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Tales of Symphonia for ever
2 juillet 2011

Chapitre 14: Les sentiments de Yuan - par Marina Ka Fei

 

Chapitre 14: Les sentiments de Yuan

 

Malgré le chagrin qui l'accablait, Kratos se révéla être un jeune homme assez actif dans ses nouvelles fonctions, qu'elles fussent familiales ou politiques. Sa vie était désormais réglée comme un métronome. Tous les jours, il se levait à six heures, il mangeait un peu, il travaillait jusqu'à dix heures. Là, il faisait une bonne pause. Une pause à la Kratos, cela voulait dire qu'on le retrouvait à étudier. Ou alors, le plus souvent, il allait voir son fils, comme il l'appelait avec tendresse. A midi, il déjeunait. Puis il prenait quand même le temps de digérer. Le plus souvent, il passait ce moment de la journée avec Yuan. A deux heures, il se remettait en selle, épée à la main et il assassinait les affaires, la paperasse et les documents administratifs. Du sang noir coulait le long de sa lame. A quatre heures, il jugeait qu'il avait assez travaillé pour toute sa journée. Il rejoignait Yuan pour une bonne séance d'escrime, histoire de ne pas rouiller. Il se détendait, il discutait avec Wolf, Yuan ou Anna. Il jouait avec Lloyd. A vingt heures, tout le monde soupait. Même si Anna et Wolf étaient de la roture, Kratos tenait à leur présence à sa table. Anna était celle qui veillait sur son fils. Wolf avait été celui qui avait veillé sur lui dans son enfance. Après, Anna se retirait avec Lloyd. Wolf ne tardait jamais vraiment longtemps. Kratos et Yuan restaient alors seuls. A vingt-deux heures ou vingt-deux heures trente, les deux jeunes hommes allaient se coucher. Les domestiques et les aristocrates vantaient ce jeune duc, ils saluaient sa force et son courage. Kratos se disait qu'ils avaient tort. Les premières nuits, il avait demandé à Yuan s'il pouvait dormir avec lui. Les premières nuits, il ne dormait pas, il pleurait silencieusement, son ami le berçant comme si c'était lui, l'enfant dont sa mère venait d'accoucher. Mais ça, c'était la nuit. C'était dans le monde du secret. C'était dans le monde des ombres.

Malgré la mort des époux Aurion, la vie de Yuan ne changea pas vraiment. Il était toujours aussi libre de ses mouvements. Alors il décida d'essayer d'adoucir la vie de son ange gardien. Il se levait à six heures, histoire que Kratos ne déjeune pas seul. Ensuite, il lisait. A dix heures, il l'accompagnait dans sa détente. En attendant l'heure du déjeuner, il était le plus souvent avec Lloyd. Il lui parlait. Ça pouvait paraître stupide, vu que Lloyd ne pouvait pas lui répondre mais il était certain que Lloyd le comprenait. A midi, il déjeunait avec Kratos. Puis il attendait patiemment que Kratos eut fini de travailler. Le plus souvent, il étudiait avec Wolf. Après, quand Kratos avait enfin fini, il s'arrangeait pour lui changer les idées. Il ne savait pas pourquoi mais quand il voyait l'humain pleurer, quand il le voyait aux proies du chagrin et du désespoir, son cœur se serrait, il devenait lourd. Cela lui faisait mal. Alors, il essayait de calmer la douleur. Le reste de la journée, il restait avec Kratos. La nuit, il dormait avec Kratos. Ses pleurs s'estompaient et ses nuits, il les passa à dormir.

Quand un Ange veille sur vos rêves, on ne peut que bien dormir.

La vie de Lloyd était un vrai petit paradis. Le bébé passait le plus clair de son temps à dormir. Quand il avait faim, il n'avait même pas besoin de parler, Anna comprenait tout de suite et hop, à lui le lait! Il l'aimait bien Anna. Elle sentait bon, elle avait une jolie voix. Lloyd aimait bien Yuan aussi. Il lui parlait souvent et comme Yuan n'attendait pas spécialement de réponses vu qu'il savait qu'il ne savait pas encore parler, Lloyd l'écoutait. Ce que Lloyd aimait le plus chez Yuan? Ses cheveux, pardi! Une si jolie couleur, avec une jolie longueur alors du coup Lloyd en profitait pour attraper ses cheveux avec ses petits poings et comme Yuan ne disait rien, il recommençait. Ça l'amusait Lloyd. Au pire, Yuan râle mais au ton rieur du métis, Lloyd sent qu'il n'est pas sérieux. Et puis, il serre pas fort Lloyd. Juste assez pour que Yuan sente que quelqu'un le retient. Enfin, il y a Kratos. Lloyd sait que Kratos n'est pas son papa, Yuan le lui a expliqué, Kratos le lui a expliqué, Kratos c'est son grand-frère mais bon, vu comment il est grand et fort, il peut se faire passer pour son papa sans problème. Lloyd aime bien Kratos. Kratos, il joue tout le temps avec lui. Il le chatouille parce qu'il l'aime l'entendre rire et Lloyd, lui, il aime les chatouilles. Kratos, il le câline, il lui parle. Même si Lloyd sent qu'Anna l'aime, même s'il sent que Yuan est tombé sous son charme de bébé, c'est différent avec Kratos. Personne ne l'aimera aussi fort que Kratos, il le sait. Alors que Kratos soit son grand frère ou son père, Lloyd, il s'en fiche. Tant que Kratos l'aimera fort, peu lui importe à Lloyd. D'ailleurs, la première personne qu'il appellera, ce sera Kratos, tiens! Puis Anna ou Yuan. Ou les deux en même temps. Après il verra bien. Bébé Lloyd est fatigué, il s'endort paisiblement dans les bras de Kratos. L'ainé ne tarde pas à le suivre d'ailleurs. Alors, Yuan retrouve le tableau touchant des deux Aurion au pays des rêves. C'est comme ça presque tout les jours.

Ce jour là, tout semblait suivre son cours normal. Seulement, à trois heures, personne n'avait prévu qu'Anna n'entre en trombe dans le bureau de Kratos.

- Eh bien, en voilà une agitation Anna !

- Pardonnez-moi Monsieur Aurion mais c'est le petit Lloyd! La fièvre monte et malgré tous mes efforts, je ne parviens pas à le soulager!

 

Seuls deux mots arrivèrent intacts au cerveau de Kratos:

Lloyd- malade

Il se précipita littéralement au chevet de son petit frère. Yuan, pendant ce temps, avait appelé un médecin, tandis que Wolf et Anna essayaient d'aider de leur mieux. Kratos prit Lloyd dans ses bras et tenta d'apaiser ses pleurs.

Et si jamais son petit trésor venait à mourir lui aussi? Il se retrouverait alors tout seul, il serait le dernier des Aurion! Alors qu'il avait juré à sa mère mourante de prendre soin de l'être pour lequel elle avait donné sa vie sans regrets!

- Ne meurs pas Lloyd, ne meurs pas...ne meurs pas...

L'humain répétait ces mots sans arrêt, comme s'il voulait que Lloyd ne les oublie pas. Il serrait son petit corps contre le sien, il essayait de lui transmettre de sa force, de sa santé, même de son espérance de vie s'il le fallait! Quand Yuan le vit, il eut immédiatement à l'esprit l'image d'une marionnette brisée, bloquée dans une valse, un requiem sans fin. Et c'était infiniment triste. Il s'approcha doucement des deux Aurion et sécha d'un revers de la main les larmes de l'ainé.

- Ne t'inquiète pas, c'est sans doute rien de bien méchant. Je suis sûr que Lloyd guérira.

Il passa ses bras autour des épaules de Kratos et déposa sur sa joue un baiser. Certes, l'humain pleurait toujours mais au moins, Yuan avait réussi à le faire sourire. Ah Seigneur, ce sourire magnifique, figé dans la tristesse et la dignité! Le métis sentit son cœur chavirer. Pourquoi? Il ne le savait pas et le moment était mal choisi pour penser à cela. La priorité, c'était Lloyd. Le médecin arriva assez vite et diagnostiqua un coup de froid sans gravité car Yuan avait eu le bon réflexe de le faire quérir mais il fallait quand même surveiller le petit quelques jours.

A peine le médecin parti, Kratos déposa doucement Lloyd dans son berceau avant de s'effondrer sur le canapé. Les larmes d'inquiétude devinrent des larmes de soulagement. Yuan prit place à côté de son ami et le serra contre lui, le laissant évacuer à sa guise. Lui quand il fallait qu'il évacue, il vomissait. Kratos évacuait par les yeux. C'est une histoires d'entrée ou de sortie, faut bien considérer par quel sens on prend l'histoire.

Malgré son travail encore titanesque pour un adolescent de dix-huit ans, le jeune duc tint à veiller son petit frère. Il le fit quatre nuits. Il en aurait bien fait une cinquième si Yuan ne l'avait pas forcé à aller dormir un peu en lui assurant que Lloyd allait mieux et qu'au pire, en cas de problème, il saurait gérer. Il n'y eut aucun incident notable cette nuit là, à part une histoire de langes à changer mais ça, Yuan savait faire alors, pas de problème.

 

Le lendemain, Kratos avait les traits tirés. Il était pâle et avait peu d'appétit. Yuan le remarqua. Avec son joli sourire, l'humain aux cheveux acajou le rassura.

- C'est juste un peu de fatigue.

Plusieurs jours passèrent ainsi et à chaque fois que l'on lui faisait remarquer son apparente faiblesse, il sortait toujours la même phrase, avec son éternel sourire. Il continuait à mener son train de vie habituel. Levé aux aurores et couché bien après le soleil. Son esprit acceptait. Son corps acceptait de moins en moins. Ce fut durant une séance d'escrime avec Yuan que le corps rebelle décida de se révolter. Sans crier gare, Kratos s'effondra brûlant dans les bras du demi-elfe. Et quand le métis lui posa la question clichée du « ça va ? », il répondit la même réponse que d'habitude avant de plonger dans l'inconscience. Quand Yuan avait pensé à une marionnette brisée en faisant référence à Kratos, il n'avait pas tort. Depuis la mort de ses parents, Kratos n'avait plus aucun fil pour le retenir. Il avait dû endosser toutes les casquettes possibles: Aristocrate, homme d'affaires, père, adolescent, ami... A dix-huit ans. Il avait caché sa souffrance aux yeux de tous, même Yuan n'avait pas su sonder toute la profondeur de son chagrin. Le médecin appelé pour le petit frère fut mandé une seconde fois pour le grand. Kratos devait être fan des mathématiques, il avait là une sacrée addition.

 Surmenage intense+stress pour Lloyd+ train de vie démesuré+ grosse bronchite qui menaçait de tourner à la pneumonie si Kratos ne se calmait pas = ce que vous avez lu peu avant.

J'ai échoué...Je n'ai pas su te protéger Kratos...Je n'ai pas su voir ta douleur, je n'ai vu que la face visible de l'iceberg. Je me suis laissé tromper par ton air joyeux. Pourquoi n'ai-je pas pu voir au delà de ton regard? Alors que toi, à Meltokio, tu devinais aisément mes souffrances! Ce « n'y penses plus» pendant l'anecdote du bain ! Tu devinais tout de moi! Est-ce moi qui suis lisible comme un livre ouvert? Ou alors est-ce moi qui lit mal? Ça ne m'étonnerait pas. Pardonne-moi Kratos...

Kratos s'éveilla quelques heures plus tard en ayant la sensation que tout son corps refusait de lui obéir. Pourtant, il avait encore des choses à faire. Il tenta de se lever quand il sentit deux bras le saisir pour le rallonger de force. Il n'eut même pas besoin de lever les yeux pour deviner à qui appartenait ces bras. Il savait que c'était celui qui faisait battre son cœur, celui qu'il aimait à s'en rendre malade, celui qui lui avait donné son corps.

L'humain sentit deux gouttes d'eau tomber sur son bras. Son Ange avait eu peur pour lui, son Ange pleurait par sa faute. D'accord, il allait se calmer un peu, d'accord il allait se soigner et se reposer, d'accord il ne lui mentirait plus sur son état.

- Pardonne-moi Yuan, je n'aurais pas du te mentir.

- Non, c'est à moi de te demander pardon, je n'ai pas su voir au-delà des apparences... Je m'en veux tellement! Si jamais je te perdais, je....

 

C'est vrai ça, qu'est-ce que je ferais sans Kratos? Que deviendrais-je sans lui? Vivre sans lui? Non! Je ne veux même pas l'imaginer, cela serait un cauchemar, un Enfer pire que celui de la pension Kharlan! Sans lui, ma vie redeviendrait noire et triste! Il doit survivre, il faut qu'il survive!

- Yuan?

En entendant son prénom, le demi-elfe cessa toute bataille avec ses pensées.

- Ce n'est rien Kratos, essaye de dormir un peu, cela te fera la plus grand bien.

Le malade acquiesça et ne tarda pas à rejoindre le pays des rêves, ce qui donna l'occasion à Yuan de reprendre son combat interne là où il l'avait laissé. Reyson lui avait dit qu'un jour, il devrait donner une réponse à Kratos. Lui-même avait dit à Kratos qu'il n'avait pas pu réellement se poser la question sur ses sentiments pour lui. Mais là, le métis sentait que la réponse était proche. Cette peur de le perdre à jamais, cette envie de le voir heureux, cette sensation de chaleur quand il voyait son sourire, cette envie maintenant presque permanente qu'il avait de l'embrasser... Et oserait-il l'avouer? Son désir pour l'humain qui grandissait chaque jour davantage...

Le souvenir de ce jour où ils n'avaient fait qu'un et ce « je t'aime tant » qui le tourmentaient de jour comme de nuit... Si Kratos avait été un simple ami pour lui, cette journée aurait été une anecdote sympathique. Il était bien plus qu'un ami. Était-ce...de l'amour? Cela ne pouvait être que cela.

 

Si Kratos savait ce que je ressens, il en serait fou de joie....Et sa joie ferait mon bonheur. Le doute n'est plus en moi....Je l'aime.... A en devenir fou même.... et je l'aime peut-être depuis longtemps déjà... Je l'aime...Ça me fait bizarre, cela me paraît si évident maintenant! Je l'aime... Maman, tu avais raison, la Déesse récompense toujours ceux qui se donnent du mal. Elle m'a offert un ami, un amoureux, un amant et tout cela en un seul et même être: Kratos. C'est un garçon, et alors? C'est lui que mon cœur a choisi, on ne contrôle pas l'amour. J'aime Kratos. Peu importe ce que cet amour peut m'apporter comme misères, il m'apportera bien plus de joie que de peine. Et Kratos en vaut largement la peine.

 

 

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