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Tales of Symphonia for ever
3 novembre 2008

Chapitre 01: Le Tribunal - par Ludovika

 Deux ans après la réunification des mondes de Sylvarant et Tesséha’lla…
 Tesséha’lla, Meltokio, Tribunal…

 Les jurés fixaient leur futur condamné. L’Ange était attaché au sol par d’énormes chaînes métalliques liées à d’épais anneaux autour de ses mains et de ses chevilles. Un autre lien, plus lourd encore, passait entre les diverses menottes pour rejoindre son cou, entouré d’un collier qui le forçait à garder tête baissée. Ses cheveux aubruns cachaient son regard écarlate. Malgré cela, la tension était palpable dans le tribunal. Plus qu’une présence, l’être céleste était comme une ombre au-dessus d’eux. Il était le dernier membre de sa race et le monde serait bientôt débarrassé de toute trace du règne du Cruxis. Tous pourraient oublier.
- Kratos Aurion.
Le mercenaire ne broncha pas à l’appel de son nom. Il n’avait rien à ajouter aux faits qui lui étaient reprochés. Pourtant, alors qu’il attendait silencieusement la suite du procès, son attention était dirigée vers une toute autre direction que celle de son propre destin. Au premier rang se tenait la seule personne qui eut jamais compté pour lui.
- Papa…
Ce murmure inaudible n’avait fait que traverser les lèvres de son fils, mais il l’avait entendu avec une telle clarté que son cœur fit un bond dans sa poitrine. Lloyd… Il bénit ses sens d’Ange pour pouvoir être capable de sentir sa présence. Elle valait mieux que n’importe quel réconfort. Bien qu’il portait un cristal du Cruxis depuis seulement deux années, il avait beaucoup changé. Ses cheveux, plus longs, descendaient jusqu’à ses épaules, toujours aussi indomptables, encadrant son visage affiné par son sang angélique. Habillé plus sobrement, il portait une chemise blanche et un pantalon noir. Le médaillon était à sa place, contre son cœur, sur sa peau halée par son insatiable envie de voyages.
A ses côtés se trouvaient Sheena et Zélos qui étaient désormais mari et femme pour le meilleur comme pour le pire. L’élu était devenu un représentant important du nouveau monde. Il avait proposé d’user de son influence pour apaiser la colère à son égard, mais Kratos avait refusé, il était prêt à assumer le poids de sa trop longue vie. Le roux était passé derrière Lloyd et lui avait entouré les épaules de son bras pour le soutenir. Mais le jeune immortel n’accordait aucune importance aux attentions de ses amis, ses grands yeux carmin étaient rivés sur son père, emplis de doutes. L’Ange pouvait percevoir son déchirement à travers les battements irréguliers de son cœur. A droite de son fils se tenait son vieil ami, Yuan. Sa condition d’éternel n’avait pas été révélée. Une société secrète qui regroupait différents dirigeants et conseillés l’avait réclamé pour siéger à sa table. Bien qu’il y avait un roi, c’étaient eux qui prenaient les décisions. Malheureusement, un pion ne pouvait pas en reverser dix autres, c’est ainsi qu’il avait été décidé de rendre publique la véritable identité du mercenaire, sacrifié pour sauver les deux Anges restants. Il ne leur en voulait pas, c’était lui qui avait décidé de revenir. Et dire que c’était dans cet endroit qu’il revoyait son enfant après une si longue séparation.
L’humain leva la tête vers le juge.
- Avez-vous quelque chose à ajouter ?
L’assemblée retenait son souffle, après tout, un claquement de doigt aurait pu le libérer et tous les envoyer en Enfer.
- Non.
Sa voix profonde résonna dans l’esprit de Lloyd. Lentement, Ses doigts se crispèrent de plus en plus sur le bras de Zélos qui resserra son étreinte et, au prix d’un grand effort, il refoula ses larmes.
- Bien, la séance est levée jusqu’au verdict des jurés.
Tout le monde se leva mais le jeune immortel ne voulait pas bouger. Des gardes vinrent détacher son père pour l’emmener ailleurs. Avant de disparaître derrière une porte du fond, il se retourna vers son fils, ses yeux se firent plus doux, un sourire se dessina sur ses lèvres. « Ne t’inquiète pas… » Pensa-t-il. Le temps d’un dernier regard, il avait été emmené. Zélos et Sheena poussèrent en douceur le garçon pour quitter la pièce.
- Papa…

 Seul dans une pièce annexe au tribunal, mais toujours lourdement attaché et surveillé, Kratos se prit à méditer sur son propre sort. Des chaînes, des barreaux, des années,… Finalement, ce serait l’usure qui aurait raison de lui. Au moins, Lloyd serait en sécurité, entouré de ses amis. Et il savait que Yuan garderait constamment un œil sur lui. Fermant les paupières, il renversa la tête en arrière pour détendre sa nuque douloureuse. Le seul regret qui lui restait était de n’avoir pu passer plus de temps avec son fils…br>

 Lloyd était assis en tailleur dans un canapé, les yeux vides de toute émotion. Néanmoins, ses amis savaient qu’un rien le ferait craquer. Ils avaient trouvé une pièce à l’écart des autres personnes qui assistaient au procès, enfin en paix. Plusieurs mètres plus loin, Yuan méditait devant une âtre, le garçon ne savait pas que c’était lui qui avait envoyé son père à l’échafaud. L’Ange inspira profondément et se dirigea vers Lloyd. Il s’agenouilla devant le fils de son vieil ami.
- Lloyd, je te promets qu’ils ne le garderont pas enfermé pour l’éternité.
Le garçon leva les yeux vers lui.
- Ils vont le garder longtemps mais il finira par sortir.
-Longtemps ? Demanda le jeune immortel.
- Oui, il faudra que tu sois très patient.
- Dix ans ? Vingt ans ?
Yuan ne répondit pas et posa sa main sur la tête de Lloyd qui baissa les yeux.
- Je crains que nous ne devions attendre qu’un certain nombre de générations se soient écoulées…
Le garçon respira profondément pour chasser le futur qui l’attendait. Le Demi Elfe lui pressa alors l’épaule.
- Je sais que tu es courageux, tu ne feras pas de bêtise. Ne t’inquiète pas pour lui, il ne peuvent rien lui faire de mal.
- Ah ! Tu connais ton père ! Lança Zélos en ébouriffant joyeusement les cheveux de Lloyd. Ce type a de l’acier dans les veines !
L’élu lui fit un clin d’œil encourageant et le jeune immortel acquiesça.
- D’accord, articula-t-il, la gorge un peu nouée. J’attendrai.
- Le service nous est offert, on va bientôt nous apporter quelque chose à manger, annonça Sheena.
- Ne vaut-il pas mieux rentrer ? Les délibérations risquent de durer des jours, enchaîna son époux.
- On dirait pourtant qu’ils ont plutôt l’intention d’expédier ça en quelques heures, soupira la jeune femme.
Yuan fronça les sourcils, il avait un mauvais pressentiment.
- Je dois m’absenter, je serai de retour pour le jugement, dit-il en quittant précipitamment la pièce.
Lloyd amena ses genoux sous son menton et entoura ses jambes de ses bras.
- Je… je ne saurais rien avaler, bafouilla-t-il.
L’invocatrice s’assit à côté du garçon, dégageant des mèches couleur chocolat qui glissaient sur son visage.
- Lloyd…
- Je ne saurais pas, insista-t-il, sa voix montant dans les aigus.
Sheena se mordit la lèvre avant de reprendre d’un ton doux et compatissant.
- D’accord, mais essaye au moins de te reposer, capitula-t-elle.
Elle se leva et l’aida à s’allonger sur le fauteuil. Zélos lui lança une couverture qu’elle étendit délicatement sur lui.
- Ne t’inquiète pas, tout ira bien…

 Pour la dernière fois, Kratos se retrouvait enchaîné et tête baissée devant le juge. Les doigts de Lloyd serrèrent si fort la barrière de bois qui le séparait de son père que ses jointures blanchirent. Sa mâchoire se crispait alors que le silence se faisait, tous patientant pour le jugement final. Seul le mercenaire semblait détendu alors qu’il savait pourtant qu’il allait être privé de sa liberté pour des siècles, voire des millénaires.
Soudain, Lloyd sursauta alors qu’une porte du fond s’ouvrait pour laisser entrer d’autres personnes.
- Mais… ?
- Qu’est-ce que ceux de l’Institut de recherche fichent ici ? Le doubla Yuan, la voix empreinte de colère.
Le cœur du jeune immortel s’arrêta dans sa poitrine alors qu’il appréhendait ce qu’il allait arriver. Il se tourna vers le Demi Elfe en quête d’aide mais celui-ci fixait toujours les nouveaux venus. Même Kratos leva la tête vers eux pour les regarder avec méfiance.
- Bien… Fit le juge en tassant ses feuilles.
Lloyd lançait des regards affolés en tous sens, le pouls irrégulier et brutal. Quand il en revint au vieil homme en face de son père, ce dernier réajustait ses lunettes avant de prononcer le jugement.
- Kratos Aurion sera condamné à servir les expériences de l’Institut de recherche de Tesséha’lla. Selon son état, il sera ensuite emprisonné à perpétuité dans une prison créée par les chercheurs qui garantira sa passivité.
- Non ! Hurla Lloyd.
Le garçon voulu se jeter sur le vieillard mais ses amis le retinrent fermement.
- Lâchez-moi !
- Ce procès… n’est pas terminé, annonça le juge.
Les compagnons se figèrent.
- Vous ne pensez pas en avoir déjà fait assez comme ça ? Cracha Sheena avec une ironie féroce.
Le vieil homme ne se laissa pas impressionner.
- En ce qui concerne le fils unique de monsieur Aurion, il sera placé dans une famille désignée par ce tribunal et devra être coupé de ses relations actuelles pour que tous puissent être rassurés quant à son éducation éloignée de tout rapprochement avec le Cruxis.
Le juge frappa son bureau d’un marteau de bois et les personnes qui avaient assisté au procès se levèrent pour se diriger vers la sortie. Lloyd était blême. Ses yeux croisèrent un instant ceux de son père dans un mélange de peur et de détresse.
- Vous… vous n’avez pas le droit ! Cria l’élu, interloqué.
Le vieillard frappa plusieurs fois sur son bureau.
- Veuillez les faire sortir, dit-il à l’attention de plusieurs gardes postés dans un coin.
Yuan prit le jeune immortel par les épaules et le força à suivre le flux de la foule.

 Dans les couloirs, les gens se bousculaient pour laisser passer les gardes qui escortaient le condamné. Yuan guidait tant bien que mal les autres pour quitter le bâtiment, tenant fermement Lloyd par le poignet. L’Ange jura. Comment allait-il faire pour sortir son vieil ami de là ? Un homme corpulent le renversa presque et, pris par une vague de colère, le Demi Elfe riposta violemment. Profitant du relâchement de l’éternel, Lloyd se tordit le bras pour échapper à son emprise. Yuan se rendit compte trop tard de sa tentative d’évasion et le garçon lui glissa entre les doigts.
- Lloyd ! Cria-t-il dans la cohue générale.
Le jeune immortel, tenant son poignet douloureux contre lui, se faufila dans la foule jusqu’à une partie libre où passait Kratos. Malheureusement, c’était là qu’était massé la plupart des gens qui avaient assisté au procès. Il joua des coudes pour se rapprocher mais la dernière ligne ne voulait pas céder. Son père passa.
- Papa ! Hurla-t-il.
Plusieurs personnes le regardèrent avec des yeux ronds.
- Papa ! S’époumona-t-il.
Brusquement, une ouverture se fit et Lloyd se retrouva dans le sillon des gardes. Devant lui, le groupe qui encadrait son père s’était arrêté. Kratos jeta un regard au plus décoré d’entre eux puis s’avança vers son fils. Mais Lloyd n’attendit pas et il se précipita droit vers lui. Arrivé en face du garçon, le mercenaire, toujours menotté, s’agenouilla et lui prit la main. La foule eut un mouvement de recul quand la lumière du sort soigna le poignet tordu mais aucun des deux n’en tint compte.
- Papa… Dit Lloyd, la gorge nouée.
- Chut…
Kratos leva ses poignets entravés et les descendit autour de son fils. Lentement, le jeune immortel enroula ses bras autour de son cou et y enfouit son visage. Le mercenaire le serra plus fort contre lui quand des sanglots vinrent l’agiter.
- Je suis désolé, articula le garçon.
- Ne t’inquiète pas, ce n’est qu’une vieille étoile qui s’éteint pour laisser place à une autre.
- Je m’en fous, je veux rester avec toi. Je veux que tu restes avec moi…
- Lloyd, je dois payer pour ces millénaires de souffrance. Ne sois pas triste, murmura l’Ange à son oreille.
Le jeune immortel se taisant, il poursuivit.
- Et puis, je pars en sachant que j’ai laissé quelque chose de bien derrière moi...

Il écarta un peu le garçon pour le regarder droit dans le yeux.
- Quelqu’un de bien, sourit-il.
D’un mouvement de bras, il se rapprocha et déposa un baiser sur son front avant de le serrer encore plus fort contre lui. Il avait besoin de son courage pour ce qui allait suivre.
- T’as qu’à lancer un Jugement et puis on pourra partir, bouda Lloyd entre ses larmes.
Un cri d’effroi se propagea parmi les badaux et Kratos ne put retenir un sourire.
- Je suis certain qu’ils te trouveront une famille qui t’offrira enfin tout ce dont tu as besoin.
- C’est de toi que j’ai besoin !
Pour la deuxième fois, ils avaient légèrement relâché leur étreinte pour se parler en face.
- J’aimerais te demander une dernière chose, dit le mercenaire d’une voix posée.
- Hein ?
- Souris.
- Je… je ne saurais pas !
Son père eut une mimique amusée et, à la plus grande surpris de son fils, son visage s’approcha du sien pour venir embrasser sa joue, juste à la limite de son cou. Quand son père se retira, Lloyd resta interloqué. L’endroit où l’Ange avait posé ses lèvres était encore brûlant de tendresse. Kratos mis son front contre le sien et ferma les yeux.
- Je t’aime, papa, murmura le jeune immortel.
- Je t’aime, mon fils, répondit son aîné dans un souffle, ouvrant à demi les paupières. Tu es ce que j’ai de plus précieux au monde.
- Séparez-les, qu’on en finisse ! Beugla un homme.
Malheureusement pour l’importun, l’invocatrice que se tenait près de lui n’était pas vraiment du même avis.
- Efreet !
L’explosion qui suivit l’accès de colère de Sheena, quoique petite, fit fuir une grande partie de la foule. L’homme, quant à lui, noir de suie, était étendu sur le sol, trop effrayé par l’esprit originel planant au-dessus de lui pour se lever.
Lloyd avait vu toute la scène et quand il se tourna vers son père, un grand sourire fendait son visage. Mais sa joie s’effaça bien vite lorsque le mercenaire se redressa, brisant en même temps leur étreinte. Des gardes se postèrent de part et d’autre de lui et l’invitèrent à quitter la bâtisse. Le jeune garçon s’accrocha à son pourpoint.
- Papa, promets-moi que tu résisteras ! Promets-moi que ce n’est pas un adieu ! Supplia-t-il avec détermination.

- Lloyd…
- Promets-le moi !
L’Ange ne lui répondit que par un regard lourd de sens et se laissa entraîner. Yuan, Zélos et Sheena rejoignirent rapidement Lloyd, il allait avoir besoin de leur soutient.

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3 novembre 2008

Chapitre 04: Avertissements - par Alienor

Génis raccompagnait Lloyd, le soutenant du mieux qu’il pouvait grâce à son exphère qu’il avait reçu de Marble, une ancienne détenue de la ferme humaine abandonnée d’Isélia, qui était malheureusement morte, tuée par Lloyd et Génis sous la contrainte de Forcytcus, ancien chef de la ferme humaine proche d’Isélia et un des cardinaux désians qui n’étaient désormais plus. Sans elle, il ne pourrait pas escorter Lloyd, tombé soudainement tombé malade juste après le tremblement de terre qui avait secoué le village, et peut-être même les autres contrées.
« C’est pas ma faute ! gémit Lloyd, qui s’appuyait sur le jeune garçon, c’est seulement toi qui n’as pas assez de muscle !
-Mais je ne te permets pas… » commença Génis.
Que c’était bon de se retrouver et de se quereller à nouveau, après une séparation de quelques longs mois ! Jamais l’un sans l’autre ! Pensa le jeune demi-elfe, content malgré la situation qui avait affolé beaucoup d’habitants du village, et qu’on avait rassuré tant bien que mal.
« Faisons une pause, demanda Lloyd, je me sens lourd, je ne sais pas pourquoi… Alors qu’il y a quelques minutes seulement j’étais en pleine forme et prêt à courir dans tous les sens si je le voulais !
-Courage, on est presque arrivés ! »
Mais ils s’arrêtèrent quand même. En temps normal, ils auraient pu se retrouver en cinq minutes chez Dirk, mais à cause de l’état de Lloyd, ils étaient considérablement ralentis.
« Si Noïshe pouvait être là, lança le jeune homme, on n’aurait eu aucun problème ! Si j’avais su je l’aurais emmené avec moi !
-Tu sais très bien qu’il a peur de tout Lloyd ! lui dit le demi-elfe, S’il y avait eu un nouveau séisme, il aurait déserté les lieux en nous laissant là ! »
A ce moment là, un aboiement fusa.
« Qu’est-ce que c’est ? » s’exclama Génis, surpris.
Soudain, Noïshe bondit de derrière un buisson et alla vers son maître, qui était assis par terre.
« Noïshe ! » fit celui-ci, étonné.
Il regarda son ami avec un air de stupéfaction et de contentement à la fois.
« Mes vœux ont l’air de se réaliser on dirait ! »
Puis il pensa au ruban que lui avait offert Colette et qui était enroulé autour de son poignet. Finalement, la jeune fille avait raison, il portait réellement chance !
En pensée, il remercia son amie qui avait eu raison de lui donner son cadeau plus tôt que prévu et caressa le museau de son animal de compagnie qui, il l’avait désormais reconnu, n’était pas réellement un « chien » même s’il y ressemblait quelque peu.
« On monte ?, proposa t-il, se relevant tout en s’appuyant sur Noïshe.
- Attends… » fit Génis.
Il venait de sentir un mana familier dans l’air, qui semblait venir de tous les côtés, principalement de Lloyd et… de lui.
« Génis…Lloyd… » retentit une voix.
« Qu’est-ce que c’est ? demanda le jeune homme, surpris.
-Cette voix… souffla le jeune garçon.
« Génis… Lloyd… C’est moi… » répéta la voix.
-Ce ne serait pas… commença Lloyd.
-Mithos… finit Génis, aussi ému d’entendre de nouveau la voix de son ancien ami qu’étonné.
« Oui, c’est moi. » répondit Mithos.
-Que fais-tu là ? » demanda le jeune homme, en premier.
« Je ne suis pas réellement présent, en vérité. En fait, j’attendais que vous soyez ensemble pour que je puisse vous parler. »
-Pourquoi « qu’on soit ensemble » ?
« Vos exphères, en même temps que l’âme de leurs anciens porteurs, contiennent une partie de mon esprit. Il faut que ces deux exphères soient réunies pour que je puisse apparaître. »
Les deux amis ne dirent rien, et Mithos, où du moins son esprit, continua son discours :
« Je n’ai que quelques minutes pour vous parler, je dois faire vite ! »
-Qu’y a-t-il ?
« Le mana s’est réuni dans le ciel pour laisser passer une force étrangère à ce monde ! »
-Mais alors… fit Génis, effrayé, je l’ai bel et bien senti ! Donc… le tremblement de terre, ça avait un rapport avec cela !
« C’est exact, et la maladie de Lloyd et de Colette aussi. »
-Quoi ? s’exclama Lloyd, C’est à cause de ça que je me sens mal ?
« Oui, cette force étrangère que tu as sentie, Génis… était liée avec les gardiens de l’arbre géant ! »
-L’arbre géant a-t-il quelque chose à voir avec ça ? demanda le demi-elfe, inquiet à l’idée que la source du mana dans le monde ne périsse à nouveau.
« Je devine ce que tu penses Génis, reprit le héros de la guerre de Kharlan, Non, ne t’inquiètes pas, l’arbre géant est en bonne santé. Il n’a aucun rapport avec tout cela. C’est autre chose qui perturbe le mana… »
-Dis nous-en plus ! le pressa Lloyd.
« Je n’en sais pas plus pour le moment… Il va falloir que vous découvriez ce qui se trame vous-même… »
-Tu ne sais vraiment rien d’autre ? lui demanda Génis.
« Non, répondit leur interlocuteur, je m’en vois désolé… Au revoir… Mes amis... »
Aussitôt, le mana intense que ressentait Génis s’évapora.
« Il est parti ? interrogea Lloyd.
-Oui… fit simplement son ami.
-« Mes amis »… Il n’y a déjà pas si longtemps il était notre ennemi et voilà qu’il nous vient en aide en nous rapportant des informations qu’on aurait jamais pu recueillir sans lui !
-C’était un compagnon qu’on aurait aimé avoir dans son groupe, Lloyd… Un véritable ami… »
Lloyd devinait les pensées du jeune garçon.
« Il ne faut pas s’apitoyer sur le passé Génis. Tu as eu la chance d’entendre la voix de Mithos une dernière fois, maintenant, il faut profiter du présent sans se soucier de l’avenir.
-Je n’aurais jamais pensé que tu dirais une chose aussi intelligente Lloyd !
-Comment ça « tu n’aurais jamais pensé » ? » fit celui-ci, faussement en colère.
Ils rirent tous les deux, puis Lloyd dit :
-Il faudrait peut-être rentrer chez moi, il va bientôt faire nuit et Noïshe est en train d’attendre ! Demain nous ferons le point sur toutes ces révélations, d’accord ? proposa le jeune homme.
-Oui… » approuva Génis.

Colette se réveilla dans une chambre luxueuse et bien meublée, sur un confortable lit à baldaquin. Elle leva la tête de l’oreiller et s’assit pour regarder le décor autour d’elle, qu’elle n’avait plus eu le loisir de connaître depuis le début de la guerre. Une vraie chambre princière ! fut la première pensée qui lui vint à l’esprit. Elle se rendit compte que la douleur à sa jambe avait disparu. Par contre, elle avait sacrément mal à la tête.
Lloyd était allongé sur un lit semblable à côté du sien, et ne dormait pas. Quand il la vit se lever, il fit aussitôt de même, ce qui lui valut une grimace de douleur.
« Ca va ? demanda la jeune fille, inquiète.
-Oui, oui, t’en fais pas ! J’ai juste un peu mal partout à cause du fait que j’ai marché pendant de longues heures derrière un type qui n’a même pas daigné m’expliquer la situation et qui marchait trop vite ! Mais c’est plutôt à toi que je devrais poser la question !
-Oui, je vais bien, fit-elle avec un sourire, Où sommes-nous ? Que s’est-il passé ?
-Ben en fait, tu t’es fait piquer par un scorpion, tu te souviens ? Tu t’es évanoui et le type dont je t’ai parlé est apparu comme par magie devant moi et il m’a proposé son aide… à sa façon ! Alors il m’a dit de le suivre et il nous a conduit à une petite base cachée derrière les rochers ! Ensuite il m’a emmené ici et il m’a dit de nous reposer ! Puis il s’est éclipsé ! Peu après des types sont venus et t’ont appliqué une pommade à la jambe ! Voilà toute l’histoire !
-Ils ne t’ont rien dit sur cet endroit ? le questionna Colette.
-Non. Et puis ils étaient habillé bizarrement je te jure ! »
A ce moment là, la porte automatique s’ouvrit en faisant un léger bruit et un homme entra.
Comme l’avait dit Lloyd, il était habillé étrangement.
«Comme je vois que vous êtes réveillés, lâcha t-il directement, vous allez pouvoir rencontrer notre chef ! »
Sans en dire plus, il leur fit signe de le suivre immédiatement sans leur donner le temps de s’extirper de leurs lits. Ils enfilèrent leurs chaussures et le suivirent.
Ils arrivèrent dans un bureau tout aussi bien rangé que la chambre d’amis (car c’en est peut-être une !^^), et s’arrêtèrent sous le signe que leur fit le personnage, qui lui-même se mit en poste dans un coin de la pièce. Aussitôt, un homme se leva de son bureau et se dirigea vers les deux jeunes gens, tout en restant dans l’ombre. Ils ne l’avaient même pas aperçu jusqu’à ce moment-là !
« Eh bien, je suis ravi de vous rencontrer ! » fit-il, un étrange sourire aux lèvres, presque sarcastique. « Je vois que notre pommade a fait effet. » rajouta t-il, en regardant Colette.
Ils restèrent là, à ne rien dire, et l’homme reprit, pour lui-même :
« Je n’imaginerais pas qu’il existait des mondes semblables au nôtre, mais de là à passer de l’un à l’autre ! Et il aura fallu que ce soit eux ! »
Ne comprenant rien à ce qu’il disait, Lloyd demanda :
« Ca veut dire quoi tout ça ? Et qui êtes-vous d’abord pour vous cacher le visage comme ça ? »
Son ton avait un peu viré vers l’ironie, mais il se tut, stupéfait, quand il vit leur hôte s’avancer vers eux, dévoilant son visage au grand jour.
« Mais… qu’est-ce que ça veut dire !?! Vous ne pouvez pas être…
-Non, ne t’en fais pas, l’interrompit l’homme, en souriant, je ne suis pas celui que tu crois ! »
Colette ne disait rien, aussi éberluée que Lloyd, mais pas pour la même raison que lui. Non, cet homme n’était pas normal ! On aurait cru que c’était un fou déguisé pour Carnaval ! Il avait des cheveux longs attachés en queue de cheval… et bleus ! C’était une couleur surnaturelle, et elle n’aurait jamais pensé qu’on puisse naître avec ! Ses oreilles étaient un peu pointues, mais pas totalement rondes non plus, ce qui leur donnait un aspect bizarre. Mais ce qui était le plus étonnant chez lui, c’était ses yeux ! Un mélange vert émeraude et bleu océan, à la fois froids et déterminés, tendres et doux. C’était l’apparition la plus étonnante qu’elle n’avait jamais rencontré. Son corps étaient recouvert d’une longue cape noire qui lui arrivait jusqu’aux chevilles, avec des motifs cousus vers le bas. Elle le trouvait très étrange.
Lloyd, quant à lui, c’était tout autre chose qui le secouait chez cet homme. Outre les vêtements et la couleur des yeux et des cheveux, il ressemblait étrangement à quelqu’un qu’il connaissait ! Il reconnaissait trop ce visage pour rêver ! Cet homme avait une ressemblance frappante avec son chef ! Sauf que lui avais des cheveux bruns longs, attachés tout aussi pareillement que ceux de son double. Et le timbre de voix était le même.
L’homme sourit, et dit :
« Je ne me suis pas présenté, veuillez m’en excuser, je m’appelle Yuan et je suis le chef de cette base, bien que la régénération ait eu lieu je continue de diriger secrètement ce que j’ai appelé les renégats. Si nous vous avons amené ici, c’est pour une raison particulière ! »
Colette ne comprit pas la moitié de ce qu’il dit, les yeux écarquillés, tandis que Lloyd murmurait, comme immergé dans des souvenirs.
« Yuan… mon chef porte presque le même nom…
-C’est normal, c’est pourquoi je vais vous expliquer votre présence ici… Avez-vous senti le tremblement de terre ?
-Quel tremblement ? Il y en a eu un ici aussi ? demanda Colette, qui ne comprenait plus un traître mot de ce qu’il disait, comme s’il parlait une langue extra-terrestre.
-C’est bien ce que je pensais. » Fit leur interlocuteur, tout bas, puis il dit à voix haute cette fois :
« Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez atterri ici ? »
« Atterri ? » s’interrogea la jeune fille. Elle ne voyait pas où il voulait en venir.
« Eh bien… commença t-elle, se demandant si elle faisait le bon choix en répondant à sa question, je me suis sentie aspirée dans un grand vide blanc sans savoir ce qui m’arrivait. Je flottais, lorsque j’ai eu l’impression qu’une force m’entraînait sans me laisser le moyen de résister, et je me suis retrouvée en plein milieu du désert… »
Lloyd approuva ses paroles :
« C’est aussi ce qui m’est arrivé. »
L’homme resta silencieux un moment, puis il lança dans un soupir :
« Maintenant que les doutes ne sont plus permis, je vais vous expliquer ce qui vous est réellement arrivé. Ne m’interrompez pas surtout. »
« Il a exactement la même façon de parler que mon chef… » pensa Lloyd. S’il n’avait pas eu des cheveux bleus et des oreilles à demi pointues ainsi que des yeux d’une couleur aussi hypnotique, il aurait juré avoir affaire à la personne qu’il connaissait depuis le début de la guerre.
« Voyez-vous, commença Yuan, vous aviez dû remarquer certaines choses étranges à vos yeux… »
Les deux compagnons acquiescèrent. Comment pouvait-il savoir ?
« Je vais vous dire la vérité : en réalité, tout ce que vous aviez vu et entendu ne font pas partie de votre monde ! »
Colette écarquilla les yeux, et Lloyd pâlit.
« Vous voulez dire que…
-Oui, c’est cela. Vous avez basculé dans un autre monde. »
Colette resta bouche bée , et s’ils n’avaient pas vu autant de choses bizarres en une journée, Lloyd lui aurait ri au nez à coup sûr et traité de fou échappé de la clinique psychiatrique la plus proche. Sauf que là, ils n’avaient réellement pas affaire à un fou, à voir la mine trop sérieuse qu’il avait.
« Ce monde-ci, reprit leur hôte, ressemble au vôtre, mais il s’agit surtout des personnes. Une personne née dans votre monde ressemble à une personne née en même temps que lui dans l’autre, et ces deux personnes meurent en même temps et dans les mêmes circonstances, un peu comme un miroir… En fait, tout ceci est plus compliqué que je ne le pense, je crains de ne pas pouvoir tout vous expliquer, je vais donc passer à l’essentiel… Vous êtes donc passés dans notre monde par une porte qui relie votre Terre à Sylva’alla, c’est le nom que nous donnons désormais à ce monde-ci.
-Quelle porte ? Pourquoi a-t-il fallu qu’on passe par cette porte en question ?
-C’est une bonne question, mon cher Lloyd.
-Vous… vous connaissez mon nom ? » balbutia Lloyd.
Il ne se souvenait s’être présenté à quiconque.
« Je le sais parce que ton reflet s’appelle ainsi, expliqua Yuan, avec un sourire.
-Mon reflet ? fit le jeune homme, en ouvrant de grands yeux.
-Oui, comme tout le monde, nous avons un « double », et s’il nous arrive quoi que ce soit, il arrive la même chose à notre « jumeau », nous pouvons l’appeler comme nous voulons, de la même façon.
« Je n’y comprends rien ! jeta Lloyd, soudain frustré.
-Cela vaudrait peut-être mieux ainsi, car quand vous êtes passés par la porte d’outre-monde, vous avez rendu vos vies en danger, ainsi que votre destin.
-La porte d’outre-monde ? Nos vies et notre destin en danger ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
-Que vous avez rendu vos reflets très malades, et qu’ils risquent ainsi de mourir, et s’ils meurent, vous mourrez aussi. »
Colette pâlit, et l’adolescent se sentit soudain très mal, ébranlé par toutes ces révélations.
« Mais… si vous voulez, nous pourrions vous ramener dans votre monde, nous en avions le pouvoir.
-C’est vrai ? demanda Colette, une lueur d’espoir traversant alors ses yeux, mais Lloyd posa une main sur son épaule, signe que, malgré ce que l’homme leur avait expliqué avec grand sérieux, il ne faisait toujours pas confiance à ce type.
-Oui, mais nous devons pour l’instant vérifier quelque chose, fit soudain Yuan, avec un sourire, comme s’il leur préparait un mauvais coup.
-Quoi ? demanda Lloyd, qui avait peur de comprendre.
-Encerclez-les ! » ordonna soudain l’homme, à ses soldats.
Aussitôt les gardes s’exécutèrent et entourèrent les deux jeunes gens.
-Qu’est-ce que cela veut dire ? s’exclama le jeune homme, stupéfait.
-Je voulais juste voir votre réaction à tous les deux ! » répondit Yuan.
Il s’avança vers Lloyd, sans réelle intention de lui faire quoi que ce soit dans le regard.
Lloyd recula, effrayé, et percuta Colette, qui flancha sur ses jambes. L’homme s’avança encore, et quand il fut arrivé au niveau de Lloyd, celui-ci ne sut que faire. Yuan se pencha et le jeune homme, apeuré, balança son pied au hasard, et percuta le genou de son agresseur. Celui-ci recula et s’agenouilla, tenant son genou blessé entre les mains. Lloyd prit alors la main de Colette et l’entraîna vers la porte. Elle s’ouvrit et ils disparurent par l’ouverture.
« Seigneur Yuan ! Allez-vous bien ? demanda un de ses hommes.
-Oui, ça va, il se passe exactement la même chose qu’auparavant, il faut éviter qu’ils se rencontrent, rattrapez-les, je compte sur vous » ordonna Yuan.
Il se releva et laissa partir ses soldats, plongé dans de sombres pensées.

Raine remmenait Colette chez elle, quand celle-ci, épuisée, s’affala.
« Colette, tiens bon ! lui dit la jeune femme, incapable de lui communiquer ne serait-ce qu’un sort de premier soin.
-Je ne sais pas ce que j’ai… Je suis fatiguée… J’ai mal partout, surtout à la jambe…
-Ca doit être normal quand on est malade… Tu dois être grippée.
-Ca ne ressemble en rien à une grippe… murmura la jeune fille blonde.
-Pardon ? lui demanda Raine.
-Non rien… »
Elle se releva et, soutenue par la demie-elfe, poursuivit son chemin jusqu’à sa maison.

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