Préséa ouvrit
doucement la porte qui grinça lentement sur ses gonds et pénétra dans la pièce,
suivie de prés par Raine. Celle-ci se dirigea sans hésiter vers le petit lit
contre le mur. La masse de couvertures s’élevait et s’abaissait régulièrement,
en silence, indiquant là que quelqu’un occupait le lit et qu’il y dormait
encore. Le Professeur se figea soudain en apercevant une masse de cheveux roux,
étroitement mêlée à une masse de cheveux d’ébène, dépasser des nombreuses
couvertures, en s’étalant impunément sur l’oreiller.
« -Zélos ?
appela doucement la jeune fille à la hache.
Elle s’était
placée entre le Professeur et le lit, craignant une réaction violente de la
part de cette dernière.
La masse de
couvertures bougea un peu et une tête passablement endormie émergea de dessous
les couvertures.
-Mmmmh ?
Qu’est ce qu’il y a ?... ah ! C’est toi Préséa, fit Zélos d’une voix
pâteuse. …P…Professeur ??!!
-Elle-même !
On peut savoir ce que tu fais là toi ??? demanda Raine en croisant les
bras sur sa poitrine et en toisant l’Elu d’un regard assassin.
Zélos baissa
les yeux, comme un gosse pris en faute et s’extirpa avec précaution du petit
lit, prenant soin de ne pas trop bouger Sheena. Celle-ci se roula
automatiquement en boule et frissonna, privée de sa seule source de chaleur.
Raine cru qu’elle allait
explosait en voyant la tenue de l’Elu : torse nu et vêtu en tout et pour
tout de ses sous-vêtements, et en sueur.
-C’est quoi
cette tenue !!! explosa-t-elle, rouge de fureur. Que faisais-tu dans ce
lit avec Sheena ??? Réponds !!! Les autres ont bien raison, tu n’es
qu’un pervers !!! J’attends vos explications monsieur l’Elu !
Raine se
retenait visiblement à grand peine de lui balancer son poing dans la figure.
Décidemment, Zélos ne pensais qu’à ça…
-Ce… ça n’est
pas du tout ce que tu crois Raine, je te le jure, tenta de se défendre Zélos.
Il jeta un
regard suppliant en direction de Préséa.
-Ne t’emportes
pas Raine, dit Préséa en se portant au secours du jeune homme. Il a raison, ça
n’est pas ce que tu crois.
-Ah non !
Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! Je sais bien ce que je vois quand
même ! Zélos est à moitié nu dans le même lit que cette pauvre Sheena. Il
essaye d’en profiter pour abuser d’elle et toi tu le soutien ?! Tu es bien
trop gentille avec lui. Je ne sais pas quel mensonge il a bien pu te faire
gober pour que tu le défendes, mais sache que ça ne marche pas avec moi !
Et avant que
Zélos ait pu dire quoique ce soit pour sa défense, la demie elfe le frappa d’un
grand coup de pied au niveau de l’abdomen, qui l’envoya valser à l’autre bout
de la petite pièce.
------
Génis observait
pensivement l’horizon, assis sur le petit muret en pierre à l’entrée de la
maison du nain Altessa. Il balançait paresseusement ses jambes dans le vide,
perdu dans de sombres pensées. Bien qu’il ne veuille pas trop le montrer, il
s’inquiétait beaucoup pour sa sœur. Certes, c’était une magicienne hors paire,
mais elle excellait plus dans l’art de la guérison plutôt que dans l’art du
combat. Qu’adviendrait-il si elle venait à tomber sur l’ennemi ?
Serait-elle en mesure de se défendre ?
Il aurait dû insister d’avantage
pour l’accompagner, d’autant que cela l’aurait rapproché de Préséa.
Préséa…
Dés qu’il
l’avait vu dans la cathédrale de Meltokio, petite fille à l’apparence si frêle
et si fragile, son cœur s’était mis brusquement à s’emballer sans raison
apparente. Sa tête où fourmillaient habituellement toutes sortes de pensées,
s’était retrouvée étrangement vide, et lui d’ordinaire à la répartie si
cinglante s’était mis à bafouiller en sa présence. Allant même jusqu’à tenir
parfois des propos incohérents.
Pourtant elle reste toujours
si distante avec moi pensa le petit magicien. J’aimerais tant qu’elle
s’ouvre un peu plus à moi. Jamais elle ne parle de se qu’elle ressent. Ses
blessures, ses faiblesses, je les devine mais je ne les connais pas…Je voudrais
pouvoir l’épauler, qu’elle puisse se reposer sur moi…mais …mais je ne suis
qu’un enfant…simplement qu’un enfant…Que puis-je faire ?. Alors
qu’elle…elle…elle fait déjà tellement adulte…Rahhh, tu n’est qu’un imbécile
Génis ! Arrête de rêver !
« -Et bien
Génis, que t’arrives-t-il ? Tu me sembles bien songeur. Cela ne te
ressemble pas…
-Lloyd !
Désolé, j’étais perdu dans mes pensées, fit Génis en sursautant et en
rougissant un peu.
-Ce n’est pas
grave, lui répondit son ami. Tu t’inquiètes pour le Professeur ?
Génis hocha la
tête en signe d’assentiment.
-Ne t’en fait
pas, le rassura Lloyd, elle n’est pas du genre à se faire avoir facilement.
-Je le sais
bien, protesta le jeune garçon, mais…
Lloyd étreignit
Génis par les épaules.
-Et puis notre
valeureux Noishe est avec elle ! fit Lloyd sur un ton enjoué.
-Et ça devrait
me rassurer ? ironisa le demi elfe. Je te rappelle que dés qu’il y a un
monstre, il prend ses pattes à son cou celui là… Rappelle toi sa fuite dans la
forêt d’Isélia…
-C’est vrai, dû
reconnaître piteusement Lloyd.
Puis les deux
amis partirent d’un grand éclat de rire à l’évocation de ce souvenir du début
de leur périple. Bien qu’à l’époque, ils n’avaient pas tellement ri lorsque
Noishe, à l’allure si imposante, avait tourné les talons dés leur entrée dans
la forêt…Ils n’avaient pas fait les fiers, loin de là…
-Comment va
Colette ? demanda Génis pour changer de sujet.
Le regard du
jeune épéiste s’assombrit à l’évocation de leur amie souffrante.
-Elle
souffre…beaucoup plus qu’elle ne veuille en dire, c’est certain. Altessa a
parlé d’un remède mais…
-Quel genre de
remède ? l’interrogea Génis, curieux.
-Et bien…je
n’ai pas suivi toutes les informations techniques…
-Bin voyons, ça
m’aurait étonné, marmonna le magicien.
-Mais je sais
qu’il a parlé d’une histoire de transfert de mana ou quelque chose dans ce goût
là, continua Lloyd comme si il n’avait pas entendu la remarque peu flatteuse
que son ami avait faite à son sujet.
Soudain le
petit magicien releva la tête, alerte, scrutant l’horizon en direction des
ruines d’Ozette. Il sauta doucement à bas du muret de pierre et avança de
quelques pas, tendant l’oreille. Lloyd regardait son ami, perplexe.
« -Qu’est
qu’il t’arrive Génis ? demanda-t-il.
-Chut !...Tu
entends ?
-Quoi ?
Entendre quoi ? Je n’entend rien… répliqua Lloyd.
-Justement !
fit Génis, alarmé. Il n’y a plus aucun bruit dans la plaine ! Tout les
oiseaux se sont tus…On n’entend plus que le vent…que le vent et…Non ! Ce
n’est pas possible ! Non ! Pas maintenant !
Lloyd tendit
l’oreille lui aussi. En effet, le jeune garçon avait raison. C’était beaucoup
trop calme. Se portant à la hauteur de son ami dont il surprit le regard
inquiet, il cru percevoir comme un grondement. Un grondement sourd, puissant.
Un grondement qui se rapprochait. Pourtant l’après-midi était au beau fixe.
Aucun nuage en vue dans le ciel.
Se pouvait-il
que…
Se jetant un
regard entendu, Génis fit prestement volte face et rentra en courant à
l’intérieur de la maison d’Altessa. Il en ressorti quelques instants plus tard
en compagnie de ce dernier, suivi de prés par Tabatha et Régal.
-Je crois que
nous allons avoir de la visite, annonça gravement Lloyd.
Il ne croyait
pas si bien dire. Les minutes s’écoulaient lentement et à mesure qu’elles
s’égrainaient, le bruit sourd perçut par nos deux amis quelques instants
auparavant grossissait, s’enflait et s’amplifiait, répercuté par la falaise au
pied de laquelle était installée la demeure du nain. Sur une bonne moitié de la
largeur de la plaine, un épais panache de fumée s’élevait.
Bientôt, le
martèlement pesant des sabots des chevaux de guerre lourdement harnachés et
piétinant tout sur leur passage parvint jusqu’à Lloyd, Génis, Régal, Altessa et
son androïde. Ceux-ci se jetèrent des regards d’appréhension. Comment
allaient-ils pouvoir affronter l’armée du Pontife avec leurs forces diminuées
de moitié par l’absence de Préséa, Sheena, et Zélos, sans oublier Colette…
Mais qu’importe ! Ils
défendraient chèrement leurs vies et ne laisserais pas « leur »
Colette tomber entre leurs mains. Déterminés, Lloyd et ses compagnons d’armes
s’apprêtaient à faire face lorsque à leur grande surprise, le nuage de
poussière bifurqua vers leur gauche.
« -C’est
pas vrai ! s’exclama Lloyd en serrant les poings. Ils se dirigent tout
droit vers…Mizuho !
Comment diable
en connaissaient-ils la localisation ? En effet, le petit village ninja ne
figurait sur aucune carte officielle, garantissant ainsi sa sécurité et sa
tranquillité.
Après un
instant de flottement, l’adolescent s’élança dans la direction prise par
l’armée pontificale quelques instants auparavant, talonné de prés par Génis et
Régal.
« -On peut
savoir ce que tu comptes faire Lloyd ? interrogea ce dernier. Je te
rappelle, à titre d’information que nous ne sommes que trois. Nous ne pourrons
rien faire pour ces gens. Est- ce que ça ne serait pas tout simplement se jeter
dans la gueule du loup ?
-J’en suis bien
conscient Régal. Notre priorité c’est de protéger Colette, mais je refuse
l’idée de laisser ces soldats massacrer le village sans tenter quelque chose.
C’est à cause de nous et de nos actions si ils sont la cible du courroux du
Pontife. De plus, c’est le village de Sheena. Son grand-père est là bas,
toujours dans le coma.
-Et que
crois-tu que notre présence va changer ? reprit l’ancien aristocrate. Ils
sont à cheval, lourdement armés, nous sommes à pieds.
-Dans ce cas,
pourquoi viens-tu avec moi Régal ? l’apostropha Lloyd.
-Hors de question
de te laisser t’en mêler tout seul. Mon devoir est de t’aider, dans la mesure
du possible, à éviter que des innocents fassent les frais de ces caprices
injustes du destin. C’est la croix que je dois porter pour me faire pardonner.
Lloyd sourit.
Sous ses airs renfrognés et parlant peu, Régal avec un sens aiguisé du devoir
et de la justice, était quelqu’un sur qui on pouvait compter. L’épéiste reporta
son attention sur sa course. Quoiqu’il entreprenne, il pouvait compter sur
l’aide et le soutien de ses amis, et cette pensée lui fit chaud au cœur.
-------
« -Je te
présente mes excuses Zélos, dit Raine d’une voix piteuse. Je me suis laissée
emportée un tantinet…
Préséa venait
d’expliquer à la demie-elfe aux cheveux argent la raison de la présence de Zélos
dans le même lit que Sheena.
-Ce n’est pas
grave Raine, lui assura l’Elu de Tésséha’lla en se massant l’abdomen. Je peux
aisément comprendre ta réaction. Ma réputation me joue parfois de vilains
tours…
Raine lui jeta
un regard où il pu déceler une pointe d’ironie.
-Quoiqu’il en
soit, je t’assure que jamais je ne m’abaisserais à une chose pareille,
reprit-il. J’ai trop de respect pour elle… même si je ne suis pas toujours
sympa avec elle, je dois le reconnaître,… surtout ces temps-ci.
-Oui c’est sur,
confirma Préséa. Odieux, serait le terme plus exact.
-C’est bon
Préséa ! Je sais, je sais ! N’en rajoutes pas veux-tu, s’écria Zélos.
Je ne suis pas fier de moi.
-Et bien tu lui
présentera donc tes plus plates excuses à son réveil, fit Raine.
-Ah non !
ça…ça je ne peux pas , dit Zélos d’une petite voix blessée.
-Et pourquoi
donc ? demanda Raine, perplexe. Tu viens de dire à l’instant que tu la
respecte… ce n’est pas très logique comme raisonnement…
-Je…je, fit-il
en baissant la tête, de longues mèches de cheveux dissimulant son visage.
Préséa et le
Professeur fixèrent le jeune homme sans comprendre. Pourquoi diable refusait-il
de s’excuser ? Ce n’était quand même pas la mer à boire… Avait-il peur de
la réaction de Sheena ? … De toute façon il l’aurait mérité ! Et puis
Sheena, sous ses airs de furie, n’était pas si rancunière, loin de là. Elle lui
pardonnerait, ce n’était pas son genre de snober ses amis bien longtemps. Elle
était trop gentille pour ça. Beaucoup trop même selon l’avis de Raine… Alors,
quel était donc le problème de Zélos… ?
« -Bien,
admettons, fit Raine, brisant le silence qui s’était installé depuis quelques
minutes. On verra ça plus tard. Il y a plus urgent.
Elle s’approcha
du lit où reposait Sheena et tira vivement les couvertures qui masquaient la
jeune femme aux regards des autres. Le professeur ne pu retenir une exclamation
de surprise devant ce corps si pâle entièrement veiné de bleu, tremblant avec
force. Exposés ainsi à la température de la pièce, pourtant élevée, les
convulsions des membres de l’invocatrice devinrent plus intenses, et Sheena,
roulée en boule, respirait avec beaucoup de difficulté, au bord de
l’épuisement.
« -Par la
déesse… elle… elle est…. Ce … ce n’est pas possible… elle n’a plus de Mana…. Comment
as-t-elle fait pour survivre aussi longtemps ? Depuis combien de temps
est-elle comme ça ? souffla Raine dans un faible murmure et en secouant
tristement la tête devant l’état de son amie.
-Depuis presque
trois jours, répondit Préséa d’une voix morne alors que Zélos continuait de se
murer dans son silence.
Le Professeur
était sidérée par ce qu’elle voyait et espérait, non sans une certaine
appréhension, que son pouvoir de guérison serait suffisant. Elle essayait de ne
pas trop le montrer, mais à cet instant, elle doutait sérieusement de ses
capacités. Seulement voilà, tout le monde comptait sur elle pour réaliser des
miracles. Elle n’avait pas le droit de les décevoir. Elle était l’esprit
cartésien du groupe, le pilier qui rassurait les autres lorsqu’ils doutaient
d’eux même, et elle avait réponse à tout, en toute circonstance, quelque soit
la situation. Si elle flanchait, que deviendraient-ils ?
Raine releva la
tête, le regard déterminé. Il fallait qu’elle réussisse, qu’elle se surpasse
même si il le fallait.
Tendant les
deux bras, elle positionna son bâton de magicien devant elle, juste au dessus
de Sheena. La demie-elfe ferma lentement les yeux, en proie à une extrême
concentration. Presque aussitôt, une douce aura de lumière blanche vint
l’envelopper alors qu’un cercle magique de guérison se dessinait sous ses
pieds. L’orbe magnifique qui ornait l’extrémité de son bâton se mit à irradier
doucement, et Raine l’abaissa sur le front de la jeune femme à bout de forces.
Un flux d’énergie sembla se déverser du joyau vers Sheena sous les regards
attentifs de Préséa et Zélos.
Une bonne
minute s’écoula ainsi. Raine commençait à montrer des signes de fatigue et ses
jambes tremblaient sous l’effort. Son sort n’avait pas d’effet, elle le
sentait, tandis qu’elle faiblissait sous le contrecoup d’une trop grande
utilisation de Mana. Ses deux compagnons avaient eux aussi compris que quelque
chose n’allait pas devant le temps que prenait son sort. D’habitude, l’effet
était quasi instantané.
Les épaules de
la demie-elfe s’affaissèrent. Les forces lui manquaient.
Depuis
l’entrebâillement de la porte de la petite chambre, deux yeux perçant suivaient
la scène avec attention, sourcils froncés et mine soucieuse, lorsque la
magicienne mit soudain un genou à terre.
« -Raine !
l’interpella Zélos, sortant de son mutisme. Courage ! Tu peux la
sauver ! Tu… tu es la meilleure guérisseuse que je connaisse. Ton pouvoir
n’a pas de limites, alors ait confiance en toi. Nous, nous te faisons confiance
alors, s’il te plait, …je t’en prie, … ne baisse pas les bras ! Ne me dis
pas que c’est fini, tu entends !
-Zélos à
raison, ajouta Préséa. Nous croyons en toi. Ne doute pas. Nous sommes avec toi…
Raine leur jeta
un regard reconnaissant. Ils avaient raison.
N’avait-elle pas progresser, au
cours de leur périple, à un point qu’elle n’aurait seulement pu qu’imaginer
quelques mois plus tôt ? Forte de son courage et de sa confiance en elle
retrouvée, elle ancra solidement ses pieds dans le sol et redressa fièrement la
tête.
Elle sentit qu’un nouveau flux de
Mana parcourait à présent son corps. Surprise, elle se tourna vers ses amis
pour voir Zélos entouré une fine aura blanche, identique à la sienne. Tendant
le bras vers Raine, paume ouverte en signe d’offrande, il lui donnait ainsi la
force nécessaire à l’achèvement de son sortilège de guérison.
Investie de
cette énergie nouvelle, la demie-elfe en augmenta l’intensité et un deuxième
cercle magique apparut sous elle, puis fusionna avec le premier, projetant
alors une lumière aveuglante.
« -Revitalisation ! »
s’écria Raine en déversant l’énergie réparatrice de son sort en Sheena.
L’homme
derrière la porte poussa un imperceptible soupir de soulagement et s’enfonça
dans la pénombre du couloir.
Sentant comme
une présence dans son dos, la fillette aux couettes roses, se retourna, mais son
regard ne rencontra que le vide.
Au bout de
quelques instants, l’éblouissante lumière mourut, replongeant la pièce dans une
obscurité partielle. Raine s’affaissa doucement à terre, complètement vidée,
imitée quelques secondes plus tard par Zélos.
Sur le lit, l’invocatrice avait
retrouvé un rythme de respiration normale et malgré la pâleur persistante de
ses traits, elle affichait un visage serein, détendu, un léger sourire ourlant
ses lèvres. Toute trace de poison avait disparu de son corps comme en témoignait
l’absence de marbrures bleutée et le Professeur soupira. Elle avait
réussi !
« -Merci
Zélos, fit Raine en souriant doucement à l’Elu du Mana. Sans ton aide je crois
bien que je n’y serais pas arrivée…
-Allons,
allons… ne dis pas de bêtises lui répondit Zélos en replaçant une épaisse mèche
rousse derrière son oreille et en rougissant un peu, flatté malgré tout de
recevoir les rares compliments que distribuait le Professeur Sage. Si tu as
réussi, c’est uniquement grâce à ta force intérieur, à ton courage et à ta
détermination.
Raine ouvrit de
grand yeux, complètement abasourdie par ce qu’elle venait d’entendre. Zélos
restait humble et ne se mettait pas en avant. Il leurs épargnait ses
fanfaronnades et ses vantardises habituelles… Elle ouvrit et ferma plusieurs
fois la bouche, incapable de prononcer le moindre mot
Préséa, elle aussi surprise,
fixait le jeune homme avec intérêt et incompréhension à la fois.
« -Qu’est
ce qu’il vous arrive à toutes les deux ? demanda Zélos le plus
naturellement du monde. On dirait que vous avez vu un fantôme… J’ai quelque
chose sur le visage, c’est ça ?
-Qui êtes vous
et qu’avait vous fait de Zélos ? interrogea Raine, suspicieuse à l’égard
de ce dernier.
-Mais qu’est ce
que tu racontes enfin Raine ? Qu’est ce que j’ai dis ?
Un petit
sourire en coin se forma alors sur le visage de la demie-elfe.
-Rien…rien
d’important… Tu as changé Zélos… en bien, fit-elle en voyant la mine perplexe
du jeune homme. Viens Préséa, montres moi un endroit où je pourrais me reposer
s’il te plait…
Préséa
acquiesça et aida la jeune femme à se relever et tout en la soutenant quitta la
pièce.
-Prend soin
d’elle Zélos, je te la confie. Elle n’est peut être pas tout à fait remise.
Notre sort combiné a eu l’effet escompté, mais pas de risques inutiles. Si il y
a le moindre problème n’hésite surtout pas à me prévenir, rajouta Raine avant
de franchir la porte.
Son regard se
posa alternativement sur Zélos, qui visiblement n’avait rien compris, et sur
Sheena. Elle était prête à parier que la jeune invocatrice n’était pas
étrangère au nouveau comportement de leur ami et espérait sincèrement que cette
influence continuerait. L’Elu de Tésséha’lla était bien plus appréciable ainsi.
Zélos ouvrait
de grands yeux ronds. Pourquoi y aurait-il quelque chose de changé ? Il se
sentait toujours le même pourtant.
(dialogue entre
Zélos et sa conscience. En italique, sa conscience, en gras Zélos)
« -Allons,
arrêtes de te mentir, résonna une petite voix dans sa tête. Nous savons
toi et moi ce qui a changé justement…accepte donc que tu l’ai…
-Toi, ma
conscience, la ferme !
-Très bien,
très bien, mais c’est sans issue pour toi si tu continue comme ça. Ne crois-tu
pas que tu vas la blesser et te détruire par la même occasion?
-Il vaut
mieux que ça soit maintenant plutôt que à CE moment là. Je ne peux pas
m’engager sur cette voie là. Je ne peux plus reculer à présent… SA punition
serait…Non ! Je ne veux même pas y penser…IL pourrait se retourner contre
elle.
Etrangement, il
ressenti un douloureux pincement au cœur à cette simple pensée.
-Non, je
dois plus penser à elle…Les dés sont jetés de toue manière et notre destin à
tous est déjà en marche.
Un gémissement
de Sheena le tira de son conflit intérieur et il s’approcha du lit où elle
reposait. Elle paraissait si fragile encore.
La jeune femme
s’était de nouveau roulée en boule et frissonnait. Zélos resta à la contempler,
tiraillé entre ce qu’il devait faire et ce qu’il avait envie de faire. Sa
raison luttait contre le doux sentiment pour la belle ninja qu’il sentait
naître en lui.
Il remonta
délicatement les couvertures sur son corps et s’allongea à son tour sur le lit.
Personne ne serait là pour le juger. Raine ne repasserait que plus tard. Ils
étaient donc seuls.
« -Et
tes bonnes résolutions de toute à l’heure ?
-…Envolées…
Zélos caressa
du bout du doigt le pâle visage de son amie, écartant distraitement de fines
mèches de cheveux de son front. Il savait qu’il faisait peut être là une
erreur, cependant l’attraction quasi animale que la jeune femme exerçait sur
lui était bien plus forte que sa raison, il s’en rendait compte à présent. Il
voulait la sentir contre lui comme cela, sentir son cœur battre contre le sien,
sentir son souffle se mêler au sien. Pour toujours.
Il embrassa
délicatement le front glacé de Sheena, qui s’était à présent inconsciemment lovée
contre son torse, et l’enserra de ses bras de façon possessive. Il approcha
ensuite sa bouche de son oreille et ses lèvres murmurèrent simplement ce mot.
-Pardon…
Une petite
larme perla au coin de l’œil de Sheena et son visage se fendit d’un sourire de
gratitude que Zélos ne vit malheureusement pas.
------
Lorsqu’ils
arrivèrent en vue du pont, ils stoppèrent net à la vue de l’étrange spectacle
qui s’offrait à eux. La terre était dévastée, complètement retournée par le
passage des centaines de chevaux. Pas un brin d’herbe de subsistait.
Régal examina attentivement le
sol.
« -Combien ?
demanda Lloyd.
-Une petite
centaine … peut être moins.
-Quelle
désolation, se lamenta Génis en faisant rouler entre ses doigts une petite
fleur.
Unique vestige
de la prairie luxuriante qui se dressait là quelques heures plus tôt, elle se
levait fièrement au milieu des ornières boueuses, agitant ses délicates feuilles
au gré du vent et défiant par sa présence la folie dévastatrice des hommes.
Les trois
compagnons redressèrent la tête de concert et leur regard porta en direction de
Mizuho. Un épais panache de fumée s’élevait dans le ciel bleu, implacable, au
dessus du village ninja non loin de là.
Funeste
présage.
Lloyd sentit
que son sang se glaçait dans ses veines, et livide, contempla les volutes noirs
sans pour autant faire un seul geste.
-Quelle
folie…cela ne s’arrêtera donc jamais… murmura-t-il pour lui-même.
_______
Le talent caché de Raine :
Génis observait pensivement
l’horizon, assis sur le petit muret en pierre à l’entrée de la maison du nain
Altessa.
Lloyd : Et bien à quoi tu
penses ?
Génis : …
L : Au Professeur n’est-ce
pas ?
G : Oui…
L : T’inquiètes ! Elle
va s’en sortir ! Elle est coriace !
G : Oui, ça c’est sûr…
L : Et puis dans le pire des
cas elle pourra leur sortir son arme secrète.
G : Son
« faisceau » de lumière ?
L, avec un grand sourire :
Nan, sa cuisine !!!
Raine avec un porte voix
géant : LLLLLLLLLOOOOOYD !!!J’ai entendu ! Je ne suis pas
sourde !
L : Mais comment as-t-elle
fait pour entendre d’aussi loin ?!
G : Aucune idée. Mais je
pense que dans le cas présent, une seule solution s‘impose.
L : Laquelle ?
G : La fuite !!!
Un nuage de poussière apparut
alors sur la ligne d’horizon. R ne permettait pas qu’on mette en doute ses talents
(ô combien douteux d’ailleurs) de cuisinière. ^^
<< précédent suivant>>