir. Elle demanda à voir Yuan en premier. Il avait l'air tellement triste! Il n'en avait pas seulement l'air, il l'était réellement. Il avait l'impression de perdre une deuxième fois sa mère.

- Pourquoi pleurez-vous Yuan? La mort fait partie de la vie, non?

Yuan ne sut que répondre. Que pouvait-il dire face à cette femme qui acceptait son destin sans broncher, belle et digne jusqu'à la fin?

- Yuan, soyez franc avec moi, Kratos vous aime ?

- Il m'aime autant qu'un ami peut aimer son ami.

Yuan essayait d'éviter à cette agonisante un choc inutile.

-Comme vous êtes compatissant avec la pauvre mourante que je suis. Ne me mentez pas, je sais que Kratos vous aime. Il vous aime comme j'ai aimé mon mari. Ne croyez pas que j'en suis fâchée, je préfère que se soit vous l'élu de son cœur plutôt qu'un homme dont j'ignore tout. Faîtes moi une promesse, Yuan. Promettez-moi de veiller sur mes fils.

-Je vous le promets Madame, soyez tranquille. Je veillerai sur Kratos et sur son petit frère, même si cela doit me coûter la vie un jour.

-Merci. Je suis si contente de vous avoir rencontré. Vous avez été pour moi mon fils.

-Et vous avez été pour moi une mère aimante. C'est à moi de vous remercier.

Yuan la quitta puis ce fut Kratos qui entra dans la pièce où reposait sa mère.

-Kratos, mon enfant, approchez. Regardez, votre frère est ici. Il s'appelle Lloyd. Vous plait-il mon fils?

Dans son berceau, Lloyd dormait à point fermé. Il avait des petits cheveux bruns, un visage tout rond et un air d'angelot.

-Il est magnifique Mère. Répondit Kratos dont les émotions alternaient entre la joie d'avoir un frère et la tristesse sans nom de voir sa mère mourir alors qu'il se remettait à peine du départ de son père.

Le petit Lloyd ouvrit les yeux et son regard chocolat se planta dans celui grenat de son frère ainé. Kratos aima son petit frère sur le champ.

-Mon fils, comme vous le savez, je suis en train de mourir.

-Ne dîtes pas des choses pareilles Mère, vous allez vivre.

-Non ,mon fils, je me sens partir et vous allez devenir le nouveau duc d'Altamira. Mon fils, vous aimez Yuan n'est-ce pas? Vous l'aimez à la manière d'un amoureux. Je le sais et je ne vous en blâme pas. Dans les volontés de votre père et dans les miennes, vous verrez qu'il est précisé que l'on ne vous forcera point à vous marier. Votre père et moi vous demandons seulement de prendre bien soin de Lloyd. Protégez-le et aimez-le pour nous.

Kratos prit son petit frère dans ses bras et le regarda avec une tendresse triste.

-Plus qu'un frère ma mère, Lloyd sera mon fils. J'essayerai de l'élever aussi dignement que Père et vous m'avez élevé.

-Merci Kratos, je peux partir sans crainte et sans regrets. Dites à Lloyd quand il sera plus grand que je l'aime de tout mon cœur, exactement de al même manière que je vous aime et que j'aime Yuan. Adieu mon enfant, puissiez vous trouver le bonheur, un Ange tel que vous le mérite.

 

Déodate ferma les yeux pour ne plus jamais les rouvrir ensuite et au moment où la vie quittait son corps, au moment même où son cœur acheva son dernier battement, le petit Lloyd se mit à pleurer aussi fort qu'un nourrisson pouvait le faire. Son frère ainé mêla ses larmes à celle du bébé.

Il était désormais le nouveau duc d'Altamira. Il regarda son petit frère et essaya de calmer ses pleurs. Non, ce n'était pas son petit frère, c'était son fils et il comptait bien s'en occuper.

- C'est fini Lloyd, tout ira bien. Je te le promets. Papa est là.

Yuan pénétra dans la pièce. Voyant les larmes de son ami, il comprit tout de suite que Déodate n'était plus. Il fit un signe de croix respectueux face au lit de la morte.

-Viens Yuan, approche. Viens voir comme il est beau.

C'était vrai qu'il était beau, le petit bébé que Kratos tenait dans ses bras. Yuan trouvait qu'il ressemblait à une petit pomme avec sa bouille ronde.

- Cet enfant... est-ce....

Yuan eut trop de mal à finir sa phrase mais Kratos en devina aisément le sens.

-C'est un garçon. Il s'appelle Lloyd. Je cherche ses autres noms, t'as une idée?

-J'ajouterais le nom de son grand frère.

-Et moi celui de son parrain avec celui de son grand-père.

Le jeune orphelin regarda son petit frère et lui dit avec douceur:

- Bienvenue sur Terre, Lloyd Kratos Yuan Théophratus Aurion.

 

 

Malgré sa douleur, Kratos reprit assez vite les rennes du duché Aurion. Wolf garda sa position mais il eut un petit plus dans ses fonctions, il allait être le conseiller du jeune duc. Une jeune nourrice fut choisie pour Lloyd. Elle venait de Luin et avait le même âge que Kratos. C'était elle qui allait devenir la figure maternelle de Lloyd. Elle s'appelait Anna Irving.

Yuan, quand à lui, devenait conseiller du nouveau duc mais surtout il restait son meilleur confident.

Kratos lui jura qu'il continuerait à l'aider malgré ses nouveaux devoirs. Yuan lui promit de l'aider du mieux qu'il pouvait pour Lloyd et pour le duché.

 

C'est le moins que je puisse faire pour toi Kratos. Tu m'as sauvé. C'est à mon tour de t'aider à ne pas sombrer, mon ami. Ami? N'est-ce pas plutôt amant que je devrais penser? On verra bien. Pour l'instant, le plus important, c'est de veiller à ce que tu te remettes bien de tout.

 

 

A suivre

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2 juillet 2011

Chapitre 12: La biographie de Madame Roselyne Mils - par Marina Ka Fai

 

Chapitre 12: La biographe Madame Roselyne Mils

 Il était à peine seize heures quand Kratos se réveilla. Il se sentait vidé, comme s'il avait achevé les douze travaux d'Hercule avant sa sieste. Il sentait aussi quelque chose de chaud contre lui. Yuan. Il dormait encore, paisible. L'humain énamouré le serra contre lui, profitant qu'il fut assoupi pour observer à sa guise sa beauté, déposant avec délicatesse un baiser sur son front. Il voulut embrasser ses lèvres mais se demanda comment réagirait l'endormi s'il sentait qu'on l'embrassait. En même temps, peu avant leurs ébats, il lui avait dit « ne te gênes pas ». Alors pourquoi hésiter? Il déposa un chaste baiser sur les lèvres de son ami qui eut un léger gémissement de plaisir, ce qui eut pour magnifique effet de faire rougir Kratos. Il aimait plus que jamais son petit ange de Minaria. Yuan lui avait fait un beau cadeau, qui avait dû lui demander pas mal d'efforts vu son passé tourmenté: il l'avait laissé le posséder. Posséder son corps était une chose. Avoir son cœur en était une autre. Il avait aimé le présent que lui avait offert le métis, soyons honnête. Mais Kratos fut victime du pêché de gourmandise, encore plus ardemment que de celui de luxure. Il en voulait plus si c'était possible. Il décida cependant de rester raisonnable. Il respecterait la promesse qu'il avait faite à Yuan avant que tout les deux ne s'endorment à cause de la fatigue occasionnée par leur activité. Il l'aiderait aussi à retrouver ses racines, son père et si Yuan voulait ensuite quitter Altamira pour aller aux côtés de son père, il le laisserait partir. Ce serait cela sa plus belle preuve d'amour. Lui ? Oh, il en savait pas ce qu'il ferait vraiment. Ses parents le marierait sûrement, il aurait des enfants et avec un peu de chance il vivrait longtemps, si le désespoir d'un amour impossible ne l'avait pas tué avant. Pour l'instant, il lui fallait profiter au maximum de l'instant présent. Il décida de se lever à regrets afin de cacheter et de poster la lettre de Yuan. Si elle partait aujourd'hui, il aurait une réponse en à peu près une semaine. Il s'habilla, remit un peu d'ordre dans ses cheveux éternellement en bataille et mit son projet à exécution. Yuan s'éveilla alors que Kratos cachetait la lettre. Il se rappela la douceur de ce moment partagé avec lui. Cela avait été si différent avec lui! Pas de coups, pas d'insultes, écouté et exaucé, il se rappela un je t'aime tant de la part de son amant. Yuan n'avait pas répondu à ce moment-là mais il était sûr que Kratos comprenait pourquoi. Quand il était entré en lui, malgré une légère douleur, il avait eu l'impression qu'il s'envolait vers les étoiles et plus il sentait le jeune homme en lui, plus il s'en sentait proche, il n'y avait qu'à tendre la main et il en aurait décroché une. Et oserait-il se l'avouer? Il avait bien envie que ce moment d'intimité pure recommence. Était-ce pervers? Il n'en savait rien mais la Déesse lui pardonnerait sans doute de céder au moins une fois à ses désirs. Surtout s'ils concernaient l'Ange qu'elle avait mis sur sa route. Il avait suffisamment souffert pour se permettre ce genre de pêchés.

Kratos remarqua que son ami était réveillé. Il lui sourit comme à son habitude.

-Bien dormi?

-Avec le moment que tu m'as fait passé, le contraire aurait été étonnant.

-Tu regrettes?

-Absolument pas. Je suis prêt à recommencer quand tu veux.

-Oui mais ce n'est pas seulement quand moi je veux. Quand toi tu veux aussi, tu as ton mot à dire.

Kratos acheva son œuvre et descendit pour remettre la lettre au coursier. Pendant ce temps, Yuan s'habillait, rêvant toujours de ce moment incroyable. Comme Kratos l'avait estimé, Yuan reçut la réponse de Madame Mils une semaine après. Durant cette semaine, il ne se passa plus rien de charnel entre les deux garçons à part des baisers tous plus chastes les uns que les autres soit sur le front, soit sur la joue.

Ce fut Déodate qui donna sa lettre à Yuan. Déodate aimait beaucoup ce jeune homme. Il était un peu comme son fils, en tout cas, elle l'aimait comme tel.

Le métis ouvrit sa lettre et la lut avec Kratos. Yuan s'était attendu à tout sauf à la manière dont Madame Mils s'adressait à lui.

 

Votre Altesse,

 

C'est avec une très grande joie et un honneur immense que je vous écris. Je suis honorée par la requête dont vous me faîtes part.

J'espère pouvoir y accéder et convenir à votre demande. Malheureusement, je ne saurais vous raconter la vie de votre illustre père en une seule lettre, mes pauvres os ne me le permettent plus mais sachez, Votre Altesse, que je ferai en sorte que vous obteniez ce que l'on pourrait appeler une biographie de Sa Majesté Reyson aussi vite que possible.

 

Je commence donc mon travail d'historienne ici.

Reyson Naesala Geoffrey Ka-Fai naquit à Minaria un dix-huit octobre il y a maintenant trente-neuf années. Fils cadet du Roi Rémiel et de la Reine Lilith, il est le troisième enfant d'une fratrie destinée à être au nombre de quatre enfants. Son frère ainé Rafiel était né un trente juin trois ans avant lui et sa sœur Lillia un quatre mai deux ans avant Rafiel. Enfant à la santé fragile, beaucoup de courtisans pariaient sur la date de sa mort. La réaction du roi fut vive. Tous les parieurs furent exilés sans exception ce qui eut pour effet de laisser une place de ministre vacante qui fut occupé alors par le jeune Théophile Aurion, duc d'Altamira, île proche du territoire de Minaria.

 

-Théophile? Mais c'est mon grand-père! S'exclama Kratos

-Il vit toujours?

-Malheureusement non, la Déesse l'a rendu fou à la mort de Grand-Mère et il s'est suicidé.

Espoir raté, zut! Mais au moins, Yuan savait qu'il était plus proche de ses terres qu'il ne le pensait. Il se jura d'aller le voir au moins une fois.

 J'étais déjà au service de la famille royale à la naissance de Sa Majesté Reyson. J'avais alors vingt-trois ans. Je fus chargée de nourrir l'illustre progéniture des souverains de Minaria. Le prince Reyson était déjà un bel enfant à la naissance. Des quatre enfants royaux, c'était lui qui attirait le plus les regards des gens. Il dégageait de lui une sorte de magnétisme étrange, une noblesse inexplicable.

Contrairement aux funestes prédictions des courtisans bannis, le prince survécut et plus les années passaient, plus il se fortifiait pour au final devenir le plus résistant des enfants du Roi.

Il semblait assez précoce. A un an, il marchait sans tomber. Six mois plus tard, il parlait. C'était un enfant assez calme mais capable de vie incroyable contrairement à la vive Lillia et à l'enjoué Rafiel. L'âge de quatre ans fut un âge plein de surprises pour le jeune Reyson. A quatre ans, il commença comme la tradition le veut à étudier. A quatre ans, il vit sa jeune sœur Leanne naître. Mais malheureusement, l'âge de quatre ans fut celui où le jeune Reyson perdit sa mère, morte en couches, qui lui fit promettre de veiller sur sa jeune sœur. Chose étrange, le jeune Reyson ne versa pas une larme alors que son frère et sa sœur pleuraient des heures durant. Il m'avoua bien plus tard que c'était parce qu'il savait que sa mère n'aurait pas voulu qu'il pleure. L'âge de quatre ans fut aussi celui d'une amitié qui se révèlera aussi précieuse que belle. En effet, c'est à cet âge plein de surprises pour Reyson qu'il rencontra pour la première fois Wolf Abel Caïn Silverburgh. Ayant le même âge que lui, le jeune Wolf avait été désigné pour être le compagnon de jeux de Reyson. Il se révèlera être son meilleur ami et son plus fidèle allié. Les deux garçons avaient de nombreux points communs. Tous deux haïssaient la violence, tous deux adoraient lire mais surtout ils avaient perdu leurs mères. Wolf, en effet, eut le malheur de perdre celle qui le mit au monde peu avant de devenir le compagnon de jeux de Reyson. Cette perte cruelle survenait à peine juste après qu'il eut perdu son frère cadet et sa sœur ainée dans un accident.

 

 Yuan ne sut lire la suite tout de suite, ses yeux étaient noyés de larmes. Son père aussi avait grandi privé de mère. Le destin de la famille de Wolf l'avait tout aussi touché. Comment après avoir souffert autant il pouvait sourire aussi franchement? Le demi-elfe se rappelait avoir tenu grâce à la religion mais il n'arrivait plus à sourire, jusqu'à ce que Kratos n'arrive. Était-ce son père qui avait consolé Wolf? Était-ce Reyson qui avait été la lumière salvatrice de Wolf? Leurs histoires se ressemblaient tant! Il sentit deux bras l'enlacer avec douceur. Il se laissa bercer tout doucement.

 

 Le prince le prit tout de suite en affection et lui jura de le protéger comme il avait juré à sa défunte mère de veiller sur sa jeune sœur Leanne.

Une amitié tendre, presque filiale se noua entre les deux petits garçons.

Le prince Reyson grandit, élevé dans la foi et le goût du pardon, du partage et de l'équité. Cependant, il se révéla assez vite être le rebelle de la famille. La famille royale de Minaria prônait le pacifisme et la non-violence. Sans pour autant excuser la guerre, les crimes et les barbaries dont les hommes sont capables, Reyson pensait que malheureusement,

dans ce monde dont les eaux pouvaient devenir rouge de sang, il y avait des conflits que seules les batailles pouvaient résoudre. Il croyait que l'adage « un mal pour un bien » était véridique, sans pour autant être toujours excusable. Le roi eut beaucoup de mal à comprendre son plus jeune fils. Les autres enfants royaux aussi. Cependant, le prince ne reniait pas ses origines. S'il devait se battre, il le ferait avec les pouvoirs de son clan. Reyson avait alors quinze ans.

 

 Je m'arrête ici, Votre Altesse et je vous jure de vous écrire la suite au plus vite. Puisse la Déesse vous bénir et bénir ceux qui vous protègent. Je vous fais la promesse d'honorer régulièrement la tombe de Sa Majesté Nayru.

 

 

J'ai l'honneur d'être votre très humble servante

Roselyne A.Mils

 

 Le duo venait de finir la lecture de la lettre quand une servante vint et leur annonça que les deux garçons étaient attendus au salon par Théophratus et Déodate. Les deux jeunes hommes descendirent donc peu après que Yuan eut séché ses dernières larmes. Vu l'air radieux qu'avait le couple Aurion, la nouvelle devait être bonne et en effet, elle l'était. Elle avait des allures même de miracle. La mère de Kratos était enceinte.

 

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2 juillet 2011

Chapitre 11: Un simple moment ensemble - par Marina Ka Fai

 Attention! Warning! Lemon!

 

Chapitre 11: Un simple moment ensemble

 

Yuan passa une très mauvaise nuit. Son sommeil avait été perturbé par des rêves où il voyait son père se faire tuer devant lui et il assistait à la scène, enchaîné, impuissant. Il se débattait, essayait de se libérer mais plus il bougeait, plus ses chaînes lui faisaient mal et plus son père souffrait. A la fin de son œuvre, l'assassin s'approchait de lui et abusait de lui, encore plus animal qu'une bête. La suite, Yuan n'eut pas le temps de la savoir et tant mieux à dire vrai. Il s'était réveillé en sursaut, tremblant, une sueur froide coulant dans son dos. Pris de nausées, il passa environ une heure entre quatre murs, évacuant à sa manière, comme à Meltokio. Kratos s'était réveillé quand il entendit un bruit selon lui étrange. La vision qu'il eut lui brisa le cœur. Il avait l'impression de revoir Yuan juste avant qu'il ne le prenne sous son aile, juste avant qu'il n'en tombe amoureux. Comme il se sentait impuissant! Il pouvait juste se tenir là, à frotter le dos de son ami avec douceur pour lui signifier qu'il était là. Parfois, il eut peur, Yuan semblait s'étouffer. Les larmes de l'enfant de Minaria se mêlait aux remontées de son estomac. La présence de Kratos lui faisait malgré tout un peu de bien. Que ressentait-il pour Kratos? Il ne le savait pas lui-même. Sa présence lui faisait du bien, il n'imaginait plus sa vie sans lui mais trop de choses lui arrivaient pour qu'il réfléchisse vraiment à ses sentiments pour l'humain aux cheveux acajou. Il avait trop de doutes en lui. Pour qu'il puisse vraiment aimer quelqu'un, il fallait qu'il puisse s'aimer déjà lui-même. Et pour cela, il devait se connaître. C'était inévitable.

Une semaine passa donc. Les cours avaient lieu le matin.

Wolf s'avéra être un professeur très attentif et très patient, peut-être même plus que Kratos. La première partie de la matinée durait environ deux heures. De huit heures à dix heures, on étudiait. De dix heures à midi, c'était l'art de l'épée que l'on essayait de maîtriser. L'escrime, une première pour Yuan. Wolf et Kratos tentèrent d'inculquer les bases au métis qui s'avéra ne pas être très doué pour cette discipline. Il semblait davantage à son aise quand il s'agissait d'attaques magiques, surtout les attaques électriques. Sa maîtrise de son mana interne et du mana environnant était impressionnante. C'était hallucinant! Il lui suffisait de lire une fois la formule d'une attaque magique pour savoir la lancer.

Quelque part, cela n'étonnait pas Kratos et Wolf. Quand on connaissait les origines de Yuan...

En parlant d'origine, le jeune homme voulait en savoir plus sur ses racines. Il pouvait demander à Wolf mais Wolf ne connaissait peut-être pas toute l'histoire. Il fallait quelqu'un de plus objectif... Madame Mils! D'accord, elle avait été la nourrice de son père mais elle devait sans doute connaître la vie de son père de A à Z et c'était ce que Yuan voulait. Il voulait connaître l'enfant qu'avait été son père, ses relations avec sa famille, son adolescence, tout. Il en fit part à Wolf, il approuva. Il demanda à Kratos s'il voulait bien l'aider à faire sa lettre, il avait encore du mal avec la conjugaison et l'orthographe. Le jeune homme était toujours prêt à l'aider.

C'était donc un Yuan bien paré qui commença sa lettre. Une fois son travail de secrétaire fini, il apporta son œuvre à Kratos, tout fier de sa petite personne, comme un enfant fier de son dessin. Cependant, la légèreté de son esprit retomba tel un soufflet raté quand il vit le regard de Kratos quand il entra. Certes, il souriait. Il l'accueillait toujours avec autant d'amitié. M ais il y avait une telle tristesse dans ses yeux! D'un point de vue extérieur, on aurait simplement dit que le jeune Aurion était malade. Ou alors fatigué. Yuan n'était plus un étranger dans l'univers de Kratos. Il savait ce qui le rendait ainsi.

Kratos lut la lettre de Yuan et lui montra deux petites erreurs minuscules. On était loin de la palette de fautes de ses débuts. Il le félicita. En temps normal, le métis aurait sauté de joie à l'annonce de son résultat. Là, il se sentait plus inquiet pour Kratos qu'autre chose. Il ne sut pas ce qui le poussa à agir ainsi mais il prit l'humain dans ses bras et ne le lâcha pas avant un bon quart d'heure. Un tel geste surprit le destinataire mais il se laissa bercer. Il eut une envie irrésistible d'embrasser le demi-elfe. Celui-ci semblait avoir un don d'empathie car il lui murmura un « ne te gênes pas ». Yuan voulait l'aider tout comme Kratos l'avait aidé. Il fallait que sa peine sorte. Il allait se rendre malade à force.

-Yuan, tu es sûr?

-Je te l'ai déjà dit, non? Tu n'as pas besoin de me forcer.

L'humain embrassa avec douceur les lèvres de son protégé. Sa main effleura sa joue avec autant de prévenance avant qu'il ne recommence son geste plusieurs fois avant de s'emparer véritablement de la bouche du demi-elfe. Yuan sentit une langue chatouiller ses lèvres. Elle demandait l'autorisation d'entrer, il accepta sans aucun regret. Il la laissa jouer avec la sienne et se surprit même à en faire de même. Il passa un bras autour de la taille de Kratos, l'autre au niveau de ses omoplates. Quand c'était les pensionnaires de Meltokio, il avait juste l'envie de les repousser. Là, à son plus grand étonnement, il se sentait bien, il était même curieux, il avait l'envie d'aller plus loin encore. Kratos, quand à lui, avait l'impression d'être au Paradis. Yuan contre lui, le goût fruité de sa langue, son souffle chaud qui lui caressait la peau... Il entendit un léger gémissement. Il crut sur le coup qu'il lui avait fait mal. Mais il comprit assez vite de c'était en réalité un soupir d'aise. Sa main descendit doucement le long des côtes de son ange de Minaria. Il voulait en savoir plus, bien plus. Cependant, d'un autre côté, il ne voulait en rien forcer Yuan à quoi que se soit. L'étreinte de leurs lèvres cessa un bref instant, tout deux ayant besoin de respirer. Au grand étonnement de Kratos, ce fut Yuan qui rechercha à nouveau les lèvres de son ami, ce fut lui qui rechercha à nouveau le contact de sa langue. Le métis ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait. Avant, il aurait tout donné pour éviter d'être confronter à nouveau à la violence dont les hommes pouvaient faire preuve lors de l'acte de chair mais là, cette violence était beaucoup plus douce, pire encore, elle était enivrante. Il ne voyait que deux réponses à sa question du pourquoi. Soit cela venait du fait que c'était sa première vraie fois, soit cela venait du fait que Kratos était peut-être plus qu'à ses yeux qu'un ami. Peu importait à ce moment-là. Il voulait juste profiter de son moment d'ivresse.

Le lit de Kratos n'était pas loin. Il se révéla assez utile, ni son propriétaire ni l'ami de son propriétaire ne semblait avoir assez de force pour demeurer debout.

Sans briser leur petit jeu, tous deux s'allongèrent en douceur. Bientôt, les lèvres devenaient un jeu sympathique mais lassant. Le cou de Yuan semblait tout d'un coup d'un intérêt bien plus grand.

-Kratos...

Ah ce nom que Kratos désirait entendre depuis si longtemps! C'était encore mieux que dans ses rêves les plus indécents. La voix de Yuan tremblait sous l'effet du désir. Il le serrait plus fort contre lui. La vague idée que quelqu'un les surprendrait peut-être frôla l'esprit de l'humain avant qu'il ne se rappelle ceci:

Premièrement, ses parents étaient en voyage d'affaire et ne rentrait pas avant un moment.

Deuxièmement, Wolf était en congés depuis ce matin.

Troisièmement, les domestiques ne montaient jamais aux étages réservés aux chambres sans y avoir été conviés.

Ils étaient donc tranquilles.

 

Le propriétaire des lieux sentait la respiration de son amant et la sienne accélérer tout comme le rythme de leur cœur. Leurs joues commençaient à prendre une légère teinte rosée. Ils avaient joués avec leurs langues, c'étaient leurs mains qui jouaient désormais. Bien sûr, ils n'oubliaient pas de temps en temps de reprendre l'ancien jeu, histoire de ne pas oublier comme on y joue. Kratos voulut enlever la chemise de Yuan mais celui-ci le retint. Il voulait l'enlever lui-même. Pourquoi se gêner après tout? Kratos avait chaud, il enleva la sienne. Son intuition ne l'avait pas trompé. La peau de Yuan était chaude et douce. Il l'embrassa encore une fois, avec un mélange étonnant de désir et de tendresse. Sa main passa dans les cheveux bleu de son ami et il défit le catogan qui les retenaient. Leurs baisers, leurs caresses se firent moins innocentes. Tous deux sentaient leur envie au travers d'une expression de leurs corps. Les vêtements étaient décidément une entrave, il fallait s'en débarrasser.

Yuan voulait dire à Kratos combien il se sentait bien dans ses bras, combien ses œuvres lui faisaient du bien mais on aurait dit qu'il avait oublié tous les mots qui composaient de son registre de vocabulaire. Ses paroles se limitaient au nom de son amant, à la prononciation d'une certaine voyelle et d'un mot incitant à une répétition. Une seule personne obsédait son esprit. Une seule pensée obsédait son esprit. Apparemment, il n'y avait pas besoin de mots pour qu'ils se comprennent. Bientôt, Yuan sentait Kratos en lui et contrairement à ses séances avec les brutes du pensionnat, il aimait cette intromission dans cette partie de lui. Il aimait sentir celui qui lui donnait tant de plaisir bouger en lui. Il l'appelait presque sans cesse. Cette attention toucha Kratos qui ne touchait plus Terre depuis un bon moment déjà. C'était bien mieux que tout ce dont il avait pu rêver, tout ce dont il avait pu rougir. Lui aussi appelait l'élu de son cœur. L'extase était trop grande à supporter pour leurs deux corps. Ils se libérèrent mutuellement avant que Kratos ne s'allonge, lessivé, sur le corps de son amant. Il fallut du temps aux deux hommes avant que leurs cœurs et leurs respirations ne reprennent un rythme normal. Yuan se blottit contre Kratos qui l'embrassa avec douceur sur le front.

-Yuan...Merci...

-C'est à moi de te dire merci. Maintenant je sais que l'acte de chair peut être aussi un acte d'amour.

Les deux jeunes nobles ne tardèrent pas à s'endormir, blotti l'un contre l'autre, peu après que Yuan eut fait promettre à Kratos de ne plus jamais se retenir envers lui. Si c'était de cette manière qu'il pouvait l'aider, il le ferait avec plaisir.

Littéralement.

 

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2 juillet 2011

Chapitre 10: Se rapprocher de son père, encore et toujours - par Marina Ka Fai

 

Chapitre dix: Se rapprocher de son père, encore et toujours

 

Il fallut en tout près d'une semaine pour regagner l'île natale de Kratos et sa chère Altamira. Yuan était émerveillé devant tant de beauté. La mer était d'un bleu semblable à celui de ses cheveux, le sable était fin et presque blanc. La nature était luxuriante, partout ça sentait les fruits et l'herbe fraîche. Déodate s'amusait de l'air enfantin qu'avait Yuan à ce moment là.

-C'est la première fois que vous voyez une plage Yuan?

-Oui et à vrai dire elle est magnifique!

-Elle n'est pas aussi magnifique que toi Yuan. Pensait Kratos, observant son ami

-Vous savez, Yuan, nous ne vivons pas loin de la plage. Vous pourrez donc y aller quand vous le désirerez avec Kratos.

-Vraiment Madame?

-Mais oui, voyons, vous êtes libre de vos mouvements.

Théophratus ne disait rien mais en son for intérieur, il s'amusait aussi de l'émerveillement enfantin de Yuan. Au fond, il était encore un enfant qui découvrait la vie. Son paysage jusqu'alors était limité à Meltokio, ses bidonvilles et le quartier des nobles. Lui aussi regrettait d'avoir douté un jour de ce jeune être qui s'ouvrait tout doucement au monde. Il restait encore assez timide avec eux. Il avait remarqué que le métis avait pris le pli de lire dès qu'il le pouvait. Bon réflexe selon lui. Non, franchement, il ne voyait pas ce que la Méthy pouvait lui reprocher. Il était un gentil garçon, pas exigent pour deux sous, ne se plaignant jamais, même pendant un voyage aussi long et aussi fatiguant où l'on pouvait passer douze heures assis dans une berline de voyage.

-Dis, Yuan, ça te dirait de jouer un peu? Demanda Kratos

-Jouer?

-J'ai un jeu de cartes avec moi. Père, Mère, voulez-vous vous joindre à nous?

-Nous préférons vous laisser entre jeunes mon enfant. Répondit Déodate

-Mais Madame, Monsieur et vous n'êtes pas vieux. Ajouta innocemment Yuan

-Comme vous êtes galant Yuan ,vous savez parler aux femmes!

 

Yuan ne comprit pas tout de suite que dire à une femme qu'elle n'était pas si vieille était un compliment que les galants disaient pour draguer. Kratos lui proposa comme jeu une variante de la manille: la manille découverte.

Les règles étaient assez simples. Les deux joueurs avaient huit cartes en main et huit cartes devant eux: quatre face cachées et les quatre autres visibles au dessus des cachées. On devait jouer jusqu'à ce que l'on avait plus de cartes puis compter les points. Le système de points allait ainsi:

-un dix valait cinq points

-un as quatre

-un roi trois

-une dame deux

-un valet un

-le reste zéro

Si on pouvait aller au dessus de la carte de l'adversaire, on devait le faire. Sinon, si l'on pouvait couper grâce à l'atout décidé au début de la partie ( cœur-pique-trèfle-carreau), on devait le faire. Sinon, on donnait juste une carte. Celui qui avait trente points à la fin de la partie avait gagné.

Yuan s'adapta vite à ce jeu. Il réussi même à vaincre Kratos sur plusieurs parties. Ils arrêtèrent le jeu quand ils durent quitter la berline pour monter sur le bateau qui allait les mener sur l'île. Si les Aurion avaient l'habitude de naviguer, Yuan, lui eut assez vite mal au cœur. Il se sentait nauséeux et le roulis des vagues n'arrangeaient rien à son inconfort. Il s'assit sur une chaise, espérant que cela passe mais rien....Kratos le remarqua aussitôt et s'approcha de lui, prenant place à ses côtés.

- Mange un peu, ça passera. Lui dit-il en lui tendant quelques biscuits.

Le métis prit l'un des gâteaux que lui tendait l'humain et le grignota. C'était officiel, il haïssait les bateaux. Heureusement, la traversée ne dura pas longtemps. Le quatuor reprit la berline et une heure plus tard, ils étaient enfin au château des Aurion. Yuan crut rêver devant une bâtisse aussi immense, aux murs blanc et aux jardins bien entretenus. On fit visiter au demi-elfe sa nouvelle maison. Par la Déesse, ce qu'elle pouvait être grande! Ce qu'elle pouvait être luxueuse avec ses escaliers de marbre, ses moulures en or, les portraits et les bustes, les colonnes sculptées...Yuan crut qu'il allait disparaître comme englouti par tant de richesse. Il avait du mal à réaliser que désormais c'était son monde, le monde que d'ailleurs il n'aurait jamais du quitter si le destin ne s'était pas joué de lui, son monde natal, celui de ses parents. En repensant à ses parents, son cœur se serra. Il se demanda ce qu'aurait été sa vie si son père n'avait pas dû fuir, s'il était resté avec eux et si sa famille n'avait pas eu ce problème encore inconnu pour sa conscience. Il serait sans doute devenu un jeune noble comme les autres. Qui sait, peut-être même qu'il n'aurait jamais rencontré Kratos? A cette pensée, son esprit se glaça d'effroi. Vivre sans son petit ange était inconcevable maintenant pour lui. Il était déjà tard quand les voyageurs étaient arrivés, la chambre de Yuan ne serait prête que le lendemain, aussi il dut partager la chambre de Kratos. En effet, elle ne différait en rien de celle qu'il avait à Meltokio sauf la gigantesque baie vitrée qui donnait vue sur la plage.

Yuan s'amusa à regarder par cette baie mais en fixant le sol lointain. Il avait l'impression qu'il tombait dans le vide et étrangement, il aimait cette sensation. Cette impression que le vide l'attirait, qu'il n'avait plus aucune attache, voir le sol de plus en plus proche et pourtant rester vivant. Il se rappelait, pendant ses deux années de torture, avoir eu l'idée d'en finir avec la vie. Mais il n'avait jamais trouvé de forme digne de ce nom pour terminer sa vie et maintenant il n'avait plus de raison de le faire.

Et pourtant, si jamais un jour, pris de désespoir cette idée me revenait et si jamais j'avais le courage de le faire, j'ai trouvé comment finir. Le suicide, c'est le courage de ceux qui n'en ont plus dit Baudelaire. Mais moi, je n'ai plus de raison de me tuer et à vrai dire...j'aime trop la vie pour la finir aussi vite.

Sortant de sa morbide rêverie, il aida Kratos à défaire les bagages. Le duo en était à la deuxième valise quand Déodate arriva dans la chambre afin de présenter à Yuan le professeur de Kratos qui allait devenir aussi le sien. C'était un métis elfique, comme Yuan. Il avait l'air encore jeune. Ses cheveux mauve contrastaient avec son teint lunaire. Ses yeux brillaient tels deux améthystes. Quand il vit Yuan, son cœur manqua un battement.

-Votre Altesse Yuan!

-Vous me connaissez?

L'homme aux cheveux mauve tremblait d'émotion.

- Bien sûr que je vous connais Votre Altesse! J'ai eu l'honneur de vous prendre dans mes bras alors que vous n'étiez qu'un bébé! Dix-huit ans ont passé depuis mais comment ne pas vous reconnaître? Quand je vous vois, je vois Sa Majesté Reyson!

-Vous connaissez mon père?

-Oui Votre Altesse. Je me nomme Wolf. J'ai eu l'honneur d'être le confident de Sa Majesté Reyson. Je l'ai suivi après la destruction de Minaria et j'ai assisté à votre naissance. C'était il y a déjà dix-huit ans. Peu après, j'ai été engagé par la famille Aurion pour les aider dans l'éducation de leur fils Kratos. Quelle joie pour moi de vous revoir enfin!

Les larmes aux yeux, Wolf s'inclina profondément devant Yuan qui ne savait comment réagir. Mais cet homme lui semblait d'emblée sympathique. Il allait avoir l'occasion de le côtoyer. Il connaissait Minaria. Il connaissait son père. Il avait l'air de l'aimer. Doucement, il s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule.

- Je vous en prie, relevez-vous, cela me gêne... J'aimerais devenir votre ami. Vous le voulez bien?

-Rien ne me causerait de plus grand plaisir, Votre Altesse.

-Yuan....Juste Yuan, je vous en prie...

-Mais Votre Altesse!

-S'il vous plait....

Cet homme a connu Minaria. Cet homme a connu mon père. Cet homme connait mes racines. Cet homme...est ma seule attache qui me lie à mon royaume perdu.

Wolf accepta au final la demande de Yuan. Le fils de Reyson lui demanda quand les leçons débuteraient, le professeur lui répondit qu'elles ne commenceraient qu'au début de la semaine suivante afin que les deux garçons puissent profiter d'Altamira et surtout se reposer du long voyage qu'ils avaient effectué. L'homme se proposa d'aider le duo à défaire le reste des bagages.

Pendant qu'ils s'effectuaient, Yuan osa poser quelques questions à l'homme qui avait connu son père.

- Avez-vous bien connu mon père, Monsieur Wolf?

-Appelez moi simplement Wolf, Yuan. En effet, je le connais depuis que je suis enfant. Nous étions amis. Les meilleurs amis.

-Mon père m'aimait-il?

-Non. Il vous adorait. Il aurait donné sa vie pour vous ou pour Sa Majesté Nayru.

-Comment l'avez-vous rencontré Wolf?

-Ma famille était à son service depuis des années et les enfants royaux voulaient un compagnon de jeux de leur âge.

-Mon père, Tante Leanne et Oncle Rafiel?

-Oui...Les pauvres, paix à leurs âmes.... Ils étaient tous très gentils avec moi, surtout Sa Majesté Reyson. D'ailleurs, à votre naissance, il m'avait demandé de devenir votre parrain. Et j'ai accepté. Mais j'ai failli. Je ne vous ai jamais retrouvé et vous avez souffert.

Mon parrain? Cet homme est mon parrain? J'ai encore un semblant de famille?

 

Essayant de contenir ses larmes, Yuan rassura Wolf. Il l'avait retrouvé au final.

Afin de fêter ces retrouvailles inattendues, Kratos proposa aux deux métis d'aller profiter de la plage. Wolf accepta, Yuan aussi trop heureux de pouvoir visiter ces nouvelles terres.

Arrivés à destination, Yuan ne pouvait retenir l'émerveillement qu'il avait. La plage était si belle! On aurait dit un morceau du Paradis. Pour Kratos, la plage avait beau être belle, elle n'arrivait pas à la cheville de Yuan. Il l'avait connu avec un air désespéré, attendant la mort et dans l'extrême dénuement. Il l'avait déjà trouvé beau à ce moment là mais là, Kratos le comparait à un Dieu. Si Eros, le dieu de l'amour s'était réincarné, cela n'aurait pas étonné le jeune homme qu'il eut pris les traits de Yuan. Son innocence, sa candeur, ses réactions enfantines face aux petites choses agréables de la Vie mais surtout son sourire... Même s'il savait qu'un tel amour lui apporterait plus de désagréments que de joies, il ne pouvait s'empêcher de l'aimer. Cela lui faisait mal. Yuan avait beau l'accepter, il ne l'aimait peut-être pas de la manière dont il espérait. Mais tant qu'il était heureux, alors l'humain l'était.

- Hey Kratos regarde! Il y a un coquillage qui marche!

L'interpellé éclata de rire face à l'innocence vraiment débordante du jeune homme.

-C'est un Bernard l'ermite. Cet animal qui son coquillage quand celui-ci devient trop petit pour lui.

Yuan prit une poignée de sable qu'il laissa couler entre ses doigts. C'était fin, c'était chaud, ça faisait une drôle de sensation. Seulement, à peine le sable eut-il fini de couler que le métis elfique ressentit une douleur horrible au niveau de la poitrine. Le noir l'envahit. Il se retrouva dix-huit ans en arrière. Il voyait son père, encore et toujours de dos, avec un autre homme. Il était blessé, son sang coulait en abondance et il s'effondra sur le sable qui devint pourpre. Le noir le ré-envahit au moment même où son père touchait le sol. Quand Yuan revint à lui, il était allongé sur le sable, la tête sur les genoux de Wolf, Kratos à sa gauche. Tous deux arboraient une mine inquiète qui laissa place à une de soulagement quand ils virent que le jeune homme reprenait connaissance.

-Wolf? Kratos? Que...Que s'est-il passé? J'ai eu comme une vision mais l'après...

-En effet, on a vu que tu avais une vision. Un vent chaud s'est levé et ce qu'il s'était passé dans ma chambre à Meltokio s'est reproduit ici. Sauf que cette fois, tu as poussé un cri et tu as perdu connaissance. Expliqua Kratos

-Qu'avez-vous vu Yuan? Demanda Wolf

- J'ai vu mon père...Il était sur cette plage il y a dix-huit ans et il y a perdu connaissance, blessé... C'était ici-même....

Le jeune homme ne put refouler quelques larmes qui vinrent mouiller ses joues. Son humain d'ami les essuya d'un revers de la main, tout en douceur.

-Yuan, écoute...Si ton père a réellement perdu connaissance ici, mes parents auront forcément été mis au courant, c'est notre domaine ici.

- Attends! Il y avait un autre homme avec mon père, blessé lui aussi!

-Yuan, cet homme que vous avez vu avec votre père...C'était moi. Déclara Wolf

Le plus âgé des deux demi-elfes se mit donc à raconter. Après avoir confié Nayru et Yuan bébé à Madame Mils, la nourrice de Reyson Ka-Fai de Minaria à la retraite résidant à Meltokio, Wolf et lui avaient fui pour détourner leurs détracteurs de leur cible. Mais ils avaient été retrouvés puis attaqué. Quand Wolf avait repris connaissance, il était chez les Aurion, et Reyson n'était plus là.

- Poursuivis? Qui nous poursuivait Wolf? Et pourquoi étions nous poursuivis?

-C'était le roi de Tésséha'lla, celui là même qui a fait rasé Minaria, qui nous poursuivaient. Reyson était une menace pour lui. Mais à l'époque, en plus de Reyson, il y en avait une autre encore plus puissante que lui car elle avait en elle à la fois le pouvoir de Minaria mais aussi celle de l'Oracle du temps. Le Roi voulait la mort de Reyson. Et il voulait aussi la votre. Cela ne m'étonnerait pas que celui qui a tué Sa Majesté Nayru soit en réalité un sbire du Roi. Le temps a passé et il doit vous croire mort. C'est tant mieux.

C'est de ma faute? C'est de ma faute si ma famille a été brisée? C'est de ma faute si Maman est morte? C'est moi qui suis la cause de tout ça?

-Yuan, ça ne va pas? S'inquiéta Kratos

-Pourquoi tu me demandes ça?

-Tu es plus pâle qu'un cachet d'aspirine et tu trembles.

Yuan essayait de retenir ses larmes, il ne voulait pas pleurer devant ses deux amis. Peine perdue, ses larmes coulaient en abondance sur ses joues. Il se laissa donc bercer par Kratos et Wolf. L'humain ne disait rien mais Yuan sentait à quel point il se sentait concerné pour lui. Quand à Wolf, on aurait dit qu'il lisait dans les pensées de Yuan. Il le rassura. Il n'était responsable en rien de ce qui s'était passé. On ne choisit pas ses parents, disait-il. Il lui dit aussi que ses parents l'aimaient et qu'ils étaient prêts à tout pour le salut de leur cher petit Yuan.

Ce fut donc un Yuan choqué mais connaissant enfin la vérité qui rentra au château des Aurion, plus déterminé que jamais à retrouver son père,que se soit un être humain ou une tombe qu'il ait en face de lui.

 

 

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