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Tales of Symphonia for ever
2 juillet 2011

Chapitre 10: Se rapprocher de son père, encore et toujours - par Marina Ka Fai

 

Chapitre dix: Se rapprocher de son père, encore et toujours

 

Il fallut en tout près d'une semaine pour regagner l'île natale de Kratos et sa chère Altamira. Yuan était émerveillé devant tant de beauté. La mer était d'un bleu semblable à celui de ses cheveux, le sable était fin et presque blanc. La nature était luxuriante, partout ça sentait les fruits et l'herbe fraîche. Déodate s'amusait de l'air enfantin qu'avait Yuan à ce moment là.

-C'est la première fois que vous voyez une plage Yuan?

-Oui et à vrai dire elle est magnifique!

-Elle n'est pas aussi magnifique que toi Yuan. Pensait Kratos, observant son ami

-Vous savez, Yuan, nous ne vivons pas loin de la plage. Vous pourrez donc y aller quand vous le désirerez avec Kratos.

-Vraiment Madame?

-Mais oui, voyons, vous êtes libre de vos mouvements.

Théophratus ne disait rien mais en son for intérieur, il s'amusait aussi de l'émerveillement enfantin de Yuan. Au fond, il était encore un enfant qui découvrait la vie. Son paysage jusqu'alors était limité à Meltokio, ses bidonvilles et le quartier des nobles. Lui aussi regrettait d'avoir douté un jour de ce jeune être qui s'ouvrait tout doucement au monde. Il restait encore assez timide avec eux. Il avait remarqué que le métis avait pris le pli de lire dès qu'il le pouvait. Bon réflexe selon lui. Non, franchement, il ne voyait pas ce que la Méthy pouvait lui reprocher. Il était un gentil garçon, pas exigent pour deux sous, ne se plaignant jamais, même pendant un voyage aussi long et aussi fatiguant où l'on pouvait passer douze heures assis dans une berline de voyage.

-Dis, Yuan, ça te dirait de jouer un peu? Demanda Kratos

-Jouer?

-J'ai un jeu de cartes avec moi. Père, Mère, voulez-vous vous joindre à nous?

-Nous préférons vous laisser entre jeunes mon enfant. Répondit Déodate

-Mais Madame, Monsieur et vous n'êtes pas vieux. Ajouta innocemment Yuan

-Comme vous êtes galant Yuan ,vous savez parler aux femmes!

 

Yuan ne comprit pas tout de suite que dire à une femme qu'elle n'était pas si vieille était un compliment que les galants disaient pour draguer. Kratos lui proposa comme jeu une variante de la manille: la manille découverte.

Les règles étaient assez simples. Les deux joueurs avaient huit cartes en main et huit cartes devant eux: quatre face cachées et les quatre autres visibles au dessus des cachées. On devait jouer jusqu'à ce que l'on avait plus de cartes puis compter les points. Le système de points allait ainsi:

-un dix valait cinq points

-un as quatre

-un roi trois

-une dame deux

-un valet un

-le reste zéro

Si on pouvait aller au dessus de la carte de l'adversaire, on devait le faire. Sinon, si l'on pouvait couper grâce à l'atout décidé au début de la partie ( cœur-pique-trèfle-carreau), on devait le faire. Sinon, on donnait juste une carte. Celui qui avait trente points à la fin de la partie avait gagné.

Yuan s'adapta vite à ce jeu. Il réussi même à vaincre Kratos sur plusieurs parties. Ils arrêtèrent le jeu quand ils durent quitter la berline pour monter sur le bateau qui allait les mener sur l'île. Si les Aurion avaient l'habitude de naviguer, Yuan, lui eut assez vite mal au cœur. Il se sentait nauséeux et le roulis des vagues n'arrangeaient rien à son inconfort. Il s'assit sur une chaise, espérant que cela passe mais rien....Kratos le remarqua aussitôt et s'approcha de lui, prenant place à ses côtés.

- Mange un peu, ça passera. Lui dit-il en lui tendant quelques biscuits.

Le métis prit l'un des gâteaux que lui tendait l'humain et le grignota. C'était officiel, il haïssait les bateaux. Heureusement, la traversée ne dura pas longtemps. Le quatuor reprit la berline et une heure plus tard, ils étaient enfin au château des Aurion. Yuan crut rêver devant une bâtisse aussi immense, aux murs blanc et aux jardins bien entretenus. On fit visiter au demi-elfe sa nouvelle maison. Par la Déesse, ce qu'elle pouvait être grande! Ce qu'elle pouvait être luxueuse avec ses escaliers de marbre, ses moulures en or, les portraits et les bustes, les colonnes sculptées...Yuan crut qu'il allait disparaître comme englouti par tant de richesse. Il avait du mal à réaliser que désormais c'était son monde, le monde que d'ailleurs il n'aurait jamais du quitter si le destin ne s'était pas joué de lui, son monde natal, celui de ses parents. En repensant à ses parents, son cœur se serra. Il se demanda ce qu'aurait été sa vie si son père n'avait pas dû fuir, s'il était resté avec eux et si sa famille n'avait pas eu ce problème encore inconnu pour sa conscience. Il serait sans doute devenu un jeune noble comme les autres. Qui sait, peut-être même qu'il n'aurait jamais rencontré Kratos? A cette pensée, son esprit se glaça d'effroi. Vivre sans son petit ange était inconcevable maintenant pour lui. Il était déjà tard quand les voyageurs étaient arrivés, la chambre de Yuan ne serait prête que le lendemain, aussi il dut partager la chambre de Kratos. En effet, elle ne différait en rien de celle qu'il avait à Meltokio sauf la gigantesque baie vitrée qui donnait vue sur la plage.

Yuan s'amusa à regarder par cette baie mais en fixant le sol lointain. Il avait l'impression qu'il tombait dans le vide et étrangement, il aimait cette sensation. Cette impression que le vide l'attirait, qu'il n'avait plus aucune attache, voir le sol de plus en plus proche et pourtant rester vivant. Il se rappelait, pendant ses deux années de torture, avoir eu l'idée d'en finir avec la vie. Mais il n'avait jamais trouvé de forme digne de ce nom pour terminer sa vie et maintenant il n'avait plus de raison de le faire.

Et pourtant, si jamais un jour, pris de désespoir cette idée me revenait et si jamais j'avais le courage de le faire, j'ai trouvé comment finir. Le suicide, c'est le courage de ceux qui n'en ont plus dit Baudelaire. Mais moi, je n'ai plus de raison de me tuer et à vrai dire...j'aime trop la vie pour la finir aussi vite.

Sortant de sa morbide rêverie, il aida Kratos à défaire les bagages. Le duo en était à la deuxième valise quand Déodate arriva dans la chambre afin de présenter à Yuan le professeur de Kratos qui allait devenir aussi le sien. C'était un métis elfique, comme Yuan. Il avait l'air encore jeune. Ses cheveux mauve contrastaient avec son teint lunaire. Ses yeux brillaient tels deux améthystes. Quand il vit Yuan, son cœur manqua un battement.

-Votre Altesse Yuan!

-Vous me connaissez?

L'homme aux cheveux mauve tremblait d'émotion.

- Bien sûr que je vous connais Votre Altesse! J'ai eu l'honneur de vous prendre dans mes bras alors que vous n'étiez qu'un bébé! Dix-huit ans ont passé depuis mais comment ne pas vous reconnaître? Quand je vous vois, je vois Sa Majesté Reyson!

-Vous connaissez mon père?

-Oui Votre Altesse. Je me nomme Wolf. J'ai eu l'honneur d'être le confident de Sa Majesté Reyson. Je l'ai suivi après la destruction de Minaria et j'ai assisté à votre naissance. C'était il y a déjà dix-huit ans. Peu après, j'ai été engagé par la famille Aurion pour les aider dans l'éducation de leur fils Kratos. Quelle joie pour moi de vous revoir enfin!

Les larmes aux yeux, Wolf s'inclina profondément devant Yuan qui ne savait comment réagir. Mais cet homme lui semblait d'emblée sympathique. Il allait avoir l'occasion de le côtoyer. Il connaissait Minaria. Il connaissait son père. Il avait l'air de l'aimer. Doucement, il s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule.

- Je vous en prie, relevez-vous, cela me gêne... J'aimerais devenir votre ami. Vous le voulez bien?

-Rien ne me causerait de plus grand plaisir, Votre Altesse.

-Yuan....Juste Yuan, je vous en prie...

-Mais Votre Altesse!

-S'il vous plait....

Cet homme a connu Minaria. Cet homme a connu mon père. Cet homme connait mes racines. Cet homme...est ma seule attache qui me lie à mon royaume perdu.

Wolf accepta au final la demande de Yuan. Le fils de Reyson lui demanda quand les leçons débuteraient, le professeur lui répondit qu'elles ne commenceraient qu'au début de la semaine suivante afin que les deux garçons puissent profiter d'Altamira et surtout se reposer du long voyage qu'ils avaient effectué. L'homme se proposa d'aider le duo à défaire le reste des bagages.

Pendant qu'ils s'effectuaient, Yuan osa poser quelques questions à l'homme qui avait connu son père.

- Avez-vous bien connu mon père, Monsieur Wolf?

-Appelez moi simplement Wolf, Yuan. En effet, je le connais depuis que je suis enfant. Nous étions amis. Les meilleurs amis.

-Mon père m'aimait-il?

-Non. Il vous adorait. Il aurait donné sa vie pour vous ou pour Sa Majesté Nayru.

-Comment l'avez-vous rencontré Wolf?

-Ma famille était à son service depuis des années et les enfants royaux voulaient un compagnon de jeux de leur âge.

-Mon père, Tante Leanne et Oncle Rafiel?

-Oui...Les pauvres, paix à leurs âmes.... Ils étaient tous très gentils avec moi, surtout Sa Majesté Reyson. D'ailleurs, à votre naissance, il m'avait demandé de devenir votre parrain. Et j'ai accepté. Mais j'ai failli. Je ne vous ai jamais retrouvé et vous avez souffert.

Mon parrain? Cet homme est mon parrain? J'ai encore un semblant de famille?

 

Essayant de contenir ses larmes, Yuan rassura Wolf. Il l'avait retrouvé au final.

Afin de fêter ces retrouvailles inattendues, Kratos proposa aux deux métis d'aller profiter de la plage. Wolf accepta, Yuan aussi trop heureux de pouvoir visiter ces nouvelles terres.

Arrivés à destination, Yuan ne pouvait retenir l'émerveillement qu'il avait. La plage était si belle! On aurait dit un morceau du Paradis. Pour Kratos, la plage avait beau être belle, elle n'arrivait pas à la cheville de Yuan. Il l'avait connu avec un air désespéré, attendant la mort et dans l'extrême dénuement. Il l'avait déjà trouvé beau à ce moment là mais là, Kratos le comparait à un Dieu. Si Eros, le dieu de l'amour s'était réincarné, cela n'aurait pas étonné le jeune homme qu'il eut pris les traits de Yuan. Son innocence, sa candeur, ses réactions enfantines face aux petites choses agréables de la Vie mais surtout son sourire... Même s'il savait qu'un tel amour lui apporterait plus de désagréments que de joies, il ne pouvait s'empêcher de l'aimer. Cela lui faisait mal. Yuan avait beau l'accepter, il ne l'aimait peut-être pas de la manière dont il espérait. Mais tant qu'il était heureux, alors l'humain l'était.

- Hey Kratos regarde! Il y a un coquillage qui marche!

L'interpellé éclata de rire face à l'innocence vraiment débordante du jeune homme.

-C'est un Bernard l'ermite. Cet animal qui son coquillage quand celui-ci devient trop petit pour lui.

Yuan prit une poignée de sable qu'il laissa couler entre ses doigts. C'était fin, c'était chaud, ça faisait une drôle de sensation. Seulement, à peine le sable eut-il fini de couler que le métis elfique ressentit une douleur horrible au niveau de la poitrine. Le noir l'envahit. Il se retrouva dix-huit ans en arrière. Il voyait son père, encore et toujours de dos, avec un autre homme. Il était blessé, son sang coulait en abondance et il s'effondra sur le sable qui devint pourpre. Le noir le ré-envahit au moment même où son père touchait le sol. Quand Yuan revint à lui, il était allongé sur le sable, la tête sur les genoux de Wolf, Kratos à sa gauche. Tous deux arboraient une mine inquiète qui laissa place à une de soulagement quand ils virent que le jeune homme reprenait connaissance.

-Wolf? Kratos? Que...Que s'est-il passé? J'ai eu comme une vision mais l'après...

-En effet, on a vu que tu avais une vision. Un vent chaud s'est levé et ce qu'il s'était passé dans ma chambre à Meltokio s'est reproduit ici. Sauf que cette fois, tu as poussé un cri et tu as perdu connaissance. Expliqua Kratos

-Qu'avez-vous vu Yuan? Demanda Wolf

- J'ai vu mon père...Il était sur cette plage il y a dix-huit ans et il y a perdu connaissance, blessé... C'était ici-même....

Le jeune homme ne put refouler quelques larmes qui vinrent mouiller ses joues. Son humain d'ami les essuya d'un revers de la main, tout en douceur.

-Yuan, écoute...Si ton père a réellement perdu connaissance ici, mes parents auront forcément été mis au courant, c'est notre domaine ici.

- Attends! Il y avait un autre homme avec mon père, blessé lui aussi!

-Yuan, cet homme que vous avez vu avec votre père...C'était moi. Déclara Wolf

Le plus âgé des deux demi-elfes se mit donc à raconter. Après avoir confié Nayru et Yuan bébé à Madame Mils, la nourrice de Reyson Ka-Fai de Minaria à la retraite résidant à Meltokio, Wolf et lui avaient fui pour détourner leurs détracteurs de leur cible. Mais ils avaient été retrouvés puis attaqué. Quand Wolf avait repris connaissance, il était chez les Aurion, et Reyson n'était plus là.

- Poursuivis? Qui nous poursuivait Wolf? Et pourquoi étions nous poursuivis?

-C'était le roi de Tésséha'lla, celui là même qui a fait rasé Minaria, qui nous poursuivaient. Reyson était une menace pour lui. Mais à l'époque, en plus de Reyson, il y en avait une autre encore plus puissante que lui car elle avait en elle à la fois le pouvoir de Minaria mais aussi celle de l'Oracle du temps. Le Roi voulait la mort de Reyson. Et il voulait aussi la votre. Cela ne m'étonnerait pas que celui qui a tué Sa Majesté Nayru soit en réalité un sbire du Roi. Le temps a passé et il doit vous croire mort. C'est tant mieux.

C'est de ma faute? C'est de ma faute si ma famille a été brisée? C'est de ma faute si Maman est morte? C'est moi qui suis la cause de tout ça?

-Yuan, ça ne va pas? S'inquiéta Kratos

-Pourquoi tu me demandes ça?

-Tu es plus pâle qu'un cachet d'aspirine et tu trembles.

Yuan essayait de retenir ses larmes, il ne voulait pas pleurer devant ses deux amis. Peine perdue, ses larmes coulaient en abondance sur ses joues. Il se laissa donc bercer par Kratos et Wolf. L'humain ne disait rien mais Yuan sentait à quel point il se sentait concerné pour lui. Quand à Wolf, on aurait dit qu'il lisait dans les pensées de Yuan. Il le rassura. Il n'était responsable en rien de ce qui s'était passé. On ne choisit pas ses parents, disait-il. Il lui dit aussi que ses parents l'aimaient et qu'ils étaient prêts à tout pour le salut de leur cher petit Yuan.

Ce fut donc un Yuan choqué mais connaissant enfin la vérité qui rentra au château des Aurion, plus déterminé que jamais à retrouver son père,que se soit un être humain ou une tombe qu'il ait en face de lui.

 

 

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